Route de la soie 2009

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samedi, octobre 3 2009

Ma route de la soie en Chine

 

       Carnet de voyage de l'été 2009



Il existe plusieurs routes de la soie, la plus connue reliait Xian, ancienne capitale impériale au cœur de la Chine, à Istanbul, et traversait les déserts et les hautes montagnes de l’Asie centrale. Ainsi s’écoulaient les précieuses porcelaines, les soieries les épices, le thé dans un sens et des pierres précieuses, mais surtout  des chevaux dans l’autre sens. C’est aussi la route que Marco Polo a prise pour se rendre  en Chine.
J’avais donc très envie de faire la partie chinoise de cette route avec un ami. Hélas l’ami a dû, au dernier moment, annuler son voyage pour des raisons de santé. C’est donc avec beaucoup de tristesse que j’ai pris la décision de partir toute seule, effrayée par la longueur du trajet et inquiète sur mes capacités à résister au climat et aux conditions difficiles que j’allais rencontrer.
Mais c’était un défi intéressant, et j’aime les défis. Les rêves, je crois qu’il faut  les réaliser maintenant, je n’ai plus trop de temps à perdre.

 

Mardi 23 juin-mercredi 24 juin    Paris-Hong Kong              

Jour 1 et 2


L’ami défaillant a eu la bonté de m’accompagner à l’aéroport et de m’inviter à déjeuner à Roissy avant le vol, ce qui m’a apaisée car j’avais quand même très peur de partir seule pendant ces deux mois. J’aime voyager avec « Emirates » car leurs avions sont confortables et le service de qualité même en classe économique. Le passage obligé par Dubaï me plaît beaucoup car l’aéroport est un lieu où se croisent les gens du monde entier : des hindous accroupis ou couchés sur la moquette aux princes du pétrole des émirats, superbes dans leurs voiles blancs, accompagnés de leurs épouses  en burkas noires mais des burkas élégantes bien coupées dans des tissus de qualité. L’avion fait ensuite escale à Bangkok, ce qui n’était pas prévu et enfin Hong Kong.
Il me faut tout de suite changer de l’argent en dollars de Hong Kong puis prendre un train pour rejoindre la ville. J’avais réservé un hôtel sur internet mais je ne savais pas à quelle station m’arrêter. Un voyageur m’indique de descendre à Kowloon et m’offre son plan. De là, je prendrai un taxi jusqu’à l’hôtel. Mais ça n’était pas le bon arrêt, Kowloon n’est pas  Hong Kong ! Et c’est l’heure de pointe, avec de gros embouteillages… Le taxi emprunte un tunnel sous la mer pour rejoindre l’île. L’hôtel est sur une colline à Robinson road, il a tout le confort dans un espace minuscule mais tout est bien pensé : par exemple, la table de chevet sert dans sa partie basse, de réfrigérateur. Je me couche tout de suite après un voyage de plus de 20 heures.

 


Jeudi 25  juin                                 Hong Kong                                 

jour 3


Malgré le prix élevé de ma petite chambre, je décide de rester une nuit de plus pour profiter de la ville, j’irai à Macao le lendemain. En sortant de l’hôtel, je marche au hasard et je trouve un escalier roulant qui descend la colline (pour remonter, il n’y a qu’un escalier ordinaire de pierre… bizarre, j’aurais fait l’inverse)




J’emprunte donc cet escalier mécanique qui descend jusqu’à l’embarcadère des ferries.




C’est une chance de tomber ainsi dessus, alors que je partais au hasard




 
après quelques balades sur les quais je monte sur un ferry pour faire le tour de la baie,




mais je me suis trompée de bateau





et me voilà partie à « Discover baie » une île pour les plus fortunés  avec de jolies plages, des maisons coquettes, des tennis 
 


 
 
et des commerces où on peut trouver tous les produits occidentaux. Je remarque qu’il y a beaucoup d’anglophones et de petites têtes blondes. Je vais déjeuner au Macdo car je ne suis pas pressée de manger chinois.



Après ma virée en bateau je prends un bus pour monter à un pic célèbre pour sa vue sur Hong Kong,

                    

 la promenade me permet de découvrir la ville, la hauteur vertigineuse des tours est étonnante, je ne pourrais pas vivre à de telles hauteurs.


La vue du pic permet de dominer toutes ces tours,

 

vendredi, octobre 2 2009

Hong Kong (suite)

 

et on découvre le site, les îles des collines verdoyantes, les bateaux,

je ne savais pas que cette ville était si belle, si verte.



Sur le pic il y a aussi un grand centre commercial ! 


 
Après une promenade dans un parc

où s'éclatent quelques photographes branchés, le retour ce fera en funiculaire.
Dans la soirée je retournerai voir la ville « by night » et à ma grande surprise je constate que l’escalier roulant a inversé le sens : cette fois on descend à pied et on remonte par l’escalier roulant… c’est bien pensé  pour les gens qui descendent des collines pour aller travailler le matin et qui doivent remonter le soir. Le long de l’escalier, les bars se succèdent avec de beautiful people (des occidentaux) qui bavardent le verre à la main pour quelques happy hours.



Il est plus agréable aussi de marcher au premier étage réservé aux piétons qu'en bas dans la rue,


parce qu'on domine la ville, en sécurité, ici, le piéton est respecté (ce qui n est pas le cas en Chine populaire)

et sans subir le bruit et la pollution des véhicules

Les illuminations sont décevantes, ça ne vaut pas Shanghaï, avec sa  promenade sur le Bund et à Nanjing Lu .


Pour le peu que j'ai vu de Hong Kong, c'est une ville propre, organisée, très agréable qui continue à embellir ....

Mais quel choc de découvrir que les caractères chinois ne sont pas simplifiés ! Je ne comprenais pas grand-chose et j’ai regretté de ne pas avoir travaillé cette année,  les caractères traditionnels….  Autre étrangeté, la circulation se fait à gauche, et ici tout le monde parle  cantonais ou anglais. Parler  mandarin serait incongru.


 


Ça, c'est la petite église qui est à côté de l'hôtel... ça paraît dérisoire, mais elle m'a  réconfortée :   présence rassurante de notre civilisation en quelque sorte.

(à suivre : Macao)
 
 

jeudi, octobre 1 2009

Macao

 

Vendredi 26 juin                                Macao

 Jour 4         

                                                                       
 
 
Le trajet en ferry pour Macao dure une heure, parsemé d’îles, il y en a des centaines….


 
Je n’ai pas vu le delta de la Rivière des Perles car, je n’étais pas assise du bon côté du bateau, les places étant imposées comme en avion.
Voici les  ponts qui conduisent aux îles de Coloane et de Taipa (images prises à travers les vitres du ferry)



A l’arrivée on repasse encore une douane, il faut remplir une fiche sanitaire et les employés portent tous des masques pour se protéger de la grippe porcine probablement. Ensuite, Macao a sa propre monnaie, la pataca. Je n’en changerai pas puisque les dollars de Hong Kong sont acceptés. Je me fais arnaquer par le chauffeur de taxi qui me laisse à un mauvais endroit en m’insultant sans raison. Alors bien sûr, je ne trouve pas le bon hôtel et je n’en trouve pas d’abordable : c’est aussi cher que Hong Kong mais en plus miteux. Je traîne mon sac et ma misère et j’ai envie de quitter cette ville tout de suite car les prix des hôtels vont doubler ou tripler pour le week-end.


Après avoir trouvé un établissement acceptable, je pars à la recherche de la célèbre façade de Saint Paul qu’on voit dans tous les magazines


Et voici ce qu'on ne voit jamais : l'envers de la façade !


je me laisse séduire par les nombreuses façades coloniales

               

et les églises baroques, j’ai plus l’impression d’être à Santo Domingo qu'en Chine.



joliment colorées comme des gateaux à la crème



et  visiter aussi quelques casinos. Ici il n’y a plus rien à voir avec Hong Kong : on ne parle plus trop l’anglais, mais le portugais

                 

les casinos étaient en perte de vitesse, mais ces deux dernières constructions (succursales de Las Vegas) ont redynamisé l'activité



ça, c'est une photo "volée" depuis un escalator car on n'a pas le droit de prendre de photo des salles de jeux, il y a des salles sur 5 étages comme celle-ci....



ça, je ne sais pas ce que c'est car je n'ai jamais réussi à traverser le carrefour...

Comme je n’ai pas dormi la nuit d’avant et qu’il fait très chaud, je suis vite fatiguée ; une pluie de mousson s’abat sur la ville, j’ai juste le temps de m’abriter sous le porche de Saint Paul mais il y a déjà une vingtaine de personnes ! Retour à l’hôtel et dîner dans une gargote sympa pour un premier repas chinois avant de retourner vers les casinos vérifier si les illuminations valent celles de Las Vegas.



(elles ne les valent pas encore mais c'est un bon début !)



Des échoppes vendent de nombreux petits gâteaux secs, j’achète de délicieux sablés à l’anis, spécialité de la ville. Curieusement je ne trouve pas de pastels de nata (spécialité de Lisbonne) alors qu’on en trouve en Chine populaire.  Je n’ai pas réussi à avoir une connexion internet. Demain, je rentre dans la vraie Chine.
(à suivre)
 

mercredi, septembre 30 2009

Canton

 

Samedi  27  juin                    Canton (Guangzhou)

Jour 5    

    

           

                                                         
 

Comme je suis juste en transit, je ne visite pas Canton que j'ai déjà un peu découvert l'année dernière. Ma seule promenade de détente sera dans un parc (payant) pas loin de l'hôtel et où j'ai pu faire ces quelques photos.


 

C’est une journée difficile qui s’annonce : aujourd’hui je dois quitter Macao et entrer en Chine populaire… mais comment faire ? Comment rejoindre Canton ? Où trouver un hôtel pas cher ? Où changer mes euros ? Comment  acheter un billet de train pour la suite du voyage ? Je dois aussi trouver un cybercafé pour envoyer des nouvelles. Ce ne sont pas des démarches compliquées chez nous mais ça le devient vite en Chine si on ne connaît pas le mode d’emploi. Cela va prendre beaucoup de temps mais ça va également me permettre de tester mes progrès en mandarin.




Ce soir, à l’heure où j’écris, j’ai résolu tous les problèmes : j’ai trouvé quel bus prendre jusqu’à la frontière, passer celle-ci, on a voulu me prendre la température à cause de la grippe porcine, mais finalement voyant que j’étais Française, j’ai été dispensée de ce contrôle. Me voilà donc à Zuhai, ville construite en face de Macao. Il y a une foule incroyable de Chinois qui passe la frontière et je suis la seule occidentale… qui a envie de visiter Zuhai ? Ça n’est pas dans les circuits touristiques ! Passé la douane, je trouve facilement un car pour Canton et arrivée à destination, je me sens submergée par le flot des voyageurs, et je me sens bien seule et bien perdue avec mes bagages, à ne pas savoir quoi faire ni où aller.

Par chance, une rabatteuse me propose des hôtels et l’un me convient, nous voilà parties en triporteur jusqu’à l’hôtel « shiyou » (pétrole) à 10 minutes à pied de la gare. La rabatteuse ne me lâche plus et veut m’accompagner dans toutes les démarches, comme je suis fatiguée, je me laisse faire, et j’ai raison car elle connaît tous les bons tuyaux pour gagner du temps y compris la manière de traverser les rues au milieu des voitures : la technique est de forcer le passage pour que les voitures s’arrêtent… mais de là à risquer sa vie, je ne me sens pas encore prête.


A la banque, l’employé voulait me donner 900 yuans pour mes 300 euros et me demande si ça me va … je lui réponds que l’an dernier on me donnait 3 000 yuans pour cette somme. Alors il tripote ses papiers, son ordinateur et m’annonce 2 700 yuans… c’est plus que je n’espérais, le yuan s’étant bien apprécié avec la crise. Je me demande encore si son erreur était involontaire ou s’il cherchait à m’escroquer.
La rabatteuse me conduit ensuite dans un hôtel de luxe acheter un billet de train pour Zhengzhou en couchette dure pour le lundi, cela me laisse une journée de repos. J’ai bien du mal à convaincre la rabatteuse de me laisser à présent, et, alors que je réfléchissais quelle somme lui donner, elle me réclame 10 yuans (1 euro), vraiment ça valait la peine d’utiliser ses services.

Je ne trouve plus la rue qui conduit à l’hôtel, je demande donc à 2 policiers de m’indiquer où se trouve la rue que je leur indique sur mon plan, comme leur réponse est évasive, je leur déchiffre le nom de la rue en question  ???« zhan qian lu » (rue Devant la Gare)   « aaah ! zhan qian lu ! » Font-ils « c’est celle-là ». Des policiers qui ne sauraient pas lire ? A l’hôtel, on m’indique où je peux trouver un cybercafé ensuite je vais faire quelques courses dans un supermarché, j’achète quelques nouilles sautées à une cuisine de rue et je rentre à l’hôtel épuisée mais heureuse d’avoir tout réussi. Curieusement, je me sens plus en sécurité ici, qu’à Hong Kong ou Macao.



 

Dimanche 28  juin                  Canton

Jour 6


Pendant la nuit,  j’ai été prise d’une dizaine de vertiges où tout le décor se mettait à tourner à toute allure pendant quelques secondes, c’était à la fois agréable comme à la foire du Trône et très angoissant aussi. Serais-je à mon tour malade, ici  toute seule en Chine ? très inquiète sur mon état de santé, je décide de me reposer et de ne pas partir en visite. Je reste donc allongée à bouquiner, les vertiges continuent. En fin de journée je fais un tour dans le quartier qui, bien que très populaire, est plaisant tant il y a de magasins, même une librairie où j’achète un livre bilingue anglais-chinois sur les sites touristiques de Chine ; j’ai repéré aussi un joli parc à explorer le lendemain. Je vais dîner d’un ????« yu xiang rou si » (lamelles de viande parfumées au poisson) dans un joli restaurant qui a le mérite d’être très propre. En rentrant, j’avais l’impression que les vertiges s’atténuaient, c’était donc bien la fatigue qui les provoquait.


Lundi 29  juin                          Canton

Jour 7


Prendre un train dans une grande ville est une épreuve redoutable pour un étranger (pour les Chinois aussi) tant la foule des voyageurs est dense et que les employés sont peu enclins à vous renseigner, que les informations écrites contiennent trop de caractères inconnus, alors, comment savoir où aller, par quelle porte, quel contrôle, quelle salle d’attente et quel quai choisir ? Lorsque j’essaie de m’informer auprès des rares employés que je croise, ils prennent un air agacé, me disent de dégager que je gêne le passage etc...


J’arrive à repérer mon train sur le tableau lumineux et je lis ??« wan dian »… retard ? Ça commence mal. Je monte l’escalator devant moi puisqu’il y a un contrôle à l’étage, et là, on m’annonce qu’il n’y a pas de train aujourd’hui, que je dois me faire rembourser mon billet et en racheter un autre. Bien sûr, cela m’a demandé beaucoup de temps pour comprendre cela et l’employée était exaspérée que j’insiste pour comprendre de ce qu’il en retournait.
Bon… retour à la case départ… : il me faut trouver où changer mon billet, puis faire la queue à 3 guichets différents et retour à l’hôtel pour un train du lendemain.


 
Une pancarte annonçait la direction de la ferme des animaux, une attraction pour les enfants....   mais à l'arrivée, les animaux étaient en bronze !

C’est une journée perdue… pas tout à fait, je me suis promenée le matin dans le parc repéré la veille. Il y avait un joli lac et il m’a fallu une heure pour en faire le tour. J’avais fait quelques provisions pour le train mais finalement je les consomme dans la chambre d’hôtel. Comme je suis toujours très fatiguée je reste dans la chambre et je travaille les sinogrammes. Les vertiges ont cessé, je me demande bien ce qui les a provoqués.



autre attraction très prisée dans les parcs chinois, la pêche aux petits poisons


(à suivre)
 

dimanche, août 30 2009

Zhengzhou

 

                             

             

Mardi 30  juin                Zhengzhou

Jour 8


Cette fois-ci, c’est bon, le train est à l’heure et je peux enfin quitter Canton et monter 2000 km plus au nord. Zhengzhou offre peu d’intérêt mais c’est un nœud ferroviaire important : c’est le croisement des lignes qui traversent le pays du nord au sud et de l’est à l’ouest. C’est donc un passage obligé.
Le trajet sera rapide : départ à 16 heures, arrivée le lendemain à 9 heures… je me souviens d’un trajet Shanghai-Chengdu qui avait duré 40 heures, la Chine est immense, c’est un continent.

Me voilà donc assise dans une salle d’attente immense à me demander comment je vais savoir à quel moment et dans quelle file je dois me placer (en Chine personne n’a accès aux quais, on doit attendre dans ces salles puis on fait la queue devant un portique : un quart d’heure avant le départ du train, un employé ouvre enfin le portique et tous les voyageurs se précipitent dans de longs couloirs et des escaliers interminables (c’est sympa quand on a des bagages lourds et encombrants) une fois sur le quai, c’est plus facile, il suffit de repérer le numéro de son wagon où un responsable au garde à vous, vous attend devant la porte. Il contrôle et confisque le billet de train en échange d’une carte qu’il reprendra en fin de parcours. C’est lui qui assurera la surveillance et la propreté (toute relative) de son wagon.
Voyant ma perplexité et  mon air accablé, une voyageuse me propose son aide, par bonheur, elle prend le même train, je suis sauvée, je n’aurai plus qu’à la suivre.

Le voyage sera agréable car notre responsable de train est efficace, très soucieux de l’ordre et de la propreté de notre wagon.



Le soir, il va jusqu’à aligner esthétiquement toutes les chaussures sous les couchettes à l’aide d’une pince à gâteau ! ( la photo est floue)
 
Alors qu’il me croise dans le couloir, le chef de wagon me répète plusieurs fois lentement, comme à une demeurée : « shi dian, Guangdong » je reste ahurie, pourquoi «à dix heures, Guangdong ? » (province de Canton) puisqu’on vient de quitter cette ville ? En fait il me disait « shi dian guan deng » ce qui signifie : « à dix heures, on éteint les lumières » … bon, pour la compréhension du chinois, c'est pas gagné …..

Puis, j’ai eu une grosse panique…. J’ai cru avoir oublié mon précieux guide « lonely planet » à l’hôtel. Sans lui, je suis perdue, c’est lui qui me donne la liberté de circuler comme je veux… mais heureusement , je le retrouve dans le sac.

 



La gare de Zhengzhou


A l’arrivée, je découvre une ville assez laide comme beaucoup de villes chinoises. Je descends au premier hôtel qui se présente, il est cher et sale, tant pis, je verrai plus tard, il fait très chaud et j’ai  juste envie de boire un thé.


         

                                                                              
 
 

Mercredi 1er juillet                   Zhengzhou

Jour 9


Zhengzhou est une fournaise et les grandes métropoles chinoises me dépriment, je regrette les jolies petites villes du Yunnan où il fait frais et où on a envie de séjourner. Comme je n’ai pas pu dormir dans le train de nuit, la journée s’annonce difficile, j’essaie d’organiser la suite de mon voyage :  j’aimerais me rendre à Dengfeng où se trouve le temple de Shaolin, berceau de ces arts martiaux qui font rêver tant de jeunes gens… ensuite prendre un train pour Luoyang et visiter les grottes bouddhiques de Longmen et, enfin rejoindre Xi’an, qui est le point de départ de la route de la soie et le début de ma grande aventure.
Après avoir acheté un billet pour Dengfeng par le bus du lendemain, je me sens libre, et l’envie d’aller voir le Fleuve Jaune à 25 km de Zhengzhou me tente beaucoup … je m’y rends par le bus n°16 à l'heure la plus chaude… ce qui est stupide car le bus n’est pas climatisé.
A l’arrivée, je ne vois pas de fleuve, mais un guichet qui propose l’entrée à 300 yuans (30 euros) parce que c’est un parc avec quelques attractions. C’est inimaginable pour des occidentaux d’avoir à payer pour aller voir un lac, une montagne, un fleuve… mais en Chine, c’est comme ça, et en plus c’est très cher. Parfois il y a des réductions pour les seniors, parfois on me l’accorde mais souvent on me la refuse parce que je ne suis pas Chinoise. Cette fois j’ai droit au demi-tarif.
Munie de mon billet, je peux pénétrer sur le site, mais il n’y a toujours pas de Fleuve… il faut marcher 2 km sur un chemin  brûlant sans ombre avant d’aboutir aux rives du fleuve.

Deux empereurs taillés dans la falaise dominent le site, c’est assez kitsch, c’est même laid.



La largeur du fleuve est immense un pont ferroviaire l’enjambe sur la droite, et sur la gauche, il est traversé de pylônes électriques.
Les bateaux amarrés le long de la rive, servent de bars restaurants, je m’effondre sur l’un d’eux trop heureuse de trouver de l’ombre et la brise du fleuve.



Un jeune Chinois vient me tenir compagnie et nous bavardons 3 mots en chinois et 3 mots en anglais qu’il ne maîtrise pas très bien.
 

Il me propose de visiter ensemble quelques endroits intéressants du parc et j’en oublie de faire des photos du Fleuve !



Il m’emmène vers un étang de lotus

puis vers un enclos où 200 à 300 paons sont enfermés… Leur nombre est impressionant.

Sur la falaise, il y a des pagodes mais je ne grimperai pas là-haut.


De retour dans la ville, je cherche la place du 7 février où s’élève une pagode moderne. Il est 17 heures, la foule est dense et il fait un peu moins chaud.



La promenade est presque agréable, il y a de jolies boutiques.

                 

La pagode est décevante.
Je retourne à l’hôtel après avoir cherché un cybercafé.
J’ai besoin de me reposer, ce soir j’ai un peu le cafard, la solitude me pèse.
Trop de démarches difficiles pour, à l’arrivée, être déçue par ce que j’espérais trouver.


(à suivre : le temple de Shaolin et le kung fu)
 
 
 

samedi, août 29 2009

Shaolin et le kung fu

 

Jeudi 2 juillet             Le temple de Shaolin 

 Jour 10 


 
La journée commence mal : en arrivant à la gare routière pour prendre le car pour Dengfeng, je m’aperçois que le billet indique un départ à 6 heures au lieu des 9 heures que j’avais demandé. … catastrophe, j’ai dû mal placer l’accent tonique et le car est parti sans moi.
Grâce à la gentillesse de deux employées qui, non sans mal, ont réussi à changer mon billet j’ai pu partir par le bus de 8 heures 30.
Une jeune étudiante vient me parler dans le bus et elle m’accompagnera pour trouver un hôtel pas cher à Dengfeng puis pour prendre un minibus pour le temple de Shaolin.
L’hôtel est misérable, je m’en aperçois le soir seulement : le lavabo a bien 200 ans, il n’y a pas de fenêtre ni eau chaude mais ça ne me coûte que 8 euros.
L’entrée du temple est  assez chère, notoriété oblige . ..

Le site est merveilleusement bien aménagé et très bien entretenu comme le savent si bien faire les Chinois pour leurs sites touristiques.
Cette fois-ci je pense à ouvrir mon parapluie pour me protéger du soleil.



Le temple a été fondé au 5ème siècle. Pour se détendre entre les longues séances de méditations les moines imitaient les animaux et ces séances se transformèrent peu à peu en techniques de combat. Les moines purent ainsi défendre leur monastère contre les attaques des pillards et les nombreux soulèvements qui jalonnent l’histoire de la Chine.


 Le site comprend le temple des 500 Bouddha, en voilà quelques uns...
 

une forêt de pagodes où sont enterrés des moines qui ont marqué Shaolin, cela ne manque pas de grandeur au milieu de la végétation.



Le temple lui-même comporte une succession de batiments qui s’étagent en hauteur très (trop) restaurés,



ça ressemble à tous ces beaux temples que j’ai déjà vu dans le pays,


mais, pas de moines, je suis déçue, j’espérais en voir en plein exercice de kung fu.
 
 
J’apprends, après m’être renseignée qu’il y a un lieu de démonstration et là, ce fut la fête,  une démonstration qui dure 30 minutes, c’est impressionnant.    
c’est si beau que je reste une seconde séance.                                                
                                                                                             

Il y a un moinillon qui se désarticule comme un yogi,
 

Les moines imitent les déplacements de certains animaux
puis démontrent leur force et leur résistance :


 
l’un brise une barre de fer en la frappant sur son crâne,


un autre reçoit des coups de bâtons qui se brisent également sur son dos, un autre perce un ballon à travers une vitre à l’aide d’une aiguille : le ballon éclate et on peut observer ensuite le trou laissé dans la vitre. Et puis, un dernier a la pointe de deux lances placées sur sa gorge, par sa seule force, il parvient à courber le bois des lances. Nous avons ensuite droit à des performances d’armes, de cordes, de chaînes, de bâtons…

c’est mieux que les films de Kung Fu de  Hong Kong.
 
Devinez ce que j'ai trouvé dans un coin du temple de Shaolin ?



La photo de Jacques Chirac !!!!!!!!!!!!!!!
 
Il est 16 heures, je décide de rentrer et, le long du chemin qui mène au minibus,

 je vois arriver des centaines,  des milliers d’élèves des écoles de Kung Fu  se diriger vers des terrains d’exercices.



Ils défilent comme de petits soldats dans des survêtements rouges et noirs. Il y a même une classe de tout petits…. 



C’est très impressionnant, c’est ma meilleure journée.
Au retour à Dengfeng je me promène dans le quartier de l’hôtel peu pressée de retrouver la chambre d’hôtel.



Les gens me dévisagent,  c’est vrai que je n’ai pas vu un seul occidental depuis mon arrivée en Chine populaire.



Dans toutes les petites échoppes on vend du matériel pour les arts martiaux : bâtons, lances, costumes, sabres…
il y a aussi beaucoup d’écoles de Kung Fu dans la ville.
Celles qui cherchent de beaux jeunes Chinois devraient venir à Dengfeng faire leur choix…. !
                                                                                                                                                                                          (à suivre : Luoyang)
 
 
 
 
 

vendredi, août 28 2009

Luoyang

                                 

                                   

 

Vendredi 3 juillet                      Luoyang

 Jour 11


Nuit terrible dans mon bouge, ça sentait mauvais, je n’ai pas pu dormir. Il n’y a même pas de quoi se faire du thé ce qui est inimaginable en Chine : dans chaque chambre d’hôtel il y a toujours une bouilloire, des tasses et des sachets de thé…. On y trouve bien plus d’éléments de confort que dans nos hôtels. 

Je descends déjeuner de baozi (petits pain à la vapeur) et de crêpes à l’œuf à la petite gargote à côté de l’hôtel, puis boucle mes bagages, et pars à la recherche d’un car pour Luoyang où j’ai l’intention de visiter les grottes bouddhiques de Longmen.

Un taxi me dépose à l’arrêt du car au moment même où celui-ci arrive, j’ai de la chance. On met 3 heures pour atteindre Luoyang dans ce car sans confort où je n’ai même pas la place pour caler les jambes.
 


grâce aux arbres, les avenues de Luoyang sont ombragées, c'est donc moins étouffant que Zhengzhou.
 
A Luoyang, le chauffeur de taxi insiste pour m’emmener à un hôtel différent de celui que je lui indique, fatiguée, je me laisse faire et divine surprise, l’hôtel est neuf, propre très confortable et tout fonctionne : c’est le Longbai binguan (hôtel du dragon blanc) qui n’est pas dans le guide. Je peux enfin me faire un bon thé puis je m’effondre sur un lit douillet pour quelques heures.


Il me faut acheter un billet de train pour Xi’an, c’est ma dernière étape avant le début de la route de la soie, je suis très impatiente de la commencer avec cependant une petite anxiété sur mes capacités à réaliser ce projet jusqu’au bout.
 

                                                                                       
Les Chinois adorent se faire prédire l'avenir
(avant de photographier les gens de près comme ici, je demande toujours l'autorisation, on ne me la refuse jamais)
 
Munie de mon billet de train je pars à la recherche d’un cybercafé lorsqu’un Chinois d’une quarantaine d’années m’aborde d’un « hello » retentissant. Cela arrive 20 fois par jour et cela m’agace prodigieusement d’être toujours prise pour une anglophone, mais ils ont tant de plaisir à m’envoyer leurs « hello » que je réponds chaque fois par un sourire ou par quelques mots quand je suis en forme. Celui-ci me demande où je vais et me propose ensuite de le suivre puisqu’il sait où je peux trouver ce que je cherche.
Au bout de quelques pas, il me sort un « I want to fuck you » je reste suffoquée par l’élégance de la proposition… si j’additionne mes 3 séjours en Chine, ça me fait 5 mois de présence dans le pays et jamais on ne m’avait parlé de sexe, les gens sont très pudiques… comme je décline son invitation, il rajoute « I am very good » j’ai beau lui dire que je ne suis pas intéressée, il insiste et, en fait de cybercafé , il m’emmène devant la porte d’un hôtel… cela ne m’amuse plus du tout et je suis obligée de lui dire « likai wo » (va-t-en). Il part aussitôt. Voulait-il se vendre ? ou bien la frustration est telle qu’il n’hésite pas à aborder les vieilles occidentales aux mœurs beaucoup plus légères ? J’en suis encore stupéfaite et je vais me remettre de mes émotions au KFC de la gare… et le cybercafé je le trouverai toute seule.

Il est 17 heures. C’est la meilleure heure pour prendre des photos car, la chaleur diminuant, les gens sortent et envahissent les trottoirs pour jouer, bavarder et les petits gambadent  demi-nu.



devoirs dans la rue

Luoyang est finalement agréable même si au départ j’étais surprise de trouver une ville moderne au lieu d’une vieille capitale impériale. Il y a beaucoup d’arbres et bien moins de monde qu’à Zhengzhou. J’aperçois tout à coup des kms de tuyaux d’arrosage noirs enroulés près d’une bouche d’égout et un homme qui essaie de l’enfiler dans le trou.



Je ne sais pas ce qu’il essaie de faire. Je continue le long de l’avenue et, 300 mètres plus loin je vois un groupe d’hommes courir en tirant le même tuyau noir émergeant d’une autre bouche d’égout… c’est si drôle que je prends quelques photos avant de retourner à la première bouche d’égout photographier l’initiateur.



En chemin, je me renseigne sur les prix : un scooter électrique coûte 260 euros, un vélo, 40,  vraiment pas cher… plus loin un magasin de perruques, de vrais cheveux valent le prix du vélo et de faux cheveux seulement 15 euros. On me propose d’en essayer, cela me tente mais je suis trop fatiguée, je vais retourner dans ma chambre accueillante pour une soirée cosy entre mes bouquins, la télé et tout le confort. Demain j’irai visiter les grottes de Longmen commandées par l’impératrice (la seule) Wuzetian.    

(à suivre : les grottes de Longmen)
 
 

jeudi, août 27 2009

Grottes de Longmen

           

                                       

 

                                  

Samedi 4 juillet           Les grottes de Longmen

Jour 12
                            


 

Maintenant, je sais enfin traverser un carrefour à la chinoise ce qui, avec prendre un train sont les 2 expériences les plus difficiles pour un occidental.

Rares sont les passages pour piétons et, s’ils existent, c’est encore plus rare que leur soit associé un feu… quand bien même tout cela est présent, les automobilistes s’en moquent éperdument. Les voitures ne cédant jamais aux piétons, il faut s’élancer  et slalomer entre le flot de voitures, de camions, de bus, de scooters, de triporteurs, pousse-pousses et vélos à la grâce de Dieu. Je me place à côté de jeunes Chinois (mais du côté où ils seront écrasés en premier : si les voitures arrivent à gauche, je me place à leur droite, et je change au milieu de la route pour les voitures qui arrivent en sens inverse) et je suis leurs mouvements…. Pas très glorieux mais efficace.

 Aujourd'hui, j’ai donc pris le bus pour Longmen, il a fallu une heure pour sortir de la ville.

automobilistes s’en moquent éperdument. Les voitures ne cédant jamais aux piétons, il faut s’élancer et slalomer entre le flot de voitures, de camions, de bus, de scooters, de triporteurs, pousse-pousse et vélos à la grâce de Dieu. Je me place à côté de jeunes Chinois (mais du côté où ils seront écrasés en premier : si les voitures arrivent à gauche, je me place à leur droite, et je change au milieu de la route pour les voitures qui arrivent en sens inverse) et je suis leurs mouvements…. Pas très glorieux mais efficace.

Aujourd’hui
 
Le site est magnifique qui s'étend sur un kilomètre. Les grottes, construites dès le 4ème siècle lorsque les Wei déplacèrent la capitale à Luoyang, m’ont un peu déçue par rapport à celles de Datong (Shanxi) ou de Dazu (Sichuan) plus tardives et qui sont plus colorées avec une iconographie plus riche.
 

 
A Longmen, il n’y a que des Bouddha sculptés dans la montagne dans des milliers de niches. Il y en aurait cent mille.

                          
 
Voilà à peu près comment se compose une grotte : un Bouddha entouré de Boddhisattva peints ou sculptés, au plafond  des arhats volent et une grande fleur de lotus couronne l'ensemble


                            

L'influence de l'Inde est encore très forte dans ces arabesques : l'art chinois est beaucoup plus raide.
 

 
Voilà le Bouddha de 17 mètres dont on dit qu'il serait le portrait de l'impératrice Wuzetian qui l'aurait financé.
 
 

 Ceux-là, vous les reconnaissez, on les retrouve dans tous les documents sur Longmen, ils se situent à la droite du Bouddha-Wuzetian


 
Intérieur d'une grotte : chaque petite encoche sur le mur de gauche représente un Bouddha minuscule, il y en a dix mille (comme il se doit).
 
Il y a eu pas mal de vandalisme qui ont détruit beaucoup de têtes. Les grottes s’étendent sur les deux côtés de la rivière Yi qu’on rejoint grâce à deux ponts. La chaleur déjà intense est amplifiée par ce site si minéral.


 
Après un léger pique-nique, je me suis allongée à l'ombre sur un rocher comme de nombreux visiteurs, mais, en me relevant j’ai été prise de vertiges et je me suis mise à tituber comme si j’étais ivre morte. Comme les gens me regardaient j’ai cru utile de préciser que je n’avais pas bu d’alcool, en fait ils étaient inquiets pour moi et m’ont priée de me tenir tranquille à l’ombre. Tout cela continue de m’inquiéter…peut-être n’est ce qu’un effet de la chaleur.


 

Beaucoup de gens renoncent à visiter le côté est sur l’autre rive. J’étais donc tranquille et solitaire, un Bouddha semblait presqu’en lévitation, il aurait été le plus beau à mon goût s’il n’avait pas eu cette tête renfrognée !
 
J’ai longtemps hésité à visiter le temple Xiang Shan (colline parfumée) à cause de tous les escaliers à grimper sous la chaleur, mais… je ne reviendrai plus ici, alors, malgré mon malaise récent je me suis décidée…

Le temple est sans grand intérêt, en pleine restauration mais on a une belle vue sur Luoyang au loin et le chemin continue


 

à travers Bai Yuan (jardin blanc) où cascades, étangs et bois s’étagent à travers la fraîcheur d’un chemin ombragé. Rien que pour cela, ça valait la peine de monter.
Prudente, je suis allée me reposer dans un restaurant climatisé avant de reprendre le bus de retour. J’ai pris l’habitude de rentrer tôt, de prendre une douche et passer la soirée au frais grâce à la climatisation. Je fais ensuite un peu de chinois ou j’écoute la TV pour travailler la compréhension, j’écris bien sûr.
Je ne bois plus de café depuis mon départ, je n’ai même pas ouvert mes provisions de café soluble, cela ne me manque pas.
Demain, je prends le train pour Xi’an à 9h30, j’ai bien vérifié l’heure cette fois.
 
 
 

mercredi, août 26 2009

La gare de Xi'an

 

                              

 

Dimanche 5 juillet                La gare de Xi’an

 Jour 13

Me voilà enfin à Xi’an, point de départ de la route de la soie, c’est une ville que je connais bien puisque c’est ma 4ème visite.  J'étais en stage linguistique à l’université Jiaotong en 2007 et 2008. Je n'irai  donc pas visiter les sites exceptionnels de Xian car je les ai déjà vus plusieurs fois...
Je vais plutôt montrer l'univers de la gare.
Le voyage « assis dur » était long : 5 h 30, mais voyager de jour m’a permis de bien identifier le plateau de lœss comme le professeur de géographie de l’Inalco (langues’ O) nous l’avait montré en diapo. Et les monts Qinling que j’avais tant de mal à situer sur une carte, nous les avons longés un bon moment. Je révise mon cours sur le terrain !
Dans le train, j'ai bavardé avec une jeune fille charmante, moitié en anglais, moitié en chinois,  et nous avons échangé nos e-mail. Comme elle est du Henan elle m’a fait goûter le jus de pomme de sa province absolument divin, pas trop sucré et très parfumé. Il faut que j’en retrouve dans les commerces, c'est si rare de trouver un produit naturel qui correspond à nos normes.


 
La gare de Xian se trouve  juste derrière les enceintes de la ville. Il y a toujours une foule considérable,  beaucoup de voyageurs campent sur place sous l'oeil indifférent de la police. C'est un de ces lieux où on se sent submergé par la surpopulation... C'est quelque chose d'assez inquiétant .
 
Je suis retournée à l’hôtel Ludao (hôtel de l'île verte) près de la gare parce qu'on y sert des petits déjeuners occidentaux. Comme il n’y avait plus de chambre j’ai pris le dortoir en espérant mieux pour le lendemain. Je pars aussitôt à la recherche d’une « banque de  Chine » pour changer mes chèques de voyage et acheter un billet de train. Mes démarches sont infructueuses, la première banque est fermée pour rénovation et la seconde venait juste de fermer, je réalise qu’on est dimanche, c’est d’ailleurs étonnant que les banques soient ouvertes ce jour-là. Pas plus de succès avec internet : les ordinateurs étaient si lents que je n’ai même pas réussi à ouvrir Hotmail. Après ces contrariétés, je renonce à affronter la foule de la gare pour acheter le billet de train.
Le soir, j’ai une envie soudaine de glace et surtout je ne suis pas pressée de rejoindre le dortoir… je me méfie des glaces locales, j’aimerais des « Nestlé » mais c’est très difficile d’en trouver. Il y a probablement un Macdo ou un KFC près de la gare, on peut espérer que les normes d’hygiène y soient respectées. Je trouve les deux enseignes près de la gare et je peux enfin me régaler. Cela me donne le courage nécessaire pour rejoindre le dortoir.
Demain j’irai à l’université acheter un stock de feutres parce qu’ils sont bien meilleurs que les nôtres, parfaits pour tracer les sinogrammes.
 
 

Lundi 6 juillet                La gare de Xi’an

 Jour 14
                            

 
Au dortoir, j'ai rencontré un Thaïlandais qui ne parlait pas l'anglais mais qui connaissait un peu de chinois, nous avons donc échangé dans cette langue, c'était une grande expérience et nous avons réussi à nous comprendre !
Plus tard, c'est avec un Israélien que j'ai pu encore bavarder, il venait de se faire voler l'appareil photo après 4 mois de  Chine, il était très malheureux de la perte de toutes ses photos, je le comprends... C'est surprenant, on m'a dit souvent que les voleurs ne s'attaquaient pas aux étrangers car s'ils se font prendre par la police, la peine est d'une très grande sévérité, ils risquent même leur vie.
J'ai feuilleté son "Lonely Planet" rédigé en hébreu, j'ai dû le parcourir à l'envers ce qui n'est vraiment pas pratique.
 

 
La matinée s'est passée à changer mes chèques de voyage, j'ai un gros tas de billets et comme la pochette de sécurité où je les range est à moitié dans mon pantalon, cela me fait un joli ventre dodu. Ensuite, achat du billet de train pour Lanzhou. J'ai l'impression d'être venue en Chine juste pour passer mon temps à chercher des hôtels et des billets de train. 
 

 
La gare de Xian est la plus impressionnante que je connaisse, la foule y est compacte avec un vrai campement sur le parvis.


 
Ce matin vers 7 h 30, beaucoup de gens seuls ou regroupés par famille dormaient encore. Un bébé, d'un an ou deux, les fesses à l'air dormait à plat ventre sur le sol, le zizi écrasé sur le sol dégoûtant où tout le monde crache. Je n'ai pas osé faire la photo, mais j'ai pris d'autres groupes.


 
J'ai fait la queue très longtemps mais j'ai mon billet pour Lanzhou le 8. Je me suis mal fait comprendre puisque on m'a vendu une couchette pour un voyage de jour, le luxe ! mais il n'y en avait pas pour la nuit.



Queues devant les guichets...  acheter un billet demande beaucoup de patience et il fait une chaleur étouffante parce qu'il n'y a pas de clim
 
On dit qu'un touriste est un fou qui visite les sites aux heures les plus chaudes, c'est vrai mais comment faire autrement ? Il faut souvent beaucoup de temps pour se rendre sur un site, et trouver le moyen de s'y rendre est à chaque fois une énigme à résoudre, ça prend du temps. Mais aujourd'hui, je ne ferai aucune visite, je connais  déjà tout pour l'avoir vu plusieurs fois, je reste au frais dans la chambre jusqu'à 16 heures où le soleil devient (légèrement) moins ardent. Je prends un bus pour l'université Jiaotong acheter mes feutres, les gens me renseignent avec beaucoup de gentillesse. Tout de même, quel snobisme que d'aller jusqu'en Chine acheter ses feutres !
Petite balade dans le quartier musulman en pleine rénovation. Les rues autour de la mosquée sont toutes en travaux. Les vieilles façade de bois vont être magnifiques (trop sûrement). Pas loin de l'hôtel, j'ai découvert "le Parc de la Révolution". Comme j'adore les jardins chinois, j'y suis allée faire quelques photos. Il y a des statues de bronze des héros de la révolution. Lorsque j'ai demandé aux gens de me lire leurs noms, ils ne m'évoquaient rien. J'ai retenu le nom de Xie Zichang. J'essayerai de trouver ce qu'il a fait....
J’arrive à présent à obtenir des marchands qu’ils me fassent ce que je crois être le juste prix… payer par exemple une bouteille d’eau 1 yuan au lieu des 3 qu’ils demandent généralement aux étrangers. Parler un peu le chinois aide : je fais l’appoint et si le marchand proteste je lui fais remarquer que je paie toujours ce prix avec un sourire complice et en général ça marche,  mais c’est épuisant.
Ce soir je suis très contente car j'ai une vraie chambre très confortable, je commence à m'attacher Xi'an, revoir Jiaotong Daxue m'a émue, c'est un peu ma ville d'adoption, j'y reviendrai sûrement encore.
 
 

Mardi 7 juillet                       Xi’an

 Jour 15
                           

 
J'ai dû  renoncer aujourd'hui à tous mes projets parce que les vertiges sont revenus. Je me sentais très faible et cela a duré toute la journée. Je suis restée au repos et au frais jusqu'à 17 heures car il me fallait sortir faire quelques provisions de bouche pour le voyage du lendemain.
La cuisine de l'hôtel est bonne, adaptée aux goût des étrangers au palais plus exigeant ! En Chine la cuisine populaire est trop salée, trop sucrée, trop pimentée et  baigne toujours dans l'huile de friture.
Malgré mes inquiétudes concernant mon état de santé, j'ai quand même eu une très jolie surprise : j'étais sortie à la recherche d'un grand supermarché que je n'ai d'ailleurs pas trouvé et mes pas m'ont conduite dans une rue où se regroupent tous les grands hôtels (Sofitel, Mercure...) 
 

 
c'est là que je tombe sur le célèbre "Hôtel du Peuple" de la période coloniale, imposant et luxueux, de style art déco et que je cherchais depuis longtemps.



 Mais mon véritable émerveillement m'attendait au jardin de la Révolution : il y a une jolie petite pagode rouge et jaune qui m'attirait,
 

 
et, tout à coup, j'aperçois, comme dans les romans de Lao She du siècle dernier, un homme promenant son oiseau en cage. 
 

 
Je l'ai suivi, il est allé s'asseoir sur les marches de la pagode, posant délicatement la cage devant lui... j'en tremblais d'émotion. La Chine est en pleine mutation, les traditions se perdent... mais au coin d'une rue, tout à coup, le passé peut rejaillir, c'est ce qui est si fascinant dans ce pays et c'est ce qu'on vient y chercher...  L'année dernière, Phong, une de mes amies Vietnamienne a vu  dans le Yunnan, une vieille femme aux pieds encore bandés, il y en a encore quelques unes... il paraîtrait même que certaines familles continueraient à bander les pieds de leurs petites filles... mais je ne sais pas si c'est vrai... mais ici, rien n'est impossible.
 
Je dois faire mes bagages ce soir car le train part tôt demain matin vers 7 H  45.
Et demain commence véritablement la route de la soie, je suis très excitée et j'ai du mal à croire que cela soit possible...
 
 
 

mardi, août 25 2009

Le grand départ : Lanzhou


 

Mercredi 8 juillet                    Lanzhou                                                 

Jour 16
 
 

 

  

Dans les faubourgs de Xian, un monument assez laid symbolise le départ de la route de la soie, mais comme je n'ai ni  voiture ni  chameau... 
Je me suis simplement rendue à la gare à pied pour prendre le train.
 
 

 
J’ai donc quitté Xi’an de bonne heure, le train avait du retard. Prendre une couchette de jour, signifie qu’on hérite du couchage du voyageur de la nuit. Son oreiller et sa couette étaient en vrac sur la couchette. Pas très agréable qu’on ne vous change pas le linge. Cela dit c’est confortable, c’est comme une chambre d’hôtel roulante. On regarde le paysage, on dort, on se promène, ce n’est pas du tout fatigant comme leurs sièges durs. Je renouvellerai sûrement l’expérience car si voyager de nuit permet d’économiser une nuit d’hôtel, cela  vous prive aussi du paysage et celui d’aujourd’hui était  intéressant.



On entre très vite dans une région montagneuse. Lanzhou est à 1500 mètres d’altitude, alors il n’y fait pas trop chaud. Ces montagnes s'étagent en terrasse avec de pauvres cultures. Elles ont l’air d’être taillées au couteau. Pas un arbre, tout est érodé, complètement pelé. Les rivières sont souvent à sec et lorsqu’il y a de l’eau elle est de couleur crème tant elle est chargée d’alluvion. J’ai vu un joli pont de corde que  je n’aurais pas le courage d’emprunter….



 Quelques villages construits en briques, des maisons traditionnelles de couleur rose font un joli contraste dans la bande de verdure où circule le train .



On peut voir sur cette image et celle qui suit, en champ et contrechamp, que nous roulons sur une bande de terre très étroite 
                                                                                                    
Les parcelles de terre sont minuscules, elles sont cultivées à la main sans mécanisation. Les paysans sont accroupis sur le sol, cela fait des tableaux charmants que je ne peux pas photographier à travers les vitres sales d’un train en marche. Il y a pas mal de vignes, de maïs ce qui me surprend pour un pays qui manque d’eau, beaucoup de choux et des roses trémières, c'est pauvre.
 Lanzhou est paraît-il une des villes les plus polluées du monde.
 
 

 La gare est accolée à la montagne, sur le parvis une reproduction géante du cheval de Wuwei domine la place. Ce cheval qui galope sur une hirondelle, se trouve au musée de la ville, il est devenu le symbole de tout le nord-ouest. Les Chinois avaient un grand besoin de chevaux qu’ils faisaient venir de Mongolie  et d’Asie Centrale en échange de soies et de porcelaines, et les plus réputés, c'étaient les chevaux du Ferghana qu'en 138 av JC, un certain Zhang Qian,  avait ramené en Chine. 
 
                            
 
Photo prise l'année dernière au musée de la province du Shaanxi, à Xian.  Il représente Zhang Qian, le découvreur de la route de la soie.
 

C'est lui qui  découvrit les routes  qui contournent le désert du Taklamakan par le nord et le sud, seuls passages entre  hautes montagnes et déserts, pour rejoindre l'Asie Centrale et donc l'Occident. Il est considéré en Chine comme le découvreur de la route de la soie.... mais ces routes existaient bien avant.
 
 Me voici à Lanzhou capitale de la province du Gansu. Au lieu d’être joyeuse d'avoir commencé cette route mythique, je suis effondrée, je viens d’apprendre que deux jours plus tôt, des émeutes dans le Xinjiang ont fait 156 morts, 800 blessés et 1400 arrestations à Urumqi et Kashgar, justement, mes deux principales destinations..

 Une terrible émeute et une répression terrifiante. Un Chinois m’a expliqué dans le train que le téléphone et l’Internet étaient coupés.  Je ne sais pas quoi faire, je vais sûrement devoir réviser mes plans, mais je n’y serai que dans une dizaine de jours, il est possible que la situation soit maîtrisée d’ici là.

 Les autorités risquent d’ailleurs de fermer la région aux étrangers, comme ils l’ont fait l’année dernière au Tibet. Mon frère qui vient juste de se faire opérer, inquiet, s’est même levé pour m’envoyer un message, me recommandant de ne  pas aller là-bas. Mais, moi j’ai envie d’aller au bout de mon projet ce serait un échec d’y renoncer. 

Avec le retard du train, je n’ai pas pu faire grand-chose sinon me balader dans le quartier de la gare. J’irai voir le musée demain avant de prendre la route pour Xiahe l’après-midi. Ma chambre d’hôtel sent mauvais, je n’ai pas envie de rester.
Il a plu pendant toute la promenade, mais pas une grosse pluie, une pluie qui hésite mais qui finit par mouiller quand même.
 
Ici, on ne me comprend plus, les gens refusent même de m'écouter, ce qui est nouveau... ils me regardent comme une martienne. Pour poser des questions, il va falloir que je cible des personnes d'un niveau social plus élevé, habitués au  mandarin.
 
 J’ai l’impression d’être encore la seule étrangère à Lanzhou.
 
 
 
une scène typique : les chefs d'un restaurant haranguent les serveuses qui se tiennent comme de petits soldats.
 A la fin le personnel va scander très fort des remerciements pour exprimer leur joie de travailler pour de si gentils patrons.
Cela se passe toujours dans la rue (problème de place ou argument publicitaire ?)

 
Petite consolation, j’ai trouvé un yaourt et du chocolat dans un magasin ; d’ailleurs le chocolat n’est déjà plus qu’un lointain souvenir ! Je sens qu’à partir de maintenant il va être difficile de m’alimenter, je ne supporte pas la cuisine chinoise qui me brûle les intestins au bout de quelques jours…
il ne doit pas y avoir beaucoup de KFC dans le désert……..
 
Ce soir, à la télévision j’ai vu 2 films américains ce qui est très rare, il n’y a que des séries chinoises à costume, sur l’époque impériale (et toutes les dynasties y passent) ou bien des séries à la gloire de l’Armée de Libération à l’époque héroïque du communisme pur et dur, ou des histoires qui se passent en milieu rural, ce qui ne fait pas vraiment rêver et, à l’inverse, des séries où s’affiche le luxe tapageur de cette nouvelle bourgeoisie rapidement enrichie. C’est beaucoup de larmes, de sentiments et de pauvres mamans à l’hôpital.
Donc découvrir Bruce Willis et, plus tard Clint Eastwood s’exprimer en mandarin est extrêmement drôle.

 (à suivre : le cheval qui galope sur une hirondelle)
 
 

lundi, août 24 2009

Le cheval qui galope sur une hirondelle

                           

 

Jeudi 9  juillet            Lanzhou et son musée

 Jour 17
                            

Rien ne se passe comme je veux... J'avais décidé de faire un détour afin de visiter le monastère gelugpa de Labrang, très intéressant quand on ne peut pas se rendre au Tibet . Je prends un taxi pour me rendre à la gare routière située à l'autre bout de la ville.
Elle est enserrée entre les montagnes, alors elle s'étire sur 22 km.
Le trajet est bien long dans les embouteillages du matin, comme  la gare se trouve dans un quartier très populaire, les immeubles deviennent de plus en plus misérables

misérables.
 
 
Avec mes bagages j'ai du mal à faire la queue, tout le monde me double et lorqu'enfin je parviens au guichet, on me refuse le billet, la même chose pour le lendemain, sans me fournir d'explications. Je me mets en colère jusqu'à ce qu'un employé finisse par arriver pour m'expliquer que la police a fermé l'accès à Xiahe. Mais

 Avec mes bagages j'ai du mal à faire la queue, tout le monde me double et lorqu'enfin je parviens au guichet, on me refuse le billet,la même chose pour le lendemain, sans me fournir d'explications. Je me mets en colère jusqu'à ce qu'un employé finisse par arriverpour m'expliquer que  la police  a fermé l'accès à Xiahe.j'ignore toujours pourquoi...
Y aurait-il une relation avec les événements du Xinjiang ? Labrang est un monastère tibétain (Tibet et Xinjiang ont les mêmes problèmes, et les mêmes combats...) J'imagine que Pékin doit redouter que le monastère ne soit un lieu de dissidence, en contact avec les rebelles du Xinjiang)
Je suis désemparée...  Il ne me reste plus qu'à retraverser la ville pour acheter un billet de train pour Zhangye, l'étape suivante, j'avance plus vite que prévu. 



 
Aux guichets de la gare je retrouve les même files impressionnantes qu'à Xi'an. Pour éviter de parler dans le brouhaha, je rédige ma demande sur mon petit calepin, et ma voisine dans la file me corrige un ou deux caractères. C'est efficace car j'obtiens tout de suite le billet que je voulais. Mais ce sont 7 heures de trajet qui m'attendent avec une arrivée de nuit...
 
J'ai 4 heures à perdre avant le départ du train, cela me donne l'opportunité d'aller visiter le musée du Gansu, voir le petit cheval qui galope sur une hirondelle... et qu'on retrouve dans tous les livres qui traitent d'histoire ou d'art chinois. Il m'a fait rêver toute l'année.
Je traverse la ville pour la troisième fois et, surprise, le musée est gratuit ! Bravo Lanzhou.
 
                          
 
Pour ne pas perdre de temps j'interroge les gardiens pour savoir où se trouve le petit cheval, ce qui les amuse énormément.
Mais l'employée à qui je demande où se situe l'ascenseur me répond d'un air furibond qu'elle ne comprend pas le putonghua (le mandarin). Décidément les gens de cette ville sont bien agressifs... Je finis par comprendre que les événements du Xinjiang ont mis les nerfs des non Han à vif. Le mandarin est la langue du pouvoir, je fais donc les frais d'une politique rejetée par les minorités.
Je vais devoir veiller à mieux choisir mes interlocuteurs.
Au second étage, un gardien m'attendait déjà pour me conduire devant le petit cheval.

Et le voilà ! Bien mis en valeur par un bel éclairage, sa taille me surprend, il ne doit faire que 40 cm de longueur, mais c'est une merveille de grâce, de légèreté; je suis comblée et j'oublie mes déboires du matin.
" J’ai fait des milliers de kilomètres pour venir te voir".
Il n'a rien répondu.
 
 

 
J'ai le temps de visiter le reste du musée qui est riche et bien aménagé. Il y a des fragments d'étoffe de la dynastie des Tang, comme une robe d'enfant encore entière, beaucoup de bronzes des Zhou, des porcelaines des Yuan, des Cong, des Bi et des poteries antérieures à la culture de Yangshao qu'on pensait pourtant être la plus ancienne.
 

 

carillon


Au bar du musée, je retrouve une famille belge de trois enfants que j'avais déjà rencontrée au KFC de la gare, le matin.
Ils vont aussi à Kashgar mais ne semblent pas trop inquiets, persuadés de pouvoir mener à bien leur expédition. Ils sont très sympathiques, nous ne prenons pas le même train, dommage. Nous nous retrouverons peut-être, dépités, devant un barrage à la limite du Xinjiang...
 

 
Un bus, pour ma quatrième traversée de la ville, me ramène vers la gare ferroviaire, ce qui me permet de voir d'autres aspects de la ville : les bords du Fleuve Jaune ont l'air agréable, agrémentés de promenades et de jardins.
C'est la première gare qui possède des escaliers roulants... encore bravo Lanzhou !
 

 
fragment d'écriture sogdane
 
J'écoute du Bach depuis mon i-phone, (ça me rassure de retrouver mes racines), c'est magique, un haut parleur, en bruit de fond, débite du chinois, ce qui me laisse indifférente puisque je ne comprends rien. Je voyage avec 4 femmes, 4 générations qui vivent ensemble dans la même maison.... décidément Lao She n'arrête pas de me faire des clins d'œil (il a écrit : "Quatre générations sous un même toit" qui décrit le comportement des habitants d'un hutong  pendant l'occupation japonaise). L'arrière grand-mère a 82 ans et la petite fille a 12 ans. La mère discute beaucoup avec moi, et grand-mère et arrière-grand-mère font des commentaires.
 
Bientôt tout le wagon est au courant d'où je viens, où je vais, mon âge, etc... car le téléphone arabe marche bien. C'est curieux comme ils adorent informer tout l'entourage (qu'ils ne connaissent pas) de tout ce que je peux raconter.
J'ai beaucoup de mal à les comprendre... Un homme finit par écrire ce qui m’échappe, et là, tout s'éclaire...  c’est trop bête de ne pas reconnaître des mots que j'ai pourtant appris... Leur  accent peut-être ?

 

Le paysage défile toujours entre deux chaînes de montagnes, est-ce déjà le "corridor de Hexi"  ?
Nous longeons le Fleuve Jaune qui finit par bifurquer.

Soudain, tout change, on entre dans un paysage différent d'oasis, les maisons roses des villages sont construites en briques sèches et sont entourées de murs rectangulaires tous identiques.

Puis des paysages arides, désertiques de montagnes ou de plaines, le sable est de plus en plus présent.
Je me demande si ce n'est pas déjà le désert de Gobi. Ma carte ne m'éclaire pas.
 
Le train a du retard et j'arrive à Zhangye à 23 heures. Je ne suis pas rassurée : ce n'est pas facile d'être une femme seule, et de débarquer ainsi de nuit, dans une ville inconnue d'Asie Centrale. Je m'engouffre dans un taxi pour l'hôtel indiqué par Lonely Planet.
La ville est loin de la gare, je me demande même si le chauffeur n'est pas en train de me piéger car il n'y a aucun éclairage, l'anxiété me gagne.
Tout finit bien, l'hôtel n'est pas terrible, qu'importe, je suis en sécurité.
 
                           ( à suivre : Zhangye et le plus grand Bouddha couché de Chine)
 
 
 

dimanche, août 23 2009

le calligraphe de Zhangye

     

Vendredi 10 juillet    Zhangye

Jour 18

 
 
En tirant les rideaux ce matin, je découvre du 6ème étage, l'envers du décor : la cour est jonchée de détritus, c'est déprimant, j'ai envie de repartir par le train... Mais, une fois dans la rue, c'est une ville très agréable qui me redonne le moral.

J'ai faim mais je ne vois pas de restaurant, ce qui est très surprenant pour la Chine où manger tient une place très importante, obsessionnelle même (à cause des milliers d'années de famine sans doute).

Ici pas de KFC, il va falloir manger local...

Je me dirige vers la Tour de la Cloche qui est au centre de la ville, à côté,  un corridor traditionnel s'ouvre sur un jardin où les gens se reposent, jouent aux cartes et aux échecs. 
 
                      
 
Un calligraphe trace sur le sol des caractères anciens  à l'aide d'un pinceau mouillé de la taille d'un balai. J'admire son savoir faire.
M'apercevant, il me tend le pinceau et m'invite à l'imiter. Difficile de ne pas être ridicule ! Tant pis, je suis prête à toutes sortes d'expériences, j'y vais et j'écris "wo shi faguo rén" (je suis Française) il est très étonné et, riant reprend le pinceau pour écrire "et moi, je suis Chinois". Cela attire les promeneurs.
 

 
Une vieille institutrice me montre comment améliorer mes caractères et tout le monde insiste pour que je continue d'écrire ce que je fais bien volontiers... C'est  un moment délicieux, nous nous  amusons beaucoup, mais, comme je suis toujours à la recherche d'un endroit où manger, je prends congé de toutes ces personnes. Après quelques pas, je me retourne,
les gens s'étaient dispersés et le calligraphe restait seul à tracer ses caractères.
 
Je demande à une dame à quel endroit je peux trouver à manger et si elle peut m'indiquer comment me rendre au temple du grand Bouddha couché. Elle me conduit dans un sous-sol où une succession de petites cuisines proposent des plats simples. Je choisis des nouilles, toujours soucieuse de ne pas tomber sur des produits douteux. Elle s'assoit avec moi et me regarde manger tout en informant le voisinage de ce que je peux lui raconter... ça se transforme en conversation générale où je ne comprends pas grand chose, mais je me retrouve avec plein de numéros de téléphone pour appeler en cas de besoin !  Ici aussi, le mobile fait des ravages. Ces gens sont  incroyablement gentils dans cette ville, ça me change de Lanzhou. La dame insiste pour payer mon repas et elle me conduit ensuite jusqu'au temple.


Le temple est émouvant, il fait authentique parce qu'il n'est pas restauré. Il date de1098 de la dynastie des Xia.
 


Le grand Bouddha : tout au fond on aperçoit un coude, la bouche et les narines,
Et, devant, son habit rouge.



                  

Les deux extrémités : tête et orteils
Le Bouddha couché, le plus grand de Chine, envahit tout le sanctuaire. Il est rustique, c'est impossible d'en avoir une vision globale, c'est intéressant mais ce n'est pas une grande œuvre.
 

 
Les jardins du temple, comme toujours, sont une source de réconfort où puiser un moment de paix. Il fait frais, presque froid. 


 

Un des bâtiments du temple transformé en musée présente des sutras et des ouvrages anciens, il y a aussi une collection de Bouddha.
Je ne regrette pas ma visite.
Ragaillardie par tous ces moments sympathiques, je décide de m'initier aux thés chinois, il serait bien temps !
Déguster du thé, c'est l'équivalent de nos grand crûs  et ça peut coûter aussi cher. J'achète donc quelques grammes de Longjin, de Biluochun et une seule petite dose du mythique Puher, si précieux que les galettes se transmettent de génération en génération sans jamais être consommées, tout comme nos vins d'exception !
Je suis en train de tester le Longjin, c'est très agréable, il a un petit goût fumé.



A 19 heures, je sors de l'hôtel pour dîner, je marche jusqu'aux portes de la ville mais pas plus qu'à midi, je ne trouve de restaurants sur les 2 km parcourus... Les rares échoppes étaient trop crasseuses pour que je m'y risque. Finalement je tente le restaurant d'un hôtel luxueux, c'est une bonne solution, je peux me régaler de raviolis chinois, très bons, et de thé, avec un service impeccable.
Dans un salon privé, un groupe d'hommes d'affaires festoyaient et poussaient des cris par intermittence, je pense qu'ils faisaient des paris ou des jeux d'argent. J'ai acheté une belle mangue pour mon petit déjeuner.
 

 
En retournant à l'hôtel, sur un coin de trottoir, une centaine de femmes de tout âge dansaient aux sons d'un haut parleur calamiteux. 
Je me suis assise sur des marches pour les observer. Aussitôt une dame partage son journal pour que je puisse m'asseoir dessus. 
La gentillesse de ces gens dépasse tout ce que j'ai pu expérimenter jusqu'à présent. J'ai remarqué qu'ici, les gens m'appelaient "Ayi" (tante) au lieu du désagréable "laoway

En retournant à l'hôtel, sur un coin de trottoir, une centaine de femmes de tout âge dansaient aux sons d'un haut parleur calamiteux. Je me suis assise sur des marches pour les observer. Aussitôt une dame partage son journal pour que je puisse m'asseoir dessus. La gentillesse de ces gens dépasse tout ce que j'ai pu expérimenter jusqu'à présent. J'ai remarqué qu'ici, les gens m'appelaient "Ayi" (tante) au lieu du désagréable "laoway (l’étranger) dont on vous affuble à tout bout de champ.


 
(à suivre : Jiayuguan et la fin de la grande muraille)
 
 

samedi, août 22 2009

Jiayuguan


 

       

                                                           Une des routes de la soie

 

Samedi 11 juillet          Jiayuguan

 Jour 19

 
Ce matin, je ne savais pas trop quoi faire, j'avais projeté d'aller voir les grottes de Matisi, le car partait à 8 heures mais, comme je ne me suis endormie qu'à l'aube, à mon réveil, le bus était déjà parti.
 
Comme il n'y a plus rien à faire dans cette ville, malgré le besoin de me reposer, le désir d'avancer l'a emporté.
 
Je suis allée à la station de bus prendre le car pour Jiayuguan.
Le bus partait aussitôt pour un voyage de 5 heures pas du tout fatigant car le paysage était sublime. 
 

 
Nous étions bien dans le désert de Gobi et le plus étrange, c'est que nous longions la chaîne enneigée des Qillians.
 
Les oasis succédaient aux régions arides et désertiques. Il y avait des canaux d'irrigation autour de cultures intensives de maïs et de tournesols ce qui me choquait beaucoup : les Hans sont passés par là, utilisant toute l'eau dans une région où elle est rare pour des cultures très gourmandes en eau , la volant aux autochtones qui en ont besoin pour leurs cultures traditionnelles.
Tout ce que le professeur de géographie nous a expliqué cette année, se vérifie sur le terrain.
 
 
 
Le bus s'arrête, des vendeurs de pastèques refusent de ne m'en vendre qu'une  tranche... je n'allais pas porter une pastèque en plus de mes bagages... dépitée, je remonte dans le bus... Soudain un voyageur se lève et vient m'offrir une tranche de sa propre pastèque, puis un autre en fait autant et encore un autre... si bien que je suis arrivée à Jiayuguan gavée de pastèque... les Chinois sont comme ça !
 
La température est supportable. J’avais repéré mon hôtel alors que le bus passait devant, comme il est près de la gare routière, je peux m'y rendre à pied.
 
L'hôtel est cher, à côté de moi un jeune Canadien, un anglophone qui parle très bien chinois hésite aussi.
Je lui propose alors de partager une chambre à deux lits ce qu'il accepte immédiatement.
J'ai pu ainsi finir la journée avec un compagnon très agréable.
La chambre était parfaite, jolie et confortable.



Comme il n'est que 17 heures, je lui propose d'aller visiter le fort et la fin occidentale de la Grande Muraille.
Nous prenons un taxi puisque c'est à une dizaine de kilomètres de la ville.
 

 
J’ai vécu encore un moment très fort  ...
Là, on se sent vraiment sur la route de la soie.
Le fort date des Ming (17ème siècle) et il marque la fin de la Grande Muraille.



Il se dresse au milieu du désert de Gobi avec comme cadre, les Qillians enneigées, c'est vraiment
grandiose de se trouver à cet endroit. 
 


(On ne voit que deux tours parce que je me trouve sur la troisième)
 
Les murailles sont puissantes et les trois tours qui se détachent en silhouette
sous le ciel bleu vous emportent dans des rêveries épiques et héroïques.
 
Nous sommes restés longtemps à bavarder et à contempler le fort, le désert, la montagne  conscients de notre chance et tout simplement heureux d'être très loin de l'agitation du monde...
 

 
La Grande Muraille est un peu plus loin, nous prenons un moto-pousse pour nous y rendre.
 
                  
 
                                Nous la trouvons, dégringolant la montagne,
 
 
 

 trop restaurée, recouverte de torchis et ridiculement basse par rapport
à la puissante muraille de pierres qu'on peut voir dans la région de Pékin. 
 Mais c'est beau quand même. 

Mon compagnon d'un soir.....
 
Nous finissons la soirée dans le restaurant Sichuanais indiqué par le guide. J'étais ravie d'avoir de la compagnie, c'est la première fois que je ne mange pas seule depuis mon départ.
 
                                                                                                                                                                      (à suivre : Dunhuang)
 
 

vendredi, août 21 2009

Dunhuang

 

            

 

dimanche 12 juillet         Dunhuang

Jour 20
                            

Nous avons passé une excellente nuit, réparatrice, le garçon est très agréable, j'ai de la chance. Mais il est vrai que tous les gens que je rencontre en Chine sont des gens sympathiques et cultivés. Je pense que la Chine attire un certain style de personnes qui me convient très bien quelle que soit sa nationalité.
 
Le garçon a une furieuse envie de café. Comme j'avais oublié que j'avais des réserves dans mes bagages, nous partons à la recherche d'un café-bar. Je doute sérieusement qu'on puisse trouver du café dans cette ville-oasis mais il m'assure avoir repéré une enseigne la veille. Nous continuons les recherches en taxi jusqu'à ce que nous trouvions un hôtel qui proposait de la cuisine occidentale et, nous avons eu un petit déjeuner royal, le meilleur de mon séjour... le café était du vrai café, accompagné de sandwich-club avec du vrai fromage et du vrai jambon....
Ce pays m'étonnera toujours. C’était si copieux que ça m'a calé jusqu'au soir.
 
J'ai acheté un billet de car pour Dunhuang, nous trouvons facilement un cybercafé où envoyer quelques messages puis nous nous séparons... Il va rejoindre son amie à Suzhou à l'est et moi, je continue à l'ouest... je suis touchée qu'il prenne la peine de m'accompagner jusqu'à la gare.
 


Dans le car, je me retrouve assise à côté d'un homme qui sent l'ail, l'oignon et l'alcool.
Pas très agréable pour un voyage qui dure 5 heures. Cinq heures de désert, un peu monotone quoique les plaines désertes succèdent à des collines rocheuses, à des petites dunes de sable salies par la route.

 

 J’ai vu plusieurs champs d'éoliennes.
 
 

 
Le Corridor de Hexi qui ne mesure que 15 km de large à Jiayuguan, disparaît peu à peu.
 

 
Lorsqu'on traverse une oasis, je me sens comme soulagée, soudainement détendue de retrouver de la verdure,  le désert a quelque chose d'anxiogène, en tout cas pour moi.
Le vert du feuillage me rassure même si le côté sauvage et désolé du désert me fascine. Lorsque le désert est plat, les lointains se confondent avec le ciel dans une vibration de chaleur. Quelques plantes desséchées essaient de survivre
 

ça peut très vite devenir monotone !!!
 
Le car bifurque tout à coup à angle droit pour rejoindre Dunhuang. Encore deux heures de route et la ville apparaît dans un écrin de verdure, accolée à de belles dunes de sable blond. 
 

 
Arrivée à Dunhuang : les vitres du car sont tellement sales que mes photos perdent beaucoup en qualité !
 
L’hôtel que le Canadien m'avait recommandé était complet.
J'étais une fois de plus désemparée, errant dans la rue sans trop savoir où aller avec mes bagages encombrants, lorsqu'un chauffeur de taxi vient à mon secours et m'amène à l'hôtel recommandé par LP. Il va jusqu’à se renseigner pour moi, savoir s'il reste de la place puis porte mes bagages jusqu'à la réception. Quand j'ai voulu le payer, il a refusé ! Je n'ai pas compris pourquoi et je regrette de ne pas l'avoir assez remercié. Je sais que j'impressionne beaucoup les Chinois à voyager toute seule dans leur pays, à mon âge. Je devais vraiment avoir l'air trop paumée dans la rue, c'est peut-être pour cela qu'il m'a prise sous sa protection...
 
L'hôtel est bien, c'est propre, j'ai un peu marchandé le prix. Je crois que je vais rester au moins deux jours.

Il est déjà 20 heures, je sors manger quelques nouilles accompagnées de légumes. Je suis épatée que tout se passe si bien depuis mon départ. J'ai vraiment beaucoup de chance.
J’espère que je pourrai entrer au Xinjiang.
 
Mais pour l'instant je me sens triste d'être à nouveau seule, c'était bien d'avoir un compagnon.
 


                                            (à suivre : les célèbres grottes de Dunhuang)
 

jeudi, août 20 2009

Grottes de Mogao


         

    Cette carte permet de situer Dunhuang par rapport à Hong Kong , mon point de départ.


 

Lundi 13 juillet      Grottes de Mogao

 Jour 21

 
 

Encore une belle journée de paysages somptueux.
Cette fois, j'ai compris qu'il faut rester au frais pendant les heures chaudes.
Je pars donc tout de suite aux grottes de Mogao à l'ouverture, afin d'être de retour à l'hôtel vers midi.

          
  
                                       (photo prise sur internet)

J’ai de la chance, il y a un guide qui parle français et, comme je suis la seule, j'ai droit à une visite avec le guide pour moi toute seule alors que les autres groupes se composent d'une vingtaine de personnes.
On ne peut se promener librement : les grottes sont toutes fermées à clé, impossible aussi de faire des photos, la surveillance est féroce. Si bien, qu'avec du recul, j'ai bien du mal à me remémorer ce que j'ai vu.

                  
  photo volée : une porte était entre-ouverte, j'ai pu discrètement prendre cette fresque près de la porte !



Deux détails aux frontons de deux portes extérieures : je n'ai vraiment pas pu prendre grand chose...
C'est un patrimoine inestimable, la grotte la plus ancienne date du 4ème siècle mais, comme elle est en travaux je ne l'ai pas vue.
Je me souviens de la grotte 171-172 du 8ème siècle : j'ai été frappée par l'emploi de la perspective avec point de fuite central alors que les Européens ne l'ont inventée qu'à la Renaissance. 
 
 
                
                                          (photo prise sur internet)
 
On sent aussi des influences diverses mais surtout celle de l'Inde pour les plus anciennes ce qui est logique puisque c'est le berceau du Bouddhisme.
Il a pénétré en Chine d'abord par la route de la soie (d'où ces grottes) et plus tard par la mer dans le sud...
Le plus grand des Bouddha mesure 34 mètres. La particularité de ces grottes, c'est la fraîcheur des fresques qui en font un joyau.
 
                   
 
                                            (photo prise sur internet)
 
Les bleus proviennent de lapis-lazuli (à l'époque, plus cher que l'or), les verts de malachite, 
les mêmes pigments  étaient utilisés en Occident à la même époque.
Certaines fresques ont été défigurées par les musulmans selon le guide
mais aussi par la révolution culturelle je pense, ce que le guide ne dénie pas.
 
Le plus émouvant c'est de voir la grotte-bibliothèque,
son histoire est intéressante à cause du pillage de ses précieux manuscrits qu' un moine était chargé de garder. Les Anglais, les Français et les Japonais l'ont soudoyé et ont emporté des milliers de ces précieux manuscrits pour une bouchée de pain. 
 

                       
                                                  (photo prise sur internet)
 
On y voit la célèbre photo  de l'archéologue français, Paul Pelliot qui s'éclaire à la bougie dans cette grotte  minuscule.
Il étudie ces textes, on l'imagine fiévreux, imaginant des stratagèmes pour convaincre le moine incrédule de lui céder les documents.
Une salle entière dénonce le pillage des archéologues, photos à l'appui. Ces manuscrits sont toujours dans nos musées, à Paris, à Londres et aux USA, avec comme argument qu'ils ont ainsi été protégés des destructions massives de la révolution culturelle.
Ce qui est certain.
Mais les Chinois ne nous le pardonnent pas, ils attendent leur restitution.
 
 
 

 Voilà encore un beau chapitre de l'histoire de l'art qui m'est révélé. Il y a si longtemps que je rêvais de les voir. 
 
 Au retour je suis allée acheter un billet de car pour Turpan. Je crois que j'ai fait une erreur car les cars-couchettes sont très inconfortables, j'aurais dû prendre le train. Aucun train, aucun car ne fait le trajet de jour, à cause de la chaleur, je suppose. Ce sera une nouvelle expérience.
 
 

 

 


 

mardi, août 18 2009

les dunes de Ming Shashan


 
J’attends 17 heures pour ma seconde visite, les dunes de Ming Shashan et le lac du Croissant de Lune.
 
En montant dans le taxi je croise pour la 3ème fois, la famille belge aux 3 enfants, nous n'avons pas le temps de bavarder longtemps car ils partent prendre leur train pour Turpan. (Ils sont plus malins que moi).
Ils me préviennent comme l'avait fait le Canadien la veille, que l'entrée des dunes est très chère et que ça ne valait pas le coup.
Tout est organisé dans cette ville pour soutirer un maximum d'argent aux touristes.
 

 
En effet impossible d'accéder aux dunes si on ne paye pas 12 euros, des barrières en ferment l'accès.
Mon précieux Lonely Panet va jusqu'à conseiller de suivre la grille jusqu'à ce qu'elle s'arrête... mais elle ne s'arrête jamais !
Je souhaitais tellement les photographier : le ciel est couvert et mes photos sont bien ternes de loin.
 

 
Renonçant à mon projet, je prends le chemin inverse pour me promener dans un joli bois à la recherche de fraîcheur et de surprises,
 

 
je tombe sur le musée de la ville en rénovation, on me laisse entrer prendre des photos puis, en contournant le musée je m'enfonce dans la verdure pour une promenade agréable.
 

 
Je tombe sur le parc à chameaux, il y en a des centaines, en m'approchant d'eux, j'aperçois une ouverture de la grille pour le passage des animaux.
 

 
 
Quelle aubaine, tout en souriant aux chameliers que je croise, je pénètre frauduleusement sur le site des dunes.



 
D’abord prudemment, mais l'appel du désert est le plus fort, je finis par y aller carrément. 
 

 
La dune la plus haute mesure 1500 mètres. Elle est impressionnante. Je n'aurai pas la force ni le courage de grimper dessus, la vue y est extraordinaire paraît-il. Je vais plutôt chercher le Croissant de Lune, je me demande si c'est ici ou ailleurs....
Une oasis minuscule apparaît entre deux dunes, je me dirige vers elle, et c'est la deuxième belle surprise de la journée.
 

 
C'est bien le lac du Croissant de  Lune. Mais c'est surtout cette jolie petite pagode blottie dans les dunes qui faisait la couverture d'un numéro spécial de GEO sur la route de la soie qui m'a fait rêver pendant deux années.
Je suis très émue de l'avoir en face de moi.
 

 
Je suis revenue épuisée, les chaussures et les vêtements pleins de sable.
 
Et demain, enfin le Xinjiang ! Apparemment il n'y a plus de problèmes puisqu'on m'a vendu le billet sans le moindre commentaire sur la situation récente.
 
 
 

Mardi 14 juillet      Arrivée au Xinjiang

 Jour 22
 
 
 Aujourd'hui, je ne ferai rien, je garde la chambre d'hôtel jusqu'à l'heure du car pour Turpan, (je n'en paye que la moitié du prix), je dois être très prudente pour éviter le retour des vertiges. La climatisation va me redonner des forces.
Je ne sortirai que pour manger.
 
Il semble que les émeutes ont repris à Urumqi et que les quartiers musulmans soient fermés.
Je ne sais pas si le téléphone et l'Internet sont rétablis. Je préviens mes proches de ne pas s'inquiéter s'ils n'ont plus de nouvelles.
 
Le voyage en car est éprouvant. Comme je ne me sens pas mieux, je suis fiévreuse, je vais acheter quelques médicaments pour mon angine avant le départ du car, je crois qu'on m'a vendu des antibiotiques...
 
Le car couchette comprend trois rangées de couchages sur deux niveaux. Ce n'est pas aussi inconfortable que le Canadien m'avait dit, mais c'est un vieux car, très bruyant, on est très secoués et, il n'y a pas de climatisation, la chaleur est étouffante.
 
Chaque départ de car commence par aller faire le plein à une station d'essence, je ne comprends pas pourquoi ils ne le font pas avant d'embarquer les passagers.
 
Il va faire jour pendant encore une heure. Le temps de retrouver le désert. J'ai du mal à distinguer si je vois des dunes ou des montagnes... Les deux probablement. Elles sont recouvertes de gravier noir, c'est sinistre.
Comment savoir si ce sont les restes du chantier de la route ou bien si le poids du gravier est sensé stabiliser le sable en cas de tempête ? Car, celles-ci sont redoutables ici. Je me demande si nous sommes encore dans le désert de Gobi ou bien si nous sommes déjà dans le Taklamakan... Un désert en suit un autre.  Le Xinjiang n'est qu'un immense désert avec des oasis et de très hautes montagnes.
J'ai dû dormir un peu, vers 23 heures un barrage de police indique l'entrée au Xinjiang. Je dois présenter mon billet de bus et mon passeport, nous descendons du bus. Je me demande bien ce que le "douanier" peut voir dans la nuit noire sans éclairage.
Le ciel étoilé est magnifique.
Il y aura ainsi 3 barrages et 3 contrôles sur la route. J'ai dû me rendormir car à 8 heures, on me largue à Turpan, le car lui, continue jusqu'à Urumqi, la capitale de la province. J'ai du mal à trouver un hôtel : il y a une ségrégation chinois-étrangers... je n'ai pas le droit de descendre dans un hôtel réservé aux Chinois.
 
Un chauffeur de taxi m'aide à marchander le prix d'un hôtel tout neuf mais ça reste cher par rapport aux autres villes. C'est propre et confortable, ça tombe bien car cette fois je suis vraiment malade. Je ne vais encore rien pouvoir faire aujourd'hui.
 

lundi, août 17 2009

Arrivée au Xinjiang

 

 

Mercredi 15 juillet      Arrivée au Xinjiang

Jour 23
 
 
Lorsque je suis arrivée ce matin à Turpan, en descendant du car, il est tombé 3 gouttes de pluie,
alors qu'il ne devrait jamais pleuvoir dans le Xinjiang sauf dans les montagnes du nord.
La pluie a duré moins de temps qu'il ne m'en faut pour l'écrire.
La dépression de Turpan est à 158 mètres au-dessous du niveau de la mer,
c'est un des points les plus chauds du globe.
 
J'essaie d'envoyer  des SMS à quelques proches mais ils ne passent pas. Je me sens perdue
sans aucun lien avec personne, tout à coup très seule. Je regrette d'être venue...
c'est sûrement la fièvre qui me met dans cet état d'esprit.
 
La fièvre n'empêche pas la faim et je sors prendre un repas vers 17 heures.
Le centre ville n'est pas très proche de l'hôtel me dit-on. Il  faut prendre un bus. 
 
 

 J'y renonce et me promène dans le quartier où un grand bazar tenu par des Ouïghours attire du monde. C'est assez sale. 
 

 
Les hommes portent un petit bonnet blanc et les femmes voilées, pour la plupart, portent des robes
très variées et très colorées. 
 

 
Certaines femmes, très peu en fait, sortent bras et tête nus. Ce qui surprend, ce sont leurs traits plutôt européens. J'ai vu des gens aux yeux clairs et même une très belle femme aux yeux bleus pervenche. 
 

 
Un vendeur de galettes ressemblait tout à fait à un Russe.
Il est donc facile de repérer les Chinois Han des non Han.
Facile alors de remarquer que tous les beaux commerces et toutes les fonctions importantes
sont tenus par les Chinois Han et les tâches peu valorisantes par les minorités ethniques.
 
Je cherche un "wangba" (cybercafé) on me répond que cela n'est pas possible.
Un jeune finit par me conduire à un wangba et là, je réalise enfin qu'on essayait de m'expliquer que l'internet était coupé, on ne peut pas envoyer de messages... c'était donc bien vrai.
 
De retour à l'hôtel, je reçois un SMS de mon frère et un appel de mon ami.
Ma joie est de courte durée, car je ne pouvais pas leur répondre et je finirai par rester au Xinjiang 3 semaines totalement coupée du monde, sans aucune source d'information.
 
L’hôtel est neuf mais une vision d'horreur m'attendait à la fenêtre : 
 

 
Je suis juste au-dessus d'une décharge : des monceaux de détritus jusqu'à l'horizon.
 

 
Je finis par percevoir deux terrains : à la gauche d'un mur c'est l'atelier à ciel ouvert d'un vitrier 
 
 
qui taille et jette les excédents sur une pyramide de tessons de verre, c'est curieux qu'il ne réutilise pas les chûtes. 
 

 
A droite, je finis par distinguer qu'il s'agit d'une déchèterie, il y a des amas de cartons, de métaux,
 

 
de papiers et de bouteilles.
C'est un tri sélectif en vue de recyclage. J'observe un moment le manège des camions et des particuliers apportant leurs déchets, 
 

 
tout est pesé sur une balance rustique. C’est très animé. Ceux qui tiennent la déchèterie habitent sur place au milieu des détritus dans une maison cubique. Sur le toit,  des cartons et toutes sortes de choses,
 


 
il y a aussi un lit, difficile de savoir si c'est un déchet ou si c'est un lit toujours en usage.
Ce matin en arrivant, beaucoup de gens dormaient encore dehors, les plus riches avaient poussé leur lit sur le trottoir. Il doit faire trop chaud dans les maisons, les pauvres n'ont pas de climatisation.
 
Je suis brûlante de fièvre, le mieux est de dormir, je verrai plus tard comment gérer la suite.
 
 
                                         
 
 

dimanche, août 16 2009

Les treilles de Turpan

            

                      
 

Jeudi 16 juillet           Turpan (Turfan)

Jour 24
 
 
Ce matin, comme la fièvre est tombée, je décide de visiter la région même si ce n'est pas encore la grande forme.
J'ai donc rejoint le rabatteur qui me poursuit depuis mon arrivée et je pars visiter 3 sites avec une jeune Japonaise qui travaille à Wuxi comme institutrice pour les petits Japonais expatriés. Elle ne parle ni anglais ni chinois, nos échanges seront réduits.
 
 
 
Nous commençons par les grottes de Bezklik où il n'y a pas grand chose à voir, elles sont vides, très abîmées, pas même éclairées, on aperçoit quelques vagues figures sur les parois. Il paraît que les Allemands ont ôté les peintures des murs, décidément, les archéologues se comportent bien mal.


 
Le Huoyan Shan (montagne de feu) immortalisé dans "le voyage vers l'ouest", un des 4 grands classiques de la littérature chinoise
 
L'aridité et la nudité du paysage sont impressionnantes, des falaises roses, des vallées, des pics ponctuent le trajet.
 


 

La seconde visite, c'est le village de Tuyoq. Il faut chaque fois payer un droit d'entrée entre 30 et 40 yuans, ça finit vite par coûter cher en plus du trajet en taxi. Mais, voir un vrai village ouïghour dans le désert ne se refuse pas.
Le village se trouve dans les vignes et des treilles apportent de la fraîcheur et de l'apaisement, on ne pourrait survivre dans ces paysages arides et dénudés.


 


Un habitant m'offre une grappe de raisins blancs, les grains sont minuscules mais très sucrés,
enfin un endroit où les fruits parviennent à maturité avant d'être cueillis; des pêches plates que j'avais achetées la veille étaient pareillement sucrées et parfumées. Ce qui n'est pas le cas dans le reste du pays où les fruits sont durs, acides, immangeables pour nous.
 


Un homme m'invite à entrer dans sa maison et à prendre  des photos, ensuite, il me demande 10 yuans, encore, ça ne finit jamais !
Je vais donc éviter de photographier les gens, j'ai compris la leçon : en chemin, je croise plusieurs mères portant leur enfant, visiblement elles sont sorties pour se faire un peu d'argent... après notre passage, elles retournaient chez elles. 
Il y a plein de scènes charmantes, des femmes qui épluchent des légumes, font le pain, les portes sont grandes ouvertes comme une invitation à entrer. C’est très pauvre.



Partout, le lit bancal en fer est sorti dans la rue, pas d'appareils électriques, ils doivent être soigneusement cachés pour faire plus authentiques... 



 
ça valait la peine d'être vu, malgré le côté un peu arnaque d'avoir à payer pour chaque lieu qu'on aimerait visiter alors qu'on a déjà payé un prix d'entrée.




Nous finissons par les ruines de Jiaohé, nous y sommes à 13 heures, soit une fois de plus à l'heure la plus chaude.
Visiter ce désert de pierres est particulièrement éprouvant : si les rues sont bien tracées, il n'y a pas grand chose à voir, quelques ouvertures, quelques murs de briques sèches, c'était une ville de garnison pour garder les frontières. 



Il doit y avoir un monastère au bout des ruines, je n'ai pas le courage de m'y rendre, c'est la mort.
 
Finalement nous rentrons à l'hôtel. Comme je ne suis pas en forme, je suis contente même si je n'ai pas vu tout ce qui était au programme comme les karez, un système  d'irrigation souterraine :  l'eau des montagnes récupérée au moment de la fonte des neiges.  Dommage, les droits d'entrées sont élevés, il me faut faire des choix.
 
Je n'ai toujours pas vu le centre ville de Turpan, j'irai vers 17 heures, je me repose et me remets de la chaleur, nous sommes dans le four de la Chine.
 
Toujours pas d'internet ni la possibilité d'envoyer des SMS. Je trouve cela angoissant.
 
Demain je pense partir pour Urumqi, je crois que je ne vais pas rester longtemps dans le Xinjiang, ces régions désertiques m'oppressent et l'impossibilité de communiquer m'inquiète.
J'ai besoin de garder le lien avec les proches.
En sortant à 17 heures, j'avais l'intention d'aller au centre ville puis de prendre un taxi pour visiter la mosquée Emin dont le minaret de 1777 est de style afghan. C'est l'un des plus beaux édifices du Xinjiang.
Je pars sans mon précieux lonely planet trop lourd à porter, et trop sûre de moi.
 


Il me semblait qu'il fallait marcher 3 kms sous une treille, et justement, celle qui est devant moi me semble interminable, ça doit être ce que je cherche. Rien de plus agréable sous la chaleur du désert que de marcher sous cette treille magnifique et je me demande qui a le droit de cueillir ces grappes de raisins qui pendent au-dessus de nos têtes.



 
Mais le chemin ombragé ne mène nulle part, je suis obligée de prendre un taxi, c'est un vieil Ouïghour, je lui demande le centre ville mais il m'amène dans un quartier excentré... ça ne va pas...
je lui écris alors sur un papier : ??, il appelle 2 jeunes qui passent et leur demande de lire ce que j'ai écrit, ce qu'ils font, "ah ! zhongxin !" fait-il.
Bon, il ne prononce pas comme à l'Inalco ! Le plus drôle, c'est qu'il m'amène devant le bazar d'hier... j'étais à 200 mètres du centre ville et je ne le savais pas.
Inutile de descendre du taxi, si c'est ça le centre ville, il n'y a vraiment plus rien à découvrir...

                


 Je lui demande alors de me conduire à la mosquée Emin, mais il ne comprend pas ce que je veux, je regrette mon guide. Je finis par lui faire un dessin de ce que je pense être une mosquée, ça devait être pas trop mal car son visage s'éclaire et il m'amène exactement où je voulais aller.


 
                 


 
Le minaret cylindrique s'affinant vers le haut semble être en torchis, mais ce sont des briques disposées de manière à former des motifs.
 
Les murs de la mosquée sont bien en torchis. Ça a beaucoup d'allure, 



j'en fais le tour il y a des tombes parfaitement anonymes trop propres et trop neuves pour ne pas avoir été restaurées récemment. 



 


J'entre dans le sanctuaire soutenu par des piliers de bois blonds, c'est très émouvant, il n'y a personne, juste un jeune Chinois qui prend des photos à toute allure sans même regarder de ses propres yeux, il veut que je le prenne en photo puis disparaît
 
.


Lorsque ma visite est terminée, je réalise qu'il n'y a aucun moyen de transport pour retourner en ville.
J’attends longtemps au bord de la route et, par bonheur, mon jeune Chinois passe en voiture,
je lui demande soulagée de me ramener en ville.


 


Je vais manger quelques dumplings et des concombres au restaurant musulman à côté de l'hôtel Turfan, c'est bon mais terriblement huileux.
 
En partant je remarque un Saint John's café, ça doit être une chaîne car j'en ai déjà vu. Trop bête de ne pas l'avoir vu avant.
Demain je quitte Turpan, si j'ai le temps j'irai manger quelque chose là-bas.
En passant devant le cybercafé, je l'ai trouvé barricadé, l'Internet n'est pas près de remarcher...

samedi, août 15 2009

Urumqi après les émeutes

 

Vendredi 17 juillet       vers  Ürümqi

 Jour 25


 

             
 
 
Ce matin, je n'ai envie de rien... ni de lire, ni de faire du chinois, ni de faire mes bagages...  alors je vais à la fenêtre observer les recycleurs de déchets.  



Ils sont justement en train de traiter des métaux avec une espèce de moule à gaufres électrique qui leur permet de compresser le métal... ils ont donc un équipement malgré la pauvreté générale du lieu. Il en sort un long cube de métal que ne renierait pas César et qui est déposé sur une pile déjà constituée, puis les déchets non métalliques qui dépassent, sont brûlés.
 
Dans la salle de bain, le tuyau d'évacuation en plastique du lavabo s'est détaché, si bien que lorsque j'ouvre les robinets l'eau s'écoule sur le sol me gratifiant en même temps d'un vigoureux bain de pied. Ce n'est pas le premier hôtel où ça arrive mais pour un hôtel neuf, c'est étonnant. Leur plomberie n'est pas au point, leurs toilettes non plus, je suis chaque fois angoissée lorsque j'actionne la chasse d'eau car elles ne sont souvent pas assez puissantes pour tout évacuer et elles me laissent parfois dans le plus grand des embarras. Lorsqu’elles fonctionnent bien j'ai le cœur inondé de joie....
On a les petits bonheurs qu'on peut !


 

 Le mieux, pour lutter contre la morosité c'est de s'offrir un bon petit déjeuner et de reprendre la route. Je vais donc tester le Saint John’s café de l'hôtel Tulufan et, bonne surprise, on déjeune dehors sous une treille. Je suis la seule cliente.
J'observe 4 femmes louer et tester des vélos lorsqu'une énorme chenille de la taille d'une souris tombe de la treille... heureusement elle s'écrase sur le sol et pas dans mon café !
Mm... Du beurre, du miel, des toasts, c'est le grand luxe dans un joli endroit.
 
Je pars boucler mes bagages pour prendre le car pour Urumqi qui part aussitôt. Le car est confortable.
Le voyage ne dure que 2 heures 30, grâce à l'autoroute. 
 

 
Le paysage est tellement étrange que je ne vois pas passer le temps.
 

 
Pendant longtemps on roule dans un désert plat avec des petites montagnes à l'horizon qui se rapprochent de plus en plus,


 
on finit par des gorges, au loin, sur ma droite, des montagnes enneigées surgissent, puis sur la gauche également, ce sont  les Tian shan... c'est un contraste saisissant de déserts et de cimes enneigées.
 
 
 
De longs tuyaux blancs sont disposés régulièrement sur les côtés de la route, j'imagine que c'est la construction d'un pipeline pour acheminer le pétrole, mais je finis par comprendre que ce sont des mâts d’éoliennes, j'en vois en construction, d'immenses champs à perte de vue… Qu'on ne dise plus que les Chinois ne se soucient pas d'écologie ! 
 

 
Peu à peu la verdure réapparaît d'abord timidement, le car continue sur une plaine verdoyante où paissent des vaches, des moutons, des chevaux et même des chameaux, des vrais, ceux-là ne sont pas apprêtés pour les touristes comme à Dunhuang !
 

 
Au bout de 2 heures, le car fait une pause, il fait frais, si frais que je pense que l'altitude est élevée, un petit vent frais m'empêche d'allumer ma cigarette. Je demande à quelqu'un s'il connaît l'altitude, il me répond "lingxia..." et, avec des gestes il me dessine une cuvette : il est en train de m'expliquer que nous sommes toujours dans la dépression de Turfan. Je suis très étonnée.
 
 
 
Nous reprenons la route, ça devient très vert avec des arbres puis, 
 

 
Urumqi apparaît entourée de montagnes, le moral est revenu, cette ville semble moins laide que je ne pensais, elle est très colorée.


 

vendredi 17 juillet         Ürümqi

Jour 25 (suite)


 Je descends dans l'hôtel conseillé par lonely planet. Au moment de monter dans un taxi pour l'hôtel "Kong Que Dasha", le chauffeur qui ne comprenait rien à ce que je lui indiquais, me prend le LP des mains et, avec l'index, lit le nom de l'hôtel pourtant inscrit en caractères latins. Je suis sidérée, j'ai vérifié, il n'y avait pas de transcription en chinois.
 
Ce que j'avais lu est donc bien vrai : avant, les Ouïghours utilisaient l'écriture latine et ce sont les Hans, (une mesure de Deng Xiao Ping) qui leur ont imposé l'écriture arabe parce que ça éfavorisait leurs enfants dans l'apprentissage de l’anglais. Ça paraît énorme mais le chauffeur de taxi, un vieil homme, a lu sans hésitation et a tout de suite su où je voulais aller.
Cela me rappelle le chauffeur de Turfan qui ne savait pas lire le chinois.



Ici tout est bilingue : écriture chinoise et arabe parfois s'y ajoute le russe.
Je commence à comprendre le ressentiment des turcophones : les Hans ont tout colonisé, ils ont construit des quartiers à leur image et se comportent en vrais colons. Les besognes les plus sales sont réservées aux Ouïghours.
 
Je me sens de nouveau en forme et j'ai presque envie de pousser jusqu'au nord, vers l'Altaï et la frontière russe.
 
La police et l'armée quadrillent la ville, des camions de l'armée remplis de soldats, mitraillette au poing sillonnent la ville.
Les contrôles sont nombreux, je dois souvent montrer mon passeport, mais je vois bien que je ne les inquiète pas, c'est juste de la curiosité. Il n'y a aucune agressivité dirigée envers moi comme à Lanzhou.
 
 
 
Je vois passer une brigade vêtue de noir portant dans le dos l'inscription "police" en caractère latin, je me demande d'où ils sortent.
Je prends un risque énorme, il ne faut surtout pas prendre de photos
 
 


La ville à l'air très paisible, on a du mal à imaginer que 10 jours plus tôt il y a eu ici des émeutes sanglantes.
 
Cette ville me plaît beaucoup. Je crois que je vais y rester quelques jours. Comme je suis dans le quartier des Chinois Han, je  m'y sens tout de suite plus à l'aise. Je mesure combien je me suis bien adaptée à la vie chinoise des Hans.
D’abord il y fait frais, ce n'est peut-être pas le cas, mais après la chaleur de Turpan, j'apprécie beaucoup.
Ensuite, la nourriture envahit à nouveau les rues, cuisine chinoise, turque, occidentale, c'est un vrai bonheur, 


 

 
Au coin de la rue, il y a même un KFC. (quartier de Hong Shan)
 
Après un peu de repos, je sors pour visiter le musée du Xinjiang, je cherche le bus n°7 mais je ne le trouve pas, l'attraction du KFC est plus forte (il est 15 h et je n'ai pas encore déjeuné) J'y vais. Un policier à l'entrée contrôle les sacs.
Quel délice de manger une délicieuse escalope de poulet panée avec de la salade et de la mayonnaise !
Je ne fréquente jamais les fast food à Paris, mais en Chine je m'y précipite, trop heureuse de retrouver des produits occidentaux.
 
Cela me laisse le temps d'observer les gens. Les clients sont tous des Han. Des jeunes, tout à fait branchés, et qui ont les moyens.
 

 
Je m'attendais à trouver une ville de province misérable et sinistrée et je trouve une capitale moderne, dynamique, une ville propre et pas trop dégradée. Y a-t-il vraiment eu des émeutes ?


 
Les gens vont et viennent paisibles. Je pense qu'il ne doit pas en être de même dans les quartiers musulmans.
Je ne sais pas où ils se trouvent ni si c'est vrai qu'on ne peut pas y entrer.


 
 

En sortant du KFC j'entre dans un joli petit parc en restauration. Cette verdure est apaisante après tous ces voyages dans les déserts.
Dans un petit kiosque, 4 femmes s'initient à la valse, elles me sourient, je lève le pouce pour leur dire que c'est bien, elles m'invitent à les rejoindre, mais je dois aller au musée, dommage...
 

 
Je traîne encore un peu, observant les ouvriers rénover ce qui devait être une maison de thé,
et d'autres qui pavaient les chemins, si bien qu'à l'arrivée au musée, celui-ci était déjà fermé.
Pas de chance, je reviendrai demain.
 
 
 
Cette fois je trouve le bus 7 et je peux me débrouiller toute seule pour retourner à l'hôtel. Ici aussi, pas d'internet, les jeunes qui étaient présents au cybercafé venaient pour jouer. Je ne reçois plus ni SMS ni téléphone, c'est étonnant que ça ait pu fonctionner le premier jour, je me demande si le courrier postal fonctionne, mais le temps qu'une lettre arrive à Paris je ne serai probablement plus au Xinjiang.
Je mesure combien nous sommes devenus dépendants des communications.
J'écris beaucoup aujourd'hui, je pense que c'est pour compenser le manque de communication.
Ce carnet de voyage est mon seul lien... écrire, soulage.

 

Samedi 18 juillet             Urumqi

 Jour 26


Je ne sais pas si c’est psychosomatique, mais je ne cesse d’avoir de petits ennuis de santé, aujourd’hui c’est une lombalgie qui me raidit le dos et la fièvre revient. J’ai bêtement jeté les boîtes de médicaments, les croyant vides, alors qu’il restait une seconde plaquette.
A 8 heures j’étais pourtant prête devant le KFC pour un petit déj mais, il n’ouvre qu’à 10 heures. Je remarque qu’autour de moi, toutes les boutiques sont closes : la vie ici, ne commence qu’à 10 heures, heure de Pékin. Pékin est à plusieurs fuseaux horaires, donc le Xinjiang s’adapte en reculant les heures de travail : il fait jour jusqu’à 22 H 30. J’ai  2 heures à perdre…
En me baladant, je découvre un autre parc, également en travaux, Urumqi se fait une beauté. Le parc est rempli de monde, on y danse, on y joue au badminton, on y fait ses exercices quotidiens et plusieurs groupes font du taiji sous la direction d’un maître.



Celui que j’observe en pyjama de satin bleu pâle a une grâce, une élégance dans ses mouvements lents qu’aucun de ses disciples n’atteint.



A cette heure, toute la Chine s’agite dans les parcs ou dans la rue (même dans le couloir des trains) pour la gymnastique quotidienne. Les medias déversent des tonnes de propagande pour les inciter à se maintenir en forme. Comme ils sont de bons citoyens, de bons petits soldats, ils absorbent les slogans comme des buvards. Mais si certains y mettent beaucoup de conviction d’autres ont le geste mou, inachevé comme nos lycéennes lorsqu’elles ont décidé que la gym ne les intéressait pas !



Plus loin un parcours de santé propose plusieurs installations, j’en profite pour étirer mes vertèbres douloureuses mais ça ne me soulage pas.
Plus loin encore, sous un corridor, des gens dansent sur une musique orientale. Un vieux monsieur, sentant l’ail m’invite à danser, comme je refuse, il me tire par le bras pour que je le suive, il m’envoie son haleine à la figure, c’est assez désagréable, je ne comprends pas sa manière de parler… Mais il m’entraîne sur la piste, je vais être parfaitement ridicule, mais bon… allons-y. Il commence à esquisser quelques pas et c’est un danseur fabuleux. Je ne comprends rien à ses pas et je reste parfaitement immobile subjuguée… j’applaudis et je me sauve discrètement sans me retourner.
Tiens ! Un vendeur de livres d’occasion! Il y en a plein le sol parfaitement alignés. Je fouine et je tombe sur « Rêves dans un pavillon rouge » (autre grand classique) en bandes dessinées traditionnelles, quelle aubaine, il ne m’en coûte que 2 euros, encombrant mais pas trop lourd. Je ne comprends rien au texte de style trop précieux mais des dessins ravissants me donnent presque envie de les colorier !



Ce parc est interminable, les deux heures se sont écoulées agréablement. Après le KFC, je retourne au musée, bien ouvert cette fois et gratuit. On y trouve des objets provenant des fouilles de la région, dont plusieurs momies.



photo internet : la belle de Loulan

L’une d’elle « la belle de Loulan » est devenue un symbole pour les minorités du Xinjiang. Franchement j’ai du mal à trouver de la beauté dans une momie !

        
 
Une partie du musée est consacrée aux différentes ethnies avec des mises en scènes très plaisantes de leur environnement : Ouïghours, Kazakhs, Mongols, Kirkizhs, Russes etc. ce qui me frappe, c’est que toutes ces ethnies n’ont rien à voir avec la Chine mais s’apparentent plus à l’Asie Centrale, voire l’Europe centrale. Je comprends de plus en plus les ressentiments des Ouïghours d’avoir été envahis et dépossédés même si Pékin apporte des équipements… en profitent-ils vraiment, je crois que ces équipements servent uniquement aux Hans.

                                (photo internet)


J’ai découvert dans une vitrine une peinture de Fuxi et Nuwa (les premiers Chinois, un peu leur Adam et  Eve) dont les corps de serpents s’entrelacent. Pénélope, notre professeur d’histoire nous l’avait montrée en diapo. Un gardien m’interdit de prendre des photos.
 
Les jardins du musée servent de base à l’armée, plusieurs brigades vont et viennent.

 
 
Et voilà ! le photographe s'est fait repérer.... !  photo internet

En ville, à certains carrefours, sous un parasol carré, quelques soldats scrutent, immobiles, chacun tourné vers un point cardinal différent, ça a de l’allure, je meurs d’envie de prendre une photo mais vraiment, je n’ose pas. Ces scruteurs sont disséminés un peu partout..
 
Retour à l’hôtel. J’ai acheté cette fois des abricots aussi bons que tous les autres fruits d’ici. Si je ne sais pas quoi manger je pourrai au moins me régaler de fruits.
A l’agence de voyage de l’hôtel, j’achète une excursion pour le Tian Chi (lac céleste). C’est un lac dans les Tian Shan à 2000 mètres d’altitude à 2 h 30 d’Urumqi.
Un couple de Français, l’un de Paris, l’autre de la Réunion et qui retournent sur Pékin, acceptent d’envoyer de là-bas quelques mails pour moi. Je me demande comment se débrouillent les hommes d’affaire sans internet. Comment fait l’agence pour réserver les billets ?
 
Ça peut tourner à la catastrophe économique. Les Français m’ont dit que les quartiers musulmans ne présentaient aucun intérêt, il vaut mieux attendre Kashgar.

vendredi, août 14 2009

Lac Tianchi

 

Dimanche 19 juillet            Tian Chi   (Lac Céleste)

Jour 27
 
 
Aujourd'hui, je pars avec un groupe de Chinois pour une excursion dans les Tian Shan (montagnes célestes). Cela va me reposer d'être prise en charge et de ne pas avoir à courir après des bus et des horaires.
Notre guide ne parle que chinois et je ne comprends rien ou pas grand chose de ses explications. Une dame vient me parler, elle a très envie de communiquer mais son accent est tellement prononcé que je ne la comprends pas du tout et elle ne capte pas le mien non plus.

Nous retrouvons très vite le désert et, au bout d'une heure on aperçoit les Tian Shan auréolés de neige et nous commençons à monter.



Il y a des torrents qui cascadent dans tous les sens.



Du parking nous rejoignons un télésiège, ce qui est épatant pour observer le paysage à vol d'oiseau. Nous "survolons" une belle forêt de sapins, n'est-ce pas étrange alors que nous sortions juste du désert, il y a quelques instants ? Ici, les déserts viennent se fracasser contre de hautes montagnes. Nous marchons 10 minutes pour atteindre le lac,



Et, s'il n'y avait pas des portiques et des pagodes, je me croirais dans les Alpes suisses...



Le lac bleu-opale est bien joli. Il fait frais.



Des groupes de yourtes sont disséminés un peu partout pour ceux qui veulent y passer la nuit. Quelques vaches broutent et le personnel de la station porte de beaux costumes traditionnels rehaussés de broderies comme en Europe Centrale.

Le repas compris dans le prix de l'excursion, consiste en une écuelle de riz avec quelques traces de carottes. C’est un peu maigre.



Nous visitons un temple après avoir grimpé 300 marches.


Il est vilainement restauré, c'est criard, dommage ce ripolinage gâche un peu le plaisir.


 




Au retour nous sommes obligés de visiter les inévitables usines pour l'achat des souvenirs :

à l'aller on avait droit aux plantes médicinales et au retour, au jade. Ces visites sont horripilantes qui font perdre un temps qu'on aurait aimé consacrer au site qu'on est venu visiter. Mais, c'est pareil dans tous les pays, les guides touchent un pourcentage sur les ventes, c'est donc un système qui n'est pas près de disparaître.

Sur le chemin de retour je suis frappée d'observer qu'un côté de la route c'est le désert aride, et, sur l'autre côté, l'eau ruisselle dans les canaux au milieu des cultures de maïs et de tournesols.....

Nous traversons les quartiers très pauvres de la périphérie, faits de petits blocs de béton.

De retour dans le quartier de l'hôtel, j'ai l'impression que l'armée y est encore plus présente que les jours précédents. Je me demande s'il y a eu de nouveaux incidents, je n'ai aucun moyen de le savoir.

Je me suis plainte à la réception de l'hôtel car je reçois sans cesse des coups de téléphone jusque tard dans la nuit, j'ai même été réveillée à 1 heure du matin, sans pouvoir me rendormir par la suite. Ce sont des masseuses qui proposent leurs services …  Enfin, quand je dis "masseuse "... c'est sûrement bien plus que des masseuses. Si je débranche le téléphone pour être tranquille, ça sonne quand même, pas moyen de retirer la prise car le fil entre directement dans le sol et dans l’appareil. Il me faudrait des ciseaux... mais je n'ose pas !

(à suivre)

jeudi, août 13 2009

Retour à Urumqi

 

Lundi 20 juillet             Urumqi

Jour 28

Aujourd’hui, je ne fais rien de spécial, j’ai acheté une excursion de 4 jours pour le nord du Xinjiang afin de découvrir le lac Kanas qui est le plus beau site de l’Altaï et qui marque la frontière de la Mongolie, la Russie, le Kazakhstan et la Chine.
J’essaie aussi d’organiser la suite du voyage : le grand marché de Kashgar, mon point d’orgue, a lieu le dimanche, et dans le meilleur des cas, je n’y arriverai que le dimanche après-midi… alors, attendre encore une semaine ? Je n’ai pas envie…

Autre sujet de réflexion : le retour, j’aimerais prendre la route méridionale du Taklamakan puis traverser par Golmud sur le plateau du Qinghai mais c’est en altitude entre 3000 et 4000 mètres, pendant plusieurs jours et le mal des montagnes m’inquiète, je garde de mauvais souvenirs du Sichuan où j’en avais vraiment souffert. C’est pourquoi j’ai renoncé d’aller au Tibet, c’est une grande déception. Je dois réfléchir à tout cela.
Lassée d’avoir à laver tous les soirs mon linge avec du shampoing dans les lavabos des hôtels, j’ai envie de tenter un « pressing », je confie 2 pantalons à une petite échoppe du coin où une repasseuse s’active avec un vieux fer pas très performant.
En sortant de la boutique un jeune homme m’interpelle : « tu ne me reconnais pas ? On s’est rencontré à la gare de Xi’an » … Effectivement, je m’en rappelle vaguement, nous avions longuement discuté dans la salle d’attente. C’est incroyable de se retrouver ici à des milliers de km de Xi’an ! Il est avec son amie, donc je ne prolonge pas la discussion.
A la boutique où j’achète mes cigarettes, je n’ai plus besoin de demander ce que je veux….. J’ai déjà mes habitudes dans cette ville.
J’ai besoin d’un tout petit carnet pour noter mes demandes en chinois lorsque les gens ne me comprennent pas, c’est très efficace,



je vais donc faire un tour chez Parkson, le grand magasin à côté du KFC. C’est luxueux et tout en marbre sur plusieurs niveaux. Il y a peu d’acheteurs, j’ai trouvé mon petit carnet au rayon « écolier ».
J’adopte toujours la technique que mon chat m’a apprise quand je suis dans un nouveau lieu : j’explore prudemment le pâté de maisons autour de la porte de l’hôtel puis je fais des cercles de plus en plus larges. J’arrive à être tout à fait à l’aise dans un quartier, « mon quartier », lorsque je connais  où sont les points stratégiques. Ensuite je peux m'aventurer rassurée, dans le reste de la ville.

Mon objectif est d’élargir le cercle jusqu’à enjamber une autoroute pour rejoindre le centre de Hongshan où se situent les plus beaux immeubles, il y a même une tour qui imite la Chrysler de New York.

Les boutiques de mariage se multiplient partout

Et c’est avec ahurissement que je découvre l’opulence de cette ville, les rues débordent de marchandises et sont remplies d’acheteurs, il y a de la fripe et des grands magasins. C’est sûr, Urumqi ne connaît pas la crise. Tout ce monde me donne le tournis et je fais demi-tour en direction du parc du Peuple où j’étais l’autre jour. Or, il n’y a que 2 portes à chaque extrémité nord et sud. Ceux qui habitent l’est ou l’ouest sont obligés de marcher très longtemps pour y accéder, alors ils choisissent plutôt d’escalader la grille.

J’ai observé des gens de tous les milieux et de tous les âges grimper ces grilles de 2,50 mètres de haut. Les gens me disent d’en faire autant, je ne prendrai pas ce risque, j’en suis bien incapable.

Je croise pour la seconde fois un petit vieux misérable qui porte trois baluchons de plastique sur un bâton, en ce moment il s’est assis au bord d’un trottoir, un bol blanc posé devant lui. Je me dis qu’il faut lui donner un petit billet, il fait vraiment peine à voir. Il y a assez peu de mendiants en Chine. Mais au moment où j’allais déposer mon billet dans son bol, j’aperçois à temps, qu’il est rempli d’eau. Et mon petit vieux était occupé à compter une liasse de billets !
Je rempoche mon billet et je vais acheter un « nan », c’est un pain rond et plat saupoudré de graines de sésame, chaud, c’est absolument divin, ce sera parfait avec les brochettes que je vais acheter plus loin. Je paie tout de suite mes brochettes et me régale.

Barbecue à brochettes

Il ne me reste plus qu’à rentrer, mais après quelques 200 mètres, je vois la vendeuse de rochettes me courir après, pensant que j’étais partie sans payer. Quelle honte dans la rue devant tous ces Chinois si curieux et toujours à l’affût d’un événement intéressant. Je lui rappelle que je l’ai payée avec un billet de 50 yuans et, comme elle n’était pas convaincue, je lui montre la monnaie qu’elle m’a rendue et qui était enroulée dans mon porte-monnaie. Heureusement, ça finit par rafraîchir sa mémoire et elle me laisse partir. Tout cela était bien embarrassant. Comment a-t-elle pu oublier ? Je suis la seule occidentale ici.
Mes pantalons étaient prêts à l’heure convenue, je suis satisfaite. Je termine la journée au cybercafé pour regarder mes photos et les sécuriser sur un petit disque dur que j’avais emporté dans les bagages. Elles sont moins pires que ce que je pensais, mais celles qui ont été prises à travers les vitres sales d’un bus en marche sont très décevantes.
J’achète le billet de train pour Kashgar, ainsi je sais ce que je vais faire les 6 prochains jours. Je commence à mieux m’organiser.
Je ne travaille plus le chinois parce que le voyage a pris le dessus et aussi par découragement, je crois que je n’arriverai jamais à parler cette langue… à la lire et l’écrire peut-être, mais comprendre et parler, je crois que c’est trop tard. Je vais me contenter de mon chinois de survie qui me suffit pour régler les problèmes quotidiens. Je pense avoir perdu trop d’ouïe pour assimiler les subtilités de la prononciation . Trop de sons différents me semblent identiques.

mercredi, août 12 2009

Buerjin

 

Mardi 21 juillet                           Buerjin

Jour 29

Quelle folie m’a prise de monter au nord du Xinjiang ? C’est un voyage harassant, 14 heures de car brinquebalant à travers le bassin de Dzoungarie qui est encore un vaste désert et dont une grande partie s’effectue sur piste. Comme le chauffeur ne se sert pas de ses vitesses, on monte avec difficulté et, en descente, il freine sans arrêt sans jamais rétrograder ses vitesses.

Dans notre groupe, il y a deux couples de Ouïghours, lorsqu’ils bavardent, leur langue a des consonances arabe, mais, j’ai lu quelque part qu’ils peuvent dialoguer avec des Turcs, ils parviennent à se comprendre.

 

Contrôle de police

A chaque contrôle de la police, il y en aura 3, la police examinait leurs papiers et il fallait attendre longtemps le résultat des vérifications. Moi, on me prenait chaque fois pour une Russe (la frontière n’est pas loin) et on me laissait tranquille lorsque je précisais que j’étais Française, sauf la 3ème fois où j’ai dû moi aussi présenter mon passeport.

Parcours donc difficile, mais avec des paysages comme je n’en avais jamais vu auparavant :

D’abord, à la sortie d’Urumqi on arrive sur une vaste plaine avec des cultures intensives de ce qui me semblait être des haricots.

Ensuite, c’est le désert, toujours plat, peu à peu on entre dans les champs pétrolifères, il y a des pompes à perte de vue. Les villes sont construites autour de ces champs.

Ensuite, il n’y a plus de pétrole mais des collines rongées par le vent comme dans les westerns de John Ford. 

On peut visiter un site ou les collines déchiquetées ressemblent à une ville fantôme. Il me semble avoir compris le guide qui expliquait que Zhang Yimou y avait tourné un film. Cela ne manque pas de grandeur mais je me sens oppressée et il fait très chaud.

Ce n’est vraiment qu’au nord que le désert s’efface peu à peu pour laisser la place à un paysage étonnant de pâturages mongols. La végétation revient, d’abord toute pâlotte, verdâtre, sur de petites collines coniques au pied desquelles sont disséminées des yourtes et des troupeaux de chevaux, de vaches, de moutons, de chèvres et même de chameaux.

C’est tout à fait l’image que je me faisais de la Mongolie qui est toute proche.

Mais, ce qui est drôle, c’est que des 4x4 sont garés devant les yourtes et juste à côté, des piles photovoltaïques et des antennes paraboliques. Cette rencontre entre tradition et modernité est très plaisante. Vu de mon bus, il  y a quelque chose du paradis terrestre mais je ne suis pas sûre que ces semi-nomades partagent mon impression.

Et les couleurs ! Du vert tendre aux blondeurs des plantes desséchées et du sable qui contrastent avec les montagnes violettes. Tout cela,  sous un ciel bleu intense avec quelques jolis nuages blancs tout ronds. Au loin, d’autres chaînes de montagne vibrent dans le ciel.

Buerjin que nous atteignons vers 10 heures du soir a plutôt l’air d’un gros village, plutôt joli, sans tours, j’ai l’impression de retrouver l’architecture coloniale de Macao.

Notre hôtel : tout beau à l'extérieur, une horreur à l'intérieur !

A l’hôtel, on ne voulait pas de moi, parce que je ne suis pas Chinoise, je devais me chercher un autre hôtel. Je me suis fâchée (je me suis souvent fâchée pendant mon séjour…) dans l’émotion les mots me sortaient très facilement, mais ça devait être un sacré charabia, c’était assez efficace, je crois que ce n’était pas difficile de comprendre mon état d’esprit ! Je m’en suis prise à l’hôtelier, au guide, à l’agence, alors suite à mon verbiage chaotique, j’ai obtenu de pouvoir loger avec mes compagnons de route…. Ce que j’ai très vite regretté par la suite. Je connais à présent les motifs de cette ségrégation : C’est pour que les touristes étrangers ne voient pas l’état déplorable de leurs installations sanitaires… j’aurais mieux fait d’aller toute seule à l’hôtel d’à côté ! Malgré mon esclandre, le guide m’a invitée à dîner avec lui au marché de nuit de la ville mais nous avons dû écourter le repas tant nous avons été dévorés par les moustiques.

( suivre)

mardi, août 11 2009

le village mongol

 

 

mercredi 22 juillet       Le village mongol du lac Kanas   

Jour 22

 
 

Nous avons rendez-vous à 6h30 pour prendre la route du lac Kanas dans le massif de l’Altaï à 170 km au nord de Buerjin. C’est une route de montagne, nous franchissons plusieurs cols et nous mettrons 4 heures.

 A l’arrivée, nous déposons nos bagages dans des bungalows puis, nous longeons le lac en  bus qui ne s’arrête jamais,c’est agaçant car je rate toutes mes photos qui sont bougées ou carrément hors champ à cause des secousses.

A l’entrée  du parc, il a fallu changer de bus.

 

Le guide donne des tas d’explications que je n’écoute même pas car je ne comprends pas grand-chose.

Il oublie de m’indiquer quelles sont les activités proposées ni qu’on doit se retrouver à 18h30. 

Au bout d’un moment, je ne vois plus personne, je me sens un peu idiote…

tant pis, je vais me débrouiller toute seule, je descends du bus et je marche le long du lac.

Je finis par comprendre que le groupe est parti en zodiaque sur le lac. J’aurais dû être plus attentive.


 

 

Je retrouve un vieux Chinois du groupe assis sous un arbre (en fait il est plus jeune que moi, je l’apprendrai plus tard)

Il m’invite à m’asseoir auprès de lui. Je suis trop contente de retrouver quelqu’un…

Puis, mon voisin de car arrive aussi, cela me rassure.

 

 

 

 Il se met à pleuvoir des cordes, les belles couleurs opales du lac s’estompent pour un paysage plus gris mais cela ne me déplaît pas, mais, pour les photos c’est encore raté !

Comme il est 13 heures et que les autres pique-niquent, je mange les pêches et les gâteaux que j’ai dans le sac.

 

 

 

Ensuite nous marchons le long du lac jusqu’à un embarcadère

où 3 jeunes proposent aux touristes de poser en compagnie de leurs aigles royaux.

 

 

Dans le ciel planent d’autres aigles, libres ceux-là, c’est très impressionnant… Mes compagnons veulent rentrer à pied, je quitte à regret le bord du lac, mais il y a plein de choses à voir et la forêt est belle.

 Nous passons devant un village de cabanes en rondins de bois,

 

 

 

 

 

 

lavage de cheveux ...

 

les maisons sont bien vieilles, l’herbe haute n’est pas fauchée, il y a des chevaux et des veaux, c’est tout à fait bucolique.

 

 

 

 

 

. Certaines cabanes abritent des épiceries… c’est le moment d’acheter des cigarettes bien que je ne fume plus depuis 24 heures mais la tentation est trop forte et je veux pénétrer dans l’une de ces épiceries.

 

 

L’épicerie est bien fournie bien que la pièce soit minuscule et qu’un lit occupe la majeure partie de l’espace.

Un téléviseur est allumé, il y fait très sombre.

J’apprends par mes 2 compagnons qu’il s’agit d’un village mongol. Je suis émue d’être ici.

 

 

J’arrive même à échanger quelques mots avec le Mongol de la cabane en train de soigner son cheval.

Il y a partout des antennes paraboliques même si les cabanes sont délabrées et les toits en très mauvais état.

 

 

à suivre : la yourte des Kasakhs)

 

lundi, août 10 2009

La yourte des Kazakhs

22 juillet (suite)

 

 

De retour dans les bungalows où nous avions déposé nos sacs, nous constatons qu’il n’y a personne alors nous attendons…

Au loin, des yourtes s’étagent sur le flanc de la montagne, comme j’ai envie de les voir de près, j’informe mon nouvel ami que j’ai envie de les approcher, il  propose de m’accompagner, j’en suis ravie ça va me rendre les choses plus faciles.

 

 

Nous approchons la première des yourtes.

 

 

Un homme nous invite à nous asseoir. L’ami chinois explique que j’ai envie de visiter un intérieur. En m’approchant de l’entrée de la tente, je vois qu’il y a des gens à l’intérieur, je n’ose donc pas m’introduire ainsi même si son propriétaire m’y a invitée. Je me contenterai de photos de l’extérieur.

Je laisse les hommes bavarder et  je monte seule en direction de deux yourtes situées plus haut.

 

Un homme est en train de dépecer un mouton… les gens me voient arriver de loin, je saurai ainsi si je suis acceptée ou si on me dit de filer. Je salue l’homme occupé à trancher sa carcasse de mouton, il me répond en souriant (c’est gagné), une jeune fille arrive qui me demande si je parle anglais. Quelle aubaine… elle se débrouille pas mal du tout dans cette langue, nous allons pouvoir discuter.

                                                

     Elle m’invite à entrer dans la yourte, je suis comblée !

 

 L’intérieur est propre et très bien rangé avec des tapis et des étoffes aux tons rouges rehaussés de broderies.  La moitié de la yourte est surélevée et sert de lit. Les couvertures y sont soigneusement repliées et empilées. Il doit y avoir 7 ou 8 dormeurs. Les parents ont une yourte particulière. Sur les parois  de la yourte des tissus colorés et brodés pendent, c’est chaleureux, vraiment joli. Y sont accrochés aussi toutes sortes d’objets.

 

. Devant le lit, une table longue est remplie de victuailles comme pour un buffet. La jeune fille m’invite à goûter aux plats. Il y a du lait caillé, du beurre qui m’a l’air bien rance, des gâteaux et des choses indéterminées. Je goûte un de ces gâteaux, il a effectivement un goût de rance très prononcé. J’ai du mal à finir cette « friandise ».

 

 

Mais, c’est la structure de la yourte qui est le plus intéressant avec son ouverture centrale et le jeu rayonnant des baguettes qui en font l’ossature.

La jeune fille m’apprend qu’ils sont Kazakhs. Ils passent l’été sous la yourte et l’hiver à Buerjin dans une maison en dur car il fait trop froid. Ils habitaient avant au Kazakhstan. Je demande à la jeune fille qui est étudiante, si cette vie lui plaît. Elle me dit que non, dans un soupir, elle préfère la ville.

 Elle me présente sa mère en train de laver la tête du mouton… que va-t-elle en faire ? Je n’ose pas demander. Je quitte ces gens avec regret mais je ne veux pas trop les déranger dans leur découpage de mouton… La peau gît dans l’herbe.

Quelle belle rencontre, j’ai envie de les revoir demain …

 

 

J’oubliais… les hommes possèdent des jeeps, des scooters, mais ils ont aussi des chevaux pour leurs déplacements : ils ont fière allure.

 

Il y a des piles photo voltaïques partout qui contrastent ....  

 

...avec leurs marmites qui traînent au sol.

C’est émouvant d’être au cœur de l’Asie Centrale au milieu de gens authentiques où tradition et modernité se conjuguent dans une nature très belle. Je me demande combien de temps cela va encore durer… les Hans viendront bien bétonner tout ça !

Mon Chinois m’attendait, nous sommes retournés au bord du lac à l’arrivée des zodiaques.

Nous avons marché longtemps.

Retour aux bungalows pour la distribution des chambres. J’attends mon tour dans un coin. Nous nous retrouvons à 4 dans une cabane encombrée de lits et rien d’autre. Pas d’eau, pas de toilettes… Les Chinoises sont indignées : grandes discussions avec le guide.  J’attends patiemment. Au bout d’une bonne demi-heure de palabres, le guide nous donne une chambre avec une salle de bain après l’avoir vidée de ses occupants (des hommes) qui ont sûrement dû hériter de notre cabane.

Comme les Chinoises bavardent entre elles, je redescends un interminable escalier pour m’alimenter, il y a longtemps que je n’ai pas fait un vrai repas. Il y un grand restaurant absolument désert (c’est trop tôt), où je suis en train d’écrire, je commande un « yu xiang rousi ».

Je suis très contente de ma journée, le village mongol et les yourtes kazakhs ont été une belle expérience. Le lac est bien joli mais, j’ai vu tant de beaux lacs de montagne en Suisse, en Italie et en France que cela ne me bouleverse pas particulièrement. 

Aujourd’hui, ça fait juste un mois que j’ai commencé mon voyage… il me reste encore un mois.

(à suivre)

dimanche, août 9 2009

L'aigle qui prenait le bus

 

Jeudi 23 juillet            Lac Kanas                 

Jour 31

 Lorsque je me suis réveillée à 7h30, les autres étaient déjà tous partis. J’ai passé une mauvaise nuit à tousser ce qui m’a mise terriblement mal à l’aise vis-à-vis des gens du dortoir. Personne ne s’est plaint et une dame m’a même apporté une boisson chaude au milieu de la nuit. En France on n’aurait pas manqué de me faire remarquer que j’empêchais tout le monde de dormir !

Je me demandais donc quoi faire aujourd’hui puisque que je n’ai aucune information et aucun plan ni carte de l’endroit. Il y a bien des navettes qui relient les différents points de départ des randonnées mais les noms ne m’évoquent rien. Je décide donc de prendre la navette qui se rend au bord du lac : j’ai 6 heures devant moi, nous avons rendez-vous à 14 heures pour le retour sur Buerjin.

A un arrêt du bus, un homme monte avec un aigle royal enveloppé dans une couverture (s’il déploie ses ailes, ça risque de remplir la navette !).

L’homme s’assied devant moi, j’ai donc la tête du rapace juste devant moi qui me regarde de ses yeux ronds. Son bec crochu est effrayant, nous nous dévisageons mutuellement. C’est la première fois que je prends le bus avec un aigle !

Le lac est plus beau que la veille. Il n’y a personne et  il ne pleut plus. A l’ombre, il fait froid. Je marche longtemps jusqu’à un pont où un écriteau annonce  « nouveau village Tuwa ». Les Mongols sont donc de cette ethnie. Je vois le village de loin, il ressemble à celui d’hier, voilà un bon but de promenade.

J’ai bien fait de venir car quelqu’un m’indique qu’une navette se dirige vers « Guanyuting », un sommet d’où on a une belle vue sur le lac et le pic de L’Amitié  (sommet de l’Altaï qui marque la frontière entre la Chine, la Russie, la Mongolie et le Kazakhstan).

A l’horizon, on distingue le pic de l’Amitié qui marque la frontière

On peut voir sur cette image la structure d’une yourte

Je prends donc cette nouvelle navette un peu inquiète car il ne me reste plus que 3 heures avant le rdv. Mais, la montée ne dure qu’un quart d’heure. Il me reste à gravir des centaines de marches pour atteindre le sommet. Il y a des fleurs de montagne partout, c’est un enchantement de couleurs. J’aperçois au loin le pic de l’Amitié enneigé.

Une image symbolique du lac : les pas de géant

Je suis vite essoufflée (en Chineles sentiers de montagne sont toujours en escaliers) malgré plusieurs pauses, je n’atteindrai pas le sommet mais je n’en serai pas loin, je suis aussi inquiète de l’heure du rdv. Comme ma moisson de photos est bonne je reprends le chemin du retour vers les bungalows pour manger et récupérer les bagages et me rendre à l’entrée de la réserve où nous attendent le car, le chauffeur et le guide.

Cette île est une autre image symbolique du lac, les couleurs sont authentiques c’est ce qui fait sa beauté

Dans la navette qui rallie le point de rdv, je suis à côté d’une adolescente de 13 ans qui me fait la conversation. Elle est très posée, bien éduquée (ce qui est rare, tant les enfants uniques sont gâtés : on les appelle les « petits empereurs »).Tout à coup elle m’offre une friandise du pays et je reconnais quelque chose qui ressemble à un caramel, de ceux qui étaient sur la table de la yourte de la veille. Elle me demande si j’aime, je lui réponds que c’est délicieux, mais c’est tout à fait infect. Je connaissais les caramels au beurre salé, aujourd’hui je teste le caramel au beurre rance ! Je profite que la jeune fille tourne la tête pour jeter le reste sous le siège du bus.

Les Ouïghours de notre groupe

Le guide et le chauffeur sont tout surpris de me voir arriver, car ils pensaient qu’ils auraient des problèmes avec moi, que je ne trouverais pas le lieu ou bien que j’arriverais en retard. Dans mon for intérieur, je me disais que si j’avais réussi à venir seule jusqu’au cœur de l’Asie centrale, il n’y a aucune raison que je sois incapable de trouver l’entrée d’une réserve. Et, ce sont finalement les Chinois qui sont en retard !

En attendant que tout le monde arrive, je me suis assise sur un muret. Tout à coup une toute petite vieille (je ne sais de quelle ethnie) se plante devant moi et s’assied par terre. Elle me dévisage longuement. Je fais exactement la même chose, aussi curieuses l’une que l’autre de l’étrangeté de nos morphologies. Nous nous saluons chacune dans notre langue.

Elle me dit quelque chose en montrant de son index son foulard blanc, puis se couche de tout son long et s’endort ! L’occasion est trop belle, j’immortalise ses traits burinés de montagnarde par une photo.

Il me faudra plusieurs expériences analogues pour comprendre la signification de son geste : en indiquant son foulard blanc, elle montrait sa surprise devant mes cheveux blonds, c’est ça qui la fascinait (ma taille aussi probablement)….

Nous reprenons la route pour Buerjin. La route est différente de l’aller : le bus s’arrête vers des dunes de sable pour ceux qui veulent faire du karting.

C’est bête, c’est bruyant et polluant. Alors que je suis agacée par ce genre d’activité, mes compagnons chinois se régalent et s’amusent beaucoup des quelques courageux partis à l’assaut des dunes, ils s’amusent de tout et rient aux éclats, moi je peste de plus en plus, vraiment nous n’avons pas la même culture.

Le désert hoquète, et on passe sans transition des verts pâturages aux dunes du désert et, de nouveau, aux plaines verdoyantes. C’est un des plus beaux sites que j’ai vu dans ma vie. Ces vallées préservées, sans béton, sans élément polluant laissent à imaginer ce que pouvait être la terre à ses origines. Des chaînes de montagnes alternent avec des plaines tantôt désertes tantôt très vertes. Des lacs à canards succèdent immédiatement aux dunes et, partout des troupeaux de chevaux, de veaux, de chèvres, de chameaux et des yourtes disséminées ou regroupées comme de gros champignons.

Au loin la chaîne des Tianshan

A Buerjin, nous retrouvons l’hôtel « la déglingue » mais je suis trop contente de pouvoir prendre une douche.

Le Xinjiang, c’est ça : des déserts aux pieds de cimes enneigées . Les photos de paysages sont décevantes car elles sont prises à travers les vitres sales du car qui roule !

Je m’endors en pensant encore à ces deux échanges si forts d’aujourd’hui : celui de cette petite vieille au foulard blanc et celui de l’aigle.

samedi, août 8 2009

Fichée par la police !

 

 

Vendredi 24 juillet       Second retour à Urumqi                

 Jour 32

Aujourd’hui, c’est le retour sur Urumqi avec ses 14 heures de bus éreintantes. Je suis folle de faire 2000 km juste pour voir un lac. Mais, j’ai le temps et les voyages sont bon marché en Chine car l’essence ne coûte rien ou presque rien.

Je me lève tôt afin de prendre quelques photos de Buerjin : je trouve son style néo-classique vraiment très étrange pour une région si éloignée de tout.

Les poubelles publiques sont intégrées dans le trottoir ! Vous voyez mon pied actionner le couvercle pour comprendre son fonctionnement… ça ressemble à nos vide-ordures.

Nous prenons une autoroute c’est moins intéressant qu’à l’aller, il n’y a plus l’effet de surprise. C’est du désert monotone, seules les couleurs changent passant du blond au gris, au rouge de la rocaille. Des plaines immenses vides de tout, ou, des reliefs aussi vides que les plaines.

A l’arrivée à Urumqi, on nous refait le coup de la visite de jade. J’ai reconnu l’immeuble rouge voisin qui m’avait frappée l’autre jour.

Comme le bus dépose ensuite chaque touriste à son hôtel malgré les embouteillages du soir, j’en ai bien encore pour 2 heures à patienter; je ne suis vraiment pas contente car ce voyage de 4 jours m’a épuisée. J’informe le guide que je ne suis pas étonnée qu’il ne me donne jamais aucune information et qu’on m’a déjà fait le coup du jade en allant au Tian chi. Sur ce, je prends mes affaires et rentre à l’hôtel en taxi laissant le groupe à sa visite d’usine. Cela fait du bien de retrouver le confort : un lieu propre avec salle de bain, des serviettes de toilettes, clim, télé et de quoi se faire du thé… Et, enfin seule ! Parfois, c’est un vrai plaisir. Je suis si contente de retrouver le KFC que je dévore mon poulet en 5 minutes. Suivent quelques courses chez Parkson pour mon long voyage vers Kashgar et je peux enfin me reposer.

Ce voyage dans le voyage valait vraiment la peine mais c’est plutôt pour des jeunes gens ou des vieux routards aguerris. Je garde des images d’une terre intacte.

 

Samedi 25 juillet       Fichée par la police !                

 Jour 33

Ça y est,… je suis fichée par la police d’Urumqi comme si j’étais une dangereuse terroriste ! Comme on m’avait confisqué mon couteau et ma fourchette au musée, j’avais racheté un couteau chez Parkson pour couper mes tomates et mes fruits. Il n’y avait pas d’inoffensifs couteaux ronds comme chez nous, le plus modeste des couteaux avait une lame suffisamment longue et pointue pour égorger… un animal. Cela m’inquiétait un peu.

J’avais eu le temps, le matin, de faire tranquillement mes bagages et je suis même allée à une maison de café que j’avais repérée il y a quelques jours. Ce fut un vrai moment de sérénité au 5ème étage d’un bâtiment jouxtant Pakson et le KFC. Comme je suis arrivée avant l’ouverture, une serveuse s’entraînait sur le piano à queue, elle jouait « yueliang daibiao wo de xin » une chanson que tout le monde fredonne et intraduisible (« la lune reflète  mon cœur » !)

Elle se débrouillait très bien, cela m’a vraiment étonnée. Je croyais que les serveuses étaient de pauvres paysannes sans instruction. L’endroit est luxueux et le café de Colombie était parfait (bien meilleur qu’en Colombie). Le prix élevé pour la Chine n’excédait pas ce qu’on paie sur les Champs Elysées.

Je quitte ensuite l’hôtel, où j’étais si bien, pour me rendre à la gare. Je rachète pour mon long voyage, un verre à thé, le précédent ayant été oublié quelque part, et quelques abricots. Tout le monde rit lorsque je n’achète qu’une tomate ou bien 4 abricots. Je ne vais pas, chaque fois, expliquer que je n’ai pas besoin de 3kg de tomates pour le pique nique d’une seule personne.

A l’entrée de la gare, lorsque mes bagages passent aux rayons X, le couteau est décelé. Je sors l’objet de mon sac à dos en expliquant qu’il me sert à couper ma tomate et mes fruits, que mes dents ne sont pas bonnes, que je ne sais pas manger avec des baguettes et que si on me confisque mon couteau je ne pourrai tout simplement plus manger… Tout ça en chinois, avec des trémolos dans la voix dans l’espoir d’amadouer le policier. Il prend mon passeport, mon billet de train et s’en va avec. J’attends longtemps, je suis inquiète, et si je rate le train ? Finalement il revient et note soigneusement mes coordonnées sur un cahier. Je dois lui écrire mon nom en caractères chinois (Ka Telin). Me voilà fichée, je n’ai pas intérêt à faire d’autres fantaisies pendant mon séjour. A ma grande surprise, le policier rouvre mon sac, et y glisse le couteau à l’intérieur ! Incroyable non ? Il est très étonné que je voyage seule. Je comprends donc que je ne les inquiète pas, mais, je suis quand même fichée.

J’ai encore une heure d’avance sur le train. Dans la salle d’attente, une petite jeune fille lit « les misérables » en version chinoise. Cela me fait bêtement plaisir. J’ai envie de lui parler mais elle est très absorbée par sa lecture. La culture française n’est donc pas encore tout à fait morte à l’autre bout du monde.

Ils nous refont le coup de la grande muraille ! des kilomètres de murs sont construits le long de la voie ferrée pour contenir le sable du désert, je suppose.

J’ai le temps d’écrire et de penser à mon voyage de 4 jours dans le nord.

Ces lieux qui me paraissaient idylliques et que je recherche éperdument toujours en quête d’authenticité, finalement, je pleure dès que je n’ai plus mon petit confort et, à bien y réfléchir, les aigles sont privés de liberté, les chevaux qui paissent ont les pieds entravés et les jeunes filles au fond des yourtes rêvent des lumières de la ville.

Le regard de l’aigle du bus me poursuit, il devait être terrorisé mais ne le montrait absolument pas, il était digne, fier, noble. Ses tentatives pour se libérer, aussitôt réprimées par son propriétaire ne lui faisaient jamais baisser la tête. J’ai compris pourquoi tant de royaumes et d’empires ont choisi l’aigle comme emblème. C’est un animal superbe. Je ne me lasse pas de regarder la photodu bus.

Le train est à 2 étages, et les compartiments sans porte n’ont que 4 couchettes. Ça sent le graillon. Dans mon compartiment il y a un de ces insupportables gamins que les parents autorisent à tout faire, ça va être pénible.

La région d’Urumqi est entourée de vastes prairies où pâturent des grands troupeaux de chameaux en liberté, on roule entre deux chaînes de montagnes, c’est toujours les Tian shan. Ici pas de neige. Le train qui est parti à 13 heures arrivera à Kashgar à 12 h 45. J’ai donc une chance de voir le célèbre marché du dimanche si je trouve rapidement une chambre d’hôtel, ce qui est très difficile le week-end, justement à cause du marché. Nous voilà à nouveau dans le désert pour 1500 km, ce sont des dunes de terre.

Le grand-père, l’affreux Jojo et son nouveau copain

Le grand-père du petit garçon n’arrête pas de roter bruyamment. J’ai eu des voisins plus distingués. Il finit par s’endormir et se met aussitôt à ronfler sans discrétion. Pendant ce temps, l’affreux Jojo a mangé tout le paquet de bonbons puis a caché les emballages sous l’oreiller du grand-père pour faire croire que c’est lui qui les avait mangés !

Voilà encore d’interminables champs d’éoliennes. Entre-temps mon petit garnement s’est trouvé un autre compagnon de jeu encore plus agité que lui. Ils jouent aux cartes, une espèce de bataille chinoise : on étale les cartes une à une, chacun son tour, et, celui qui pose une valeur déjà sur le tapis, emporte la série comprise entre les deux cartes de même valeur. Le second triche affreusement et hurle dès que son camarade gagne la levée. Du coup je trouve le premier garçon tout mignon car il ne bronche même pas.

A présent, ils sont 3 à hurler, à courir dans le wagon et à tout tripoter…

Nous sommes à nouveau dans un paysage de montagnes, les tunnels se succèdent et voilà que ces montagnes se recouvrent d’une fine pellicule de verdure comme des cheveux qui repousseraient sur le crâne d’un chauve.

Maintenant, à ma grande surprise, les montagnes se couvrent de neige, elles sont seulement à une ou deux heures de marche (un peu plus pour moi), pourtant on est en plein désert. Cette province est ahurissante. Sans m’en rendre compte, nous sommes montés à plus de 3000 mètres d’altitude, et je note que mes oreilles sont bouchées comme en avion. Les gens me disent que ce sont encore les Tian shan… mais elles sont au nord d’Urumqi et nous sommes très au sud… mais ils ont raison, la chaîne des Tian shan est immense, elle traverse le Xinjiang dans l’axe est-ouest, j’ai vérifié sur la carte.

(à suivre: le marché de Kashgar)

 

vendredi, août 7 2009

Le marché de Kashgar

 

               

 

Dimanche 26 juillet        Kashgar                

Jour 34

 

Me voilà arrivée à Kashgar, cela ne me procure aucune émotion particulière, pas même la joie d’avoir réussi toute seule mon défi. Ce doit être l’effet de la fatigue accumulée. Je dors aussi très peu. Ce voyage a été le pire de toutes mes expériences de train chinois à cause des 3 gamins qui ne cessaient de crier, de voyageurs qui riaient bruyamment jusqu’à une heure du matin et d’une famille envahissante qui ne cessait d’entrer et sortir du compartiment (qui n’était pas le leur) pour bavarder avec le grand-père. J’avais envie de leur dire de se calmer un peu, mais, je ne suis pas chez moi et ce n’est pas mon pays. J’ai juste crié une fois aux enfants « anjing, anjing ! » (Du calme, du calme) Ce fut efficace pendant 10 minutes. Je pense qu’ils ont été sidérés : « ah, vous savez parler le mandarin ? ».

 

Le désert était vraiment monotone. J’observais le long des voies un quadrillage de filets bleus découpant le sol en carrés de 50 cm. Je me demandais ce que ça pouvait être. Sans eau, ce ne pouvait être des semis.

Plus loin, les filets avaient été retirés laissant au sol des carrés de terre comme un pavage… Ils ne vont quand même pas paver le désert ?

Plus loin encore, les pavés de terre, plus anciens, sont constitués par le quadrillage de plantes qui pourraient  être des roseaux coupés… Et qui auraient poussé sous les filets bleus ? Toutes ces interrogations m’occupent un long moment. Tout cela reste sans réponse. De même, j’avais remarqué pendant des kilomètres, la construction d’un mur assez élevé. Je me demande si ce n’est pas pour freiner l’avancée du désert, ou bien, pour retenir le sable, l’empêcher de bloquer la voie ferrée. Le Taklamakan est réputé pour ses terribles tempêtes de sable.

A ma grande surprise, deux personnes m’attendaient à la gare de Kashgar avec une pancarte à mon nom chinois. Je trouvais ça très étrange. Serait-ce encore la police à cause de mon couteau ? Il n’y a qu’elle qui connaît mon nom. Je suis inquiète mais, finalement c’était l’agence à laquelle j’avais acheté mes excursions à Urumqiet mon billet de train. J’ai dû noter quelque part mon nom sur leurs nombreux papiers. J’étais quand même épatée. Ils m’ont conduite gracieusement à un hôtel convenable et pas cher. Bien sûr, ils espèrent que je leur achète les excursions de Kashgar. Je leur ai dit que j’étais fatiguée et que j’allais y réfléchir.

Cela m’a fait gagner beaucoup de temps. Je pars immédiatement aux deux marchés du dimanche : le marché aux bestiaux et le grand bazar. Il paraît que c’est le marché le plus important de l’Asie Centrale. Les gens descendent des montagnes dans un joyeux mélange d’ethnies.

tonte de moutons

Chèvres et moutons sont entravés les uns aux autres par le cou comme les perles d'un collier. Il fait une chaleur atroce. J'en ai vu souffrir beaucoup, haletants, la gueule ouverte, le regard affolé.

ceux-là ont au moins une bâche qui les protège du soleil.

Je me rends ensuite au grand bazar qui se situe à un autre endroit de la ville, ce marché a lieu tous les jours mais il est particulièrement animé le dimanche.

Il y a de la foule, des couleurs, des tas de marchandises comme dans tous les marchés.

Les femmes ici portent surtout de longues robes souvent rouges et recouvertes de strass et de paillettes. Derrière la marchande, on peut voir suspendues, quelques robes qui brillent et au sol des rouleaux de tissu aussi scintillants que les robes.

D’autres portent un tissu de laine marron qui leur recouvre entièrement la tête… avec la chaleur qu’il fait, c’est une violence faite aux femmes particulièrement féroce. Cette femme qui se dirige vers moi, est bien de face.

Ces marchés sont tout à fait photogéniques mais je manque de conviction, je me lasse très vite de la foule et de la chaleur. Je dois me reposer sérieusement.

Des fenêtres de la chambre d’hôtel, je découvre non pas les détritus habituels mais la vieille ville ouïghour. Quelle chance, j’irai explorer tout ça demain, j’y verrai plus clair.

Lorsque je regarde la carte de Chine, je suis effrayée de voir l’immense trajet qu’il me faut faire pour rejoindre Hong Kong. Habituellement, les voyageurs qui font la route de la soie,  prennent au retour, l’avion d’abord pour Urumqi, ensuite un autre avion pour aller… n’importe où, mais plus généralement vers Pékin.

Comme je suis juste, au niveau du budget, et qu’il me reste beaucoup de temps, je reviendrai par voie terrestre ce qui me permettra de faire encore plein d’autres belles découvertes.

 

jeudi, août 6 2009

Le problème ethnique

 

          

Cette carte permet de mieux comprendre les différentes ethnies qu'on retrouve au Xinjiang qui possède 8 pays frontaliers avec, non visible sur cette carte, la Russie au nord et la Mongolie à l'est. Les Ouïghours sont des Turcophones. Le Turkménistan oriental était initialement un état indépendant et souverain avant son annexion par la Chine en 1945 et sa nomination chinoise en Xinjiang qui signifie « Terre ou colonie nouvelle ». On ne peut être plus clair !

 

 

Lundi  27  juillet        Kashgar                 

Jour 35

Au réveil, je n’avais aucun désir, ni aucune envie de visiter Kashgar, j’étais vidée avec juste le désir de rentrer chez moi. J’ai rempli mon programme, mes nerfs ont tenu bon, j’ai fait preuve d’une certaine volonté à faire cette route seule, surtout depuis ces 10 derniers jours où je suis  privée de toute communication. Les mails des proches m’étaient d’un grand soutien. Certains vont penser que je suis forte et courageuse, en réalité, j’ai avancé sur cette route comme un automate programmé pour le faire vaille que vaille. Maintenant mon contrat est terminé. J’aspire à plus de tranquillité, j’ai besoin de retrouver mes repères. Cela reste impossible tant que je suis loin de tout. Je suis hantée par un vieux film russe d’Andreï Tarkovski, « Stalker », un des films philosophiques les plus barbant que j’ai pu voir mais dont l’empreinte reste forte malgré tout : c’est la longue marche de trois  hommes en quête d’une chambre mystérieuse. Après bien des obstacles, ils arrivent devant la porte de la chambre qu’il leur suffit d’ouvrir pour atteindre leur objectif, mais malgré toutes les souffrances endurées pour parvenir jusque là, ils renoncent à l’ouvrir, et s’en retournent chez eux... Je m’identifie totalement à ces personnages sans en comprendre le mécanisme.

                       

Après ces réflexions, je monte dans un taxi pour rejoindre l’hôtel que recommandait Lonely Planet et où se trouve une agence de voyage efficace. Hélas, ici, les chauffeurs de taxi ne me comprennent pas et ne savent pas lire le chinois. Déjà, hier, pour aller au marché des bestiaux, le taxi m’avait larguée n’importe où… celui d’aujourd’hui m’amène dans la bonne rue, mais au n° 340 alors que je voulais le 120. Je me dis que remonter la rue à pied me fera du bien après toutes ces heures de train, il ne fait pas encore trop chaud. L’hôtel à l’air plus sympathique que le mien, il y a surtout des occidentaux, Kashgar attire beaucoup de monde. Après avoir pris des renseignements (décevants) à l’agence de tourisme et bu un café au saint John’s du coin je me retrouve dans la rue. La vieille ville est juste à côté de l’hôtel, je m’y rends aussitôt en traînant des pieds, plus par devoir que par nécessité. Je croise pas mal d’occidentaux, des jeunes routards, je n’ose pas les aborder et eux ne le font pas non plus.

La vieille ville est un labyrinthe de rues étroites par moment couvertes par des maisons qui enjambent la rue.

            

Il y a de belles portes colorées, les murs sont en briques claires.

Un peu partout, des femmes voilées ou non circulent. Des femmes au voile de laine marron qui avancent comme des fantômes ou des femmes en robes rouges à paillettes qui brillent dans la lumière.

 

Dans l’artère principale, très commerçante, les échoppes de tapis, de bijoux, de souvenirs

 

alternent avec les vendeurs de nan (pain plat aux graines de sésame)

et aux bouchers qui coupent la viande à la hache, ça grouille de monde, je me laisse prendre par le charme et l’exotisme de ces ruelles mais, j’ai davantage l’impression d’être dans une rue du Caire ou d’Istanbul qu’en Chine.

 

Mes pas m’amènent sur une grande place où un bataillon de soldats se repose à l’ombre. Il me semble que l’armée est encore plus présente ici qu’à Urumqi. Sur la place se trouve la mosquée Id Kah qui date de 1442. Il y a de beaux jardins, l’entrée est payante, j’y vais, j’ai la tête et les bras nus mais on me laisse quand même entrer. Je laisse mes chaussures à l’extérieur, elles sont si poussiéreuses que personne ne me les prendra ! Le guide dit que c’est la plus grande mosquée  de Chine. Moi, je la trouve bien plus petite que la vieille mosquée de Xi’an qui a d’ailleurs bien plus de charme et qui est plastiquement plus belle.

Je ne sais pas si c’est le carrelage jaune qui donne cette lumière blonde aux jardins où est-ce la lumière de Kashgar ? J’y retrouve la même paix que dans les temples bouddhiques.

La chaleur devient intense, il est temps de retourner à l’hôtel pendant les heures chaudes. Le taxi cette fois, sait lire, mais il me fait faire un grand trajet pour gagner plus d’argent… ça m’est égal, ça me permet de voir d’autres aspects de la ville.

Justement on passe devant une statue géante de Mao. Le chauffeur me fait signe de la regarder. Je lui fais «  Mao Zedong ? » il est épaté que je sache de qui il s’agit et me félicite. Je ne trouve pas mes mots pour lui dire que le monde entier connaît Mao. On longe le jardin du Peuple.

Il est temps de retrouver la climatisation de l’hôtel, dans ma chambre une petite jeune fille fait le ménage. Je suis étonnée qu’elle me change les draps après une seule nuit. Elle m’offre un rouleau de papier de toilettes pour « votre rhume » précise-t-elle. Je devais renifler sans m’en rendre compte, mais sa gentillesse me touche.

Je rêvasse et repense au marché aux bestiaux. J’aurais pu y faire de belles photos mais de constater que les Ouïghours sont aussi cruels que les paysans Hans envers les animaux m’a vite rendue très triste. Comment peut-on être aussi indifférents aux souffrances des animaux, nous sommes tous des êtres vivants. Les images de moutons étouffants en plein soleil du désert m’étaient insupportables, c’est pourquoi j’ai écourté la visite.

Je dois absolument organiser mon retour, décider d’un itinéraire : soit prendre la route sud du Taklamakan et traverser le Qinghai à des altitudes de 3000-4000 mètres pendant plusieurs jours, soit faire la grande traversée du Taklamakan du sud au nord pour rejoindre Urumqi.

Auparavant j’aimerais monter au lac Karakul sur la route du Pakistan à travers le Pamir. C’est un must, je ne dois pas rater ça.

En ce qui concerne la route du retour par le Qinghai, j’apprends qu’il n’y plus de car, que seuls les camions montent là-haut. Si je veux m’y rendre, il me faut louer une jeep et un chauffeur pendant plusieurs jours. Ou bien, tenter le camion-stop. Et puis il y a le mal des montagnes… qui me guette. Très déçue j’opte pour la grande traversée du désert ce qui est aussi un beau projet mais je n’avais plus envie de retourner à Urumqi malgré tout le bien que je pense de cette ville.

Photo internet

Pour le lac Karakul, c’est une autre histoire. J’y pense depuis que le projet de faire la route de la soie m’a prise, c’était une étape-clé, un point fort de ma route. Je vais passer l’après-midi à courir dans tous les sens pour monter mon expédition, je vous épargnerai les détails.

Il existe un bus qui rejoint la frontière du Pakistan et qui passe par le lac, un bus pas cher du tout. Mais voilà ! Les autorités ont décidé que les étrangers devaient obtenir une autorisation spéciale délivrée par la police, et être accompagnés d’un chauffeur et d’un guide. Bien sûr, des agences vous organisent tout ça mais pour un prix tellement excessif que je ne peux me le permettre. J’ai de sérieux problèmes de trésorerie : puisque je suis seule je dois assumer seule aussi le prix des chambres d’hôtel et des taxis alors que c’était prévu de partager à deux, ça me double mon budget. J’ai dû renoncer à pas mal de sites trop coûteux pour cette raison, ce qui me permettait ensuite de pester envers l’ami qui m’a lâchée au dernier moment mais qui ne résolvait en rien mon problème immédiat !

J’ai donc couru avec l’aide d’un chauffeur de taxi compatissant, à la gare routière (introuvable), sillonné la ville dans tous les sens à la recherche de l’autorisation que je n’ai pas obtenue, téléphoné dans des bureaux de gens que je ne connaissais pas à des gens que je connaissais encore moins, discuté avec un anglophone qui me proposait de partir immédiatement avec lui, son équipage démarrant dans l’instant mais je n’avais aucun équipement avec moi, je suis encore passée 4 fois devant la statue de Mao, et j'ai marchandé avec des Chinois, pour finalement, au moment où j’allais renoncer à ce fichu lac, tomber sur un chauffeur qui se propose de m’y emmener le lendemain pour une somme à peine plus élevée de ce qu’aurait payé un Chinois. Il viendra me prendre à l’hôtel à 9 h, heure du Xinjiang, donc 7h heure de Pékin (il faut faire toujours attention quand on a un rdv dans quelle heure elle est exprimée).  Je suis un peu déboussolée.

Mon chauffeur de taxi m’a sortie d’une belle galère, je lui demande de me laisser au jardin du Peuple qui se trouve en face de la statue de Mao. J’y retrouve de la fraîcheur grâce aux pins, aux peupliers et aux pommiers qui ombragent les allées. Ici personne ne s’adonne à la culture physique.

On s’y promène, on y bavarde,

on y travaille aussi (c'est une Han),

mais surtout on y joue aux cartes. J’ai fini par m’y perdre et, à la sortie du parc, j’étais incapable de retrouver mon chemin. Je suis obligée d’interroger les passants qui ne savent pas où se trouve ma rue. Ce sont deux jeunes Hans qui finiront par appeler l’hôtel, qui enverra un groom me récupérer à l’endroit où j’étais. Je suis un peu vexée de ne pas avoir trouvé toute seule. Je repasse pour la 6ème fois de la journée devant Mao : pour me rendre à l’hôtel il ne faut surtout pas suivre la direction qu’il indique, il faut au contraire bien prendre sur sa droite.

Pour me récompenser de tous ces beaux efforts, je m’offre un repas à l’hôtel avec une bière, je suis d’ailleurs actuellement un peu pompette. J’espère que tout va bien se passer demain.

Le téléphone sonne. Un Anglais m’appelle pour me dire que je ne peux pas aller au lac Karakul sans permis et sans guide. Il me propose de passer demain à ses bureaux pour m’aider. Zut… et je ne peux même pas prévenir le chauffeur, je n’ai pas son numéro. Tout est trop difficile ici. Je me retrouve dans la situation du touriste qui ne connaît pas la langue et ne peut pas s’expliquer. Mon affaire est ratée.

mercredi, août 5 2009

L'hygiène des Chinois

 

 

Mardi 28  juillet        Kashgar                 

Jour 36

 Je me suis levée bien avant l’aurore pour expliquer au chauffeur qui devait m’amener au lac que je n’ai pas l’autorisation d’y aller. Mais… Il n’est pas venu ! Je ne sais pas s’il a été prévenu par les mêmes voies mystérieuses que l’appel que j’ai eu hier soir ou bien s’il n’était pas sérieux (ce qui serait étonnant : en Chine, on peut vraiment se fier à la parole donnée). En l’attendant dans la rue, j’observais l’éveil de la ville, tous les 100 mètres, un balayeur nettoyait les trottoirs, j’ai vu passer des quantités de carrioles tirées par des ânes (ou des mulets ?) c’est gracieux et silencieux. Le rapport aux animaux est très singulier : les Chinois mangent du chien (j’en ai goûté, ça ressemblait à du corned-beef). Mais, en même temps, les citadins possèdent des chiens qu’ils gâtent comme des enfants. L’autre jour, à Xi’an, alors que j’attendais mon petit déjeuner, un cafard grassouillet traversait ma table...  Dégoûtée, j’appelle le serveur « you chong ! » (Il y a un insecte) Il rit et pousse délicatement le promeneur hors de la table afin qu’il puisse aller jouer ailleurs ! C’était probablement un bouddhiste.

Dans la vieille ville de Kashgar

Je vais changer d’hôtel pour le « Qina Bragh binguan ». Je serai plus près du centre et plus près des informations. Je vais aussi rencontrer ce mystérieux Anglais.

Voilà, j’ai déménagé, c’est moins cher, mais c’est déglingué. Les agences de Kashgar sont de vrais requins : impossible d’aller une journée au lac à moins de 70 euros. Je vais donc devoir y renoncer. C’est peut-être un signe qui m’indique qu’il est temps de reprendre le chemin du retour. L’Anglais me confirme qu’il n’y a pas de car pour monter à Golmud sur le Qinghai, il n’y a rien que des camions. Je lui ai demandé où et comment il avait eu mes coordonnées, sa réponse a été évasive, et ça restera un mystère. Ça prouve en tout cas, que les étrangers sont surveillés de très près et que rien ne leur échappe. Je me demande si la théorie qu’on est tous suivis est vraie ou exagérée, en tout cas, si c’est vrai, je plains celui qui est chargé de me suivre, il n’a pas dû se reposer beaucoup. Qu’on m’attende ainsi à la gare de Kashgar, va dans le même sens. Je ne fais pourtant aucune extravagance (à part mon couteau).

J’ai rencontré beaucoup de Suisses aujourd’hui. Ils viennent faire des trekkings dans le Pamir. Ils doivent trouver que les montagnes helvètes ne sont plus assez hautes pour s’amuser !

Dans la vieille ville de Kashgar

Le taxi qui m’a déménagé au nouvel hôtel, m’a encore baladé partout à travers la ville : les chauffeurs font semblant de comprendre notre destination et nous promènent jusqu’à ce qu’on s’impatiente. Après bien des explications, celui-ci m’amène au bon endroit. Il a eu l’excellente idée de me marquer sur mon petit carnet,  le nom de l’hôtel en écriture arabe. Ainsi, j’aurais (un peu) moins de problèmes.

Beaucoup de camions de l’armée, par groupe de 3, circulent dans les rues, les soldats sont debout, la mitraillette à la main, prêts à tirer. Comme à Urumqi, des vigiles surveillent les 4 points cardinaux aux carrefours importants. Je ne sais pas s’il y a eu de nouvelles émeutes. Un seul chauffeur de taxi m’a fait une allusion aux événements pour me rassurer que je n’avais rien à craindre. Mais je n’ai pas peur. A Urumqi, la police se promenait avec un gros gourdin à la main, ici c’est plutôt l’armée qui est la plus visible.

                   

                                                 Entrée de mosquée

Hier soir, au restaurant de l’hôtel, lorsque deux Chinois ont quitté leur table, une femme est venue s’asseoir pour finir leurs plats. Quand on arrive quelque  part, on vous sert immédiatement un thé de bienvenue. J’ai observé une vieille femme laver soigneusement ses couverts avec le thé servi. Il paraît que ça se fait parce que leur eau de vaisselle n’est sûrement pas terrible, mais j’aime mieux ne pas y penser… Je n’ai d’ailleurs jamais été malade à cause de la nourriture.

La visite d’une cuisine de restaurant est toujours un moment étonnant : l’espace est envahi de marchandises, de gamelles, marmites du sol au plafond et dans une propreté  douteuse, mais comme il y fait souvent sombre, ça ne se remarque pas trop.

Ce que je trouve le plus dégoûtant ici, à part les inévitables crachats, c’est leur manière de mettre leurs déchets alimentaires sur la table ou la nappe, quand celle-ci existe. Il faut le dire : ils mangent bruyamment et salement, ce qui est surprenant de la part d’une vieille civilisation raffinée.

Autre sujet de répulsion pour le touriste qui voyage en Chine, ce sont les toilettes, on pourrait écrire des pages à ce sujet. Le pays, comme pour les crachats, fait de gros efforts pour remédier à ces insuffisances, mais cela prend du temps. Il y en a de luxueuses, d’aseptisées, tout en marbre blanc et  diffusant de la musique de Mozart …. Il y  a des toilettes coquines… Mais il y en a aussi de réellement sordides. Les Chinois ont visiblement un rapport au corps et aux fluides qui le parcourent, tout à fait différent du nôtre. Ce sont des gens pudiques sauf à ces endroits-là où se révèle un goût de l’exhibition et du voyeurisme étonnant. Peut-être est-ce nous qui sommes trop pudiques pour des besoins aussi naturels que respirer. Ils adorent prendre leur portable pour aller aux toilettes et en profitent pour appeler un ami. Ils sont encore plus accros à leur mobile que nous. Je me souviens d’avoir eu une chambre à Chengde, dans un bon hôtel où le téléphone était à la salle de bain, à côté des toilettes. Et, le plus surprenant, c’est qu’à côté de celles-ci une vitre transparente permettait de voir le lit de la chambre et réciproquement ! J’imagine un couple, l’un allongé sur le lit, regardant amoureusement à travers la vitre, son partenaire assis sur les toilettes en train de  téléphoner à sa maman tout en se soulageant !

Ce sont la plupart du temps des toilettes turques, sans portes. (Et, quand elles existent, les fermetures sont détruites, ou les portes simplement retirées : il ne reste que les gonds ! Le pire, c’est la rigole. Imaginez une batterie de cabines sans portes avec une rigole qui circule dans le sol et dans laquelle vous vous soulagez… un mince filet d’eau entraîne vos dépôts mais aussi les dépôts de vos voisins que vous voyez passer… vous savez ainsi si votre voisine a ses règles ou non… Imaginez aussi, qu’une femme est plantée devant vous les bras sur les hanches pour vérifier si vous êtes bâtie comme elle…. Vous comprendrez comment le touriste occidental redoute d’aller aux toilettes hors de son hôtel ! Il est d’ailleurs inutile de demander où elles se trouvent les toilettes publiques, il suffit de se laisser guider par l’odeur. La seule parade pour une envie pressente, c’est d’entrer dans un hôtel luxueux. Il y en a toujours au rez-de-chaussée et le personnel tolère votre intrusion. Mais hors des villes, il faut se cramponner… vous n’avez pas d’autre choix. Le pire sont les toilettes des stations service. J’aurais encore plein de choses à raconter à ce sujet… Le maximum est fait pour s’adapter aux normes occidentales.

On dit que le Chinois est sale. C’est faux ! Ils sont très propres sur eux, les filles sont très coquettes, toujours bien parées. Même les très pauvres qui portent des vêtements usés et raccommodés… ceux-là aussi sont impeccables. Il n’y a guère que les clochards qui sont sales, mais il y en a bien moins que chez nous. Chaque fois que j’ai été invitée à entrer dans une maison, celle-ci était propre, soigneusement rangée, pauvre, démunie mais accueillante. Par contre les cours sont des foutoirs incroyables : ils conservent tout… dans une pagaille incroyable. Mais il y a des fleurs, des tas de pots de fleurs, des bonzaïs… et des cages à oiseaux.

Il faut les voir se savonner longuement et vigoureusement dans les trains. Se brosser les dents est un rituel important : ils le font souvent dans la rue, au-dessus du caniveau (bien sûr, pas ceux qui habitent des tours) ils se brossent les dents longuement jusqu’à ce que la mousse du dentifrice leur sorte de la bouche !

le tombeau d’Abakh Hoja

Je suis allée visiter le tombeau d’Abakh Hoja, lieu de pèlerinage d’un célèbre gouverneur de Kashgar. Il y avait aussi le tombeau d’une concubine de l’empereur Qianlong.

Le mausolée contient plusieurs tombeaux de pachas. L’ornement de céramiques  bleues dépareillées est séduisant et restauré à la va-comme-je-te-pousse, ça lui donne un certain charme.

                      

Les piliers de bois sculptés et colorés ont des motifs tout à fait originaux que je n’avais jamais vu ailleurs.

Avec mes petits papiers écrits en arabe, j’ai maintenant un peu moins de problèmes avec les taxis. Le premier m’a déposée au bon endroit, mais le second taxi s’obstinait à vouloir me conduire à un hôtel qui n’était pas le mien. Il n’écoutait même pas mes gesticulations, tant il était sûr de lui ! Finalement, je prends le bus, n’importe lequel pour n’importe où… lorsque je vois quelque chose d’intéressant, je descends. Ça me coûte moins cher et ça me réserve des surprises qui ne sont pas inscrites dans les guides. Je suis descendue à un grand centre commercial mais qui était plutôt misérable. A côté de l’opulence d’Urumqi, Kashgar fait très pauvre.

Quand j’ai quitté l’hôtel vers 17h, il n’y avait pas d’électricité… à mon retour, 3 heures plus tard, elle n’était pas revenue… Sans lumière, je n’y vois pas grand-chose, je vais donc retourner me balader dans la vieille ville.

Il y a des milliers de photos à prendre dans cette ville, pas besoin de viser, il n’y a qu’à appuyer sur le déclencheur. Entre les détails architecturaux, les gamins qui jouent, les femmes vêtues de couleurs réjouissantes mais où le rouge domine,

les vieux accroupis à siroter leur thé en se lissant la barbichette, et, surtout, les artisans travaillant à même le trottoir, ferrailleurs, rémouleurs, tourneurs sur bois, tailleurs, tout est à prendre.

Hélas les pelleteuses et les bulldozers des Hans sont déjà là,

qui pulvérisent ces quartiers pour construire leurs immeubles de béton, chassant les autochtones à la périphérie de la ville, car ces immeubles sont construits pour les Hans bien sûr. Comme à Urumqi… où je n’ai pas vu les quartiers musulmans, trop éloignés du centre. Il faut se dépêcher d’aller à Kashgar tant que la vieille ville n’est pas encore totalement rasée. Je me dis que mes photos seront  des documents intéressants plus tard, quand il ne restera plus rien. C’est vrai qu’il y a des taudis qui doivent être détruits mais pourquoi ne pas préserver quelques-unes de ces belles architectures ? Pourquoi chasser les autochtones ? Je ne comprends pas non plus pourquoi les Hans rasent les cimetières ouïghours et les tombeaux de leurs hommes illustres quand on sait que la famille et le culte des ancêtres est la première des valeurs Han, alors, pourquoi ne respectent-ils pas ces mêmes valeurs dans leurs rapports avec les minorités ethniques ?

A présent, regardez bien les images suivantes, savourez la finesse et la beauté de leur architecture malgré leur délabrement, imprégnez vous-en, car cela va disparaître, broyé sous les bulldozers, c’est un héritage unique qui sera perdu à jamais car ce que les autorités veulent, c'est siniser leurs provinces rebelles en en favorisant l’arrivée des Hans, (ils sont déjà majoritaires dans le nord du Xinjiang) comme ils l’ont déjà fait ailleurs : la Mandchourie est totalement sinisée et les Mandchous ne connaissent même plus leur langue.

 

 

Pour en revenir à l’architecture, on fait table rase de la ville ancienne pour la remplacer par une ville de béton, à l’exemple de ce que j’ai photographié juste à côté de ces belles maisons ouïghours :

C’est un véritable génocide culturel qui se prépare.

 

De retour à l’hôtel, il n’y avait toujours pas d’électricité. J’ai regretté avec amertume d’avoir changé d’hôtel.  Elle n’est revenue qu’à 3 h du matin, je ne pouvais pas dormir, il faisait trop chaud : pas de clim, pas d’eau chaude pour se laver dans le trou noir de la salle de bain et, bien sûr, impossible de lire, de regarder la télé ou de recharger mes batteries. Je me suis sentie très seule et très misérable dans cette chambre noire. La pire soirée du voyage. Je me sens perdue de ne pas pouvoir communiquer un minimum ni avec les Ouïghours, ni à l’extérieur puisque le téléphone et l’internet sont coupés depuis les émeutes. Je ne peux même pas sortir me distraire, seule ce n’est pas très drôle, ensuite une femme seule qui sort la nuit en pays musulman risque fort de s’attirer des ennuis.

Il n’y a guère qu’avec les enfants que j’ai quelques échanges : ils me saluent d’un joyeux « hello », veulent toujours que je les photographie et ils en profitent pour faire d’affreuses grimaces !

 

 

 

mardi, août 4 2009

Yarkand

 

Mercredi 29  juillet        Yarkand               

Jour 37

 Me voici à Yarkand. J’ai entamé la route méridionale  de la route de la soie,  en contournant le Taklamakan.

Après avoir eu l’électricité à 3 h du matin, j’ai  enfin pu mettre  la clim et j’ai pu dormir jusqu’à  10 heures. Le temps de déjeuner à l’hôtel et vérifier encore une fois qu’il n’y avait aucune possibilité d’aller au lac Karakul,  je me suis rendue à la gare routière prendre le bus pour Yarkand. Il part vers 12h 30 et le trajet dure 5 h au lieu des 3 h annoncés par Lonely Planet.

Toushouguan endormie

Toushouguan, une jeune et jolie Ouïghoure, est venue s’asseoir à mes côtés  pendant le voyage. D’abord méfiante, elle a fini par se détendre et, comme par bonheur elle parlait le mandarin, nous avons pu échanger les propos habituels : elle est mariée depuis un an, elle est ravissante comme toutes les jeunes Ouïghoures en général.

Un poste de contrôle

Nous avons encore droit à de nombreux arrêts de police. Une fois, c’est une femme qui monte contrôler nos papiers, et elle a décidé que j’étais suspecte, le bus a dû attendre longtemps avant de pouvoir repartir : elle est sortie consulter ses chefs, puis épluche dix fois mon passeport et finit par me le rendre avec le sourire, très étonnée -comme tout le monde- que je voyage seule.

Je m’attendais à des dunes de sable le long de la route, mais ce sont des oasis où verdure et dunes  s’entremêlent, parfois ce sont des reliefs rocheux couverts de sable... Sur les bords de la route on peut voir de nombreux villages abandonnés à cause de l’avancée du désert.  J’ai vu tout au long du trajet, perpendiculaires à la route, des sillons creusés sur une trentaine de mètres. Là aussi, je ne sais pas interpréter ces marques, mais ça doit encore être une technique pour maintenir le sable… c’est rageant de rester sans réponse. J’ai vu aussi plusieurs geysers de sable, et quand ils scintillent dans le soleil, c’est réjouissant comme un arbre de Noël : ce sont des tourbillons de sable qui montent vers le ciel, comme un typhon ou un jet d’eau. Malheureusement ça ne donne pas grand-chose en photo car ils sont trop loin.

Fontaine publique

Lorsque le bus s’arrête, je demande où il y a des toilettes, comme il n’y en avait pas, le chauffeur a demandé aux habitants d’une ferme si je pouvais aller chez eux. J’ai pu ainsi pénétrer dans la cour d’une maison. Les toilettes étaient au fond du potager, à l’air libre au milieu des poules qui se promenaient. C’est juste deux planches posées au-dessus d’un trou creusé dans la terre. C’était amusant et ça ne sentait pas mauvais comme ces horribles toilettes des stations service. Mais déjà le car klaxonne pour m'appeler

 

Dans les rues de Yarkand

Dans les rues de Yarkand

A Yarkand, j’ai pris un hôtel près de la gare de bus, ce sera plus facile pour le lendemain. Je suis une fois de plus vannée, il faisait 39° dans le car et les soubresauts m’ont non seulement fait rater les photos mais m’ont aussi cassé les reins.

Tout à l’heure, j’irai visiter la vieille ville de Yarkand, elle est, selon le guide, difficile à trouver : les maza (cimetières) y sont intéressants.

Finalement, alors que je redoutais la chaleur du Xinjiang, je me suis acclimatée à la chaleur plus vite que je ne l’espérais, elle est tout à fait supportable si on prend soin de rester au frais aux heures les plus chaudes : ici, il fait jour jusqu’à 22 h 30, heure de Pékin, ça laisse du temps pour faire beaucoup de choses à partir de 17 heures. Les rues s’animent, l’air est agréable. Je crois que l’essentiel est d’avoir une chambre climatisée pour refroidir le corps au repos. Je me trompe sûrement, mais j’ai l’impression qu’il ne fait pas plus chaud ici qu’à Canton ou Zhengzhou. Je n’ai plus du tout ces vertiges qui m’angoissaient tant les premières semaines. Elles étaient dues à la chaleur. J’ai appris à me protéger, à boire beaucoup d’eau par exemple, et mon organisme a fini par s’adapter. J’ai également adopté l’habitude chinoise de me protéger du soleil avec un parapluie. C’est plus agréable qu’un chapeau qui fait transpirer et c’est tellement chinois ! Les dames ont de jolis parasols pastels ornés de dentelles sur les bords.  Mon parapluie est certainement moins décoratif mais il me sert aussi bien aux pluies de la mousson que de refuge contre les rayons du soleil.

J’ai acheté des gâteaux : une sorte de sablés fourrés à quelque chose qui ressemble à des haricots rouges, c’était bon et ça m’a calée pour la journée.

750

Façade de mosquée, sur la gauche derrière le ruban une patrouille surveille… je ne l’avais pas remarquée

Vers 19h, je me rends à la vieille ville, le taxi me laisse devant une vieille mosquée dont il ne subsiste que la façade, je me précipite pour la photographier, alors que je cadrais l’édifice je suis interrompue par des cris péremptoires : je n’avais pas remarqué qu’à la gauche de la façade une brigade faisait le guet. Il ne faut surtout pas photographier la police, l’armée et certains bâtiments administratifs.

Ça, c’est une de mes photos favorites !

Je m’enfonce dans la ville et j’y retrouve l’atmosphère de Kashgar en plus animée encore. Ce qui est typique ici, ce sont leur moto-pousse à baldaquin. C’est tout à fait plaisant et je les regarde circuler avec  un grand plaisir.

moto-pousse à baldaquin

moto-pousse à baldaquin

 Au moins ici, il n’y a plus de touristes, l’accueil est plus amical et on se fait moins arnaquer. J’ai fait des provisions de raisons secs, du moins de ceux qui avaient le moins de mouches au-dessus.

Dans les rues de Yarkand

Dans les rues de Yarkand

Ce soir, je tente un repas ouïghour dans un restaurant populaire qui m’avait l’air assez propre. Je ne sais pas trop ce que j’ai mangé mais j’avais plein de petits plats, des cacahuètes, du maïs, des pâtes, du poulet, un truc blanc gélatineux et translucide et bien pimenté, quelque chose qui pourrait être un yaourt auquel  je n’ai pas touché : je me méfie à présent du rance et des bactéries ! Sans être génial, ce n’était pas mauvais et cela ne m’a coûté que  60 centimes d’euro : je viens de battre un record !

Un homme s’est assis en face de moi, dans la cinquantaine, un beau visage avec des yeux clairs. Lorsqu’il a mangé son bol de pâtes, j’étais tout à fait écœurée et fascinée par sa technique : il colle sa bouche contre le bol et aspire très bruyamment les nouilles, puis, d’un mouvement vif il rejette la tête en arrière pour étirer les nouilles sur une trentaine de centimètres et aspire à nouveau jusqu’à ce que sa bouche rejoigne le bol. En 6 ou 7 répétitions de ce mouvement, le bol de pâte était vide. Moi, je trouvais que mon chat mangeait plus proprement et plus délicatement. De mon côté, je ne faisais guère mieux : mes nouilles glissaient résolument des baguettes en aspergeant la table pour atterrir à côté du bol ou bien sur mes genoux.

Je ne savais pas où déposer les os du poulet : on ne peut déposer ses déchets sur le rebord d’un bol ! J’ai enfin compris pourquoi les déchets se retrouvaient sur la nappe.

Rafale de vent : l’air se remplit de sable

En sortant du restaurant, il y eut une rafale de vent, le ciel et la ville devinrent jaune comme par un brouillard de pollution et j’ai eu les yeux remplis de sable. J’espère que ce n’est pas une tempête de sable qui se prépare pour ma grande traversée du désert de 500 km. Il paraît qu’elles peuvent durer plusieurs jours. Les véhicules s’arrêtent et ne peuvent plus rouler, c’est la mort assurée si on n’a pas assez de provisions d’eau.

Je traverse une grande place, on m’a laissé entrer dans une salle de mariage qui domine un peu la ville et j’aperçois un cimetière juste à côté d’une mosquée.

Le centre de la vieille ville de Yarkand

mosquée sur la grande place

On me laisse entrer dans cette mosquée malgré ma tenue peu conforme. La promenade le long des tombes aussi anonymes que celles de Turfan est délicieuse. J’apprécie d’être au calme loin des bruits de la ville.

 Un des nombreux maza de Yarkand

Ce soir à l’hôtel, il y a une nouvelle panne d’électricité mais qui ne dure cette fois qu’une heure. Il semblerait qu’il y ait un réel problème de distribution dans le sud du Xinjiang. Je suis obligée de prendre ma douche à tâtons dans le noir.

 

 

 

 

 

Hotan

 

avant de quitter Yarkand, j’assiste à la séance de gymnastique obligatoire du personnel d’une entreprise (des Hans)

 

Jeudi 30  juillet        Hotan             

Jour 38

Cette fois, je touche le fond….

Famille attendant le bus

Le voyage vers Hotan a été long et fatigant.

Sur la route, arrêt sous une treille

Je me réjouissais d’arriver à un hôtel douillet pour me remettre mais celui indiqué par le guide était complet et je me retrouve dans un hôtel ouïghour à côté de la gare routière ce qui est pratique pour demain mais cet hôtel est un bouge, c’est vieux et sale, il n’y  pas de draps, pas de papier WC, dans les toilettes flottent encore les vestiges du précédent client. Je suis trop épuisée pour chercher autre chose. Il n’y a pas de climatisation non plus, ça ressemble à une cave. Pour la décoration, on a accroché des pêches en plastique sur un porte-manteau

                   

                                      Marché de Hotan  tissus traditionnels

Je dois aller faire des provisions pour la traversée du désert. En sortant, je signale quand même à l'hôtelier que j’aimerais que le ménage soit fait à la salle de bain.

dans les rues de Hotan

Dans la rue je tombe sur un marché noir de monde, de crasse et de misère. Beaucoup d’estropiés mendient, des enfants difformes à moitié nus sont posés à même le sol noir de saleté : des enfants dont les membres en zig-zag ont probablement été intentionnellement  cassés par les familles. J’étais profondément déprimée et ces visions finissent par m’anéantir.

Bazar de Hotan : marchande de chaussures !

Je cherche un autre hôtel mais il n’y en a pas d’accessibles aux étrangers. Un petit square misérable et désert me fait signe, je vais y trouver un peu de bien-être, il est payant...  pauvres gens…

Dans une rue de Hotan : ce sont tous des cordonniers…

Ils m’ont demandé de les prendre en photo

Je cherche vainement à m’alimenter mais, à part les fruits et les galettes tout me soulève le cœur : je ne suis pas prête à manger une tête de mouton, des tripes, des morceaux de gras sous un nuage de mouches. Je suis pressée de retourner à Urumqi et la civilisation.

 

Cuisine de rue

 

J’ai acheté un billet pour demain, et je rêve de thé parce qu’à l’hôtel, il n’y a rien pour chauffer de l’eau. Un restaurant à côté de l’hôtel et qui fait peut-être partie de l’hôtel, a sorti des tables. Je m’y assieds en demandant du thé précisant que je n’avais pas l’intention de manger. Ils m’ont offert le thé. Très vite, j’étais entourée d’hommes très curieux de tout

.

Je suis aussi un sujet intéressant !

 

L’un d’eux me prend en photo à l’aide de son portable, je lui rends la politesse.

L’un des hommes me demande mon âge. Comme je ne fais pas de complexe, à cette question je leur réponds sans tricher… il y eut un silence, un moment d’hésitation et, en deux minutes, je n’avais plus une seule personne devant moi, ils étaient tous partis !

 

La photo ratée de la belle aux yeux pervenche

 

Dans le bus, une belle jeune fille aux yeux pervenche me fascinait au point de lui demander si je pouvais la photographier, le père assis à ses côtés était très fier que je souligne la beauté de sa fille. Mais avec les rideaux jaunes du car, le pervenche des yeux a viré au vert amande…. C’est encore raté. J’ai oublié de lui demander de quelle ethnie elle était, j’aimerais savoir d’où viennent ces yeux étranges que je croise de temps en temps dans le sud du Xinjiang.

 

Thé devant mon hôtel

 

Lorsque l’hôtelier me voit revenir, il se dépêche d’envoyer une femme nettoyer ma salle de bain. La dame, accroupie arrose la salle d’eau au jet. Elle est très aimable et elle m’apporte ensuite un ventilateur que j’avais réclamé  puis me répare le téléviseur. Ici, c’est sinistre, c’est pauvre, mais les gens sont souriants et accueillants.

 

               

 

J’espère que la douche marche. Elle marche, mais il n’y a pas d’eau chaude,  

 

 

je dois faire très attention que le savon (ou moi-même) ne glissions et tombions dans le trou des toilettes.

 

                        

 

 Veiller aussi à ce que l’eau n’éclabousse pas le ventilateur posé sur mon lit faute de place et d’un fil trop court. Le lit est très dur, c’est du bois, l’unique ampoule diffuse une lumière blafarde mais, après la douche froide je me sens mieux et la situation me semble moins tragique. Les pêches que j’ai achetées pour mon voyage me paraissent délicieuses,  demain, la nuit dans le car sera encore plus difficile. J’ai voulu venir sur cette route méridionale, je ne vais pas pleurer à présent. Mais, à y réfléchir, 60 années de communisme n’ont pas amélioré la vie  des gens d’ici qui vivent dans un grand dénuement. Je n’ai jamais autant ressenti les inégalités flagrantes entre les Hans d’Urumqi et les Ouïghours de Hotan.

Pour finir, c’est aussi bien de ne pas avoir pu prendre la route de Golmud car le Qinhai est encore plus pauvre, je ne l’aurai pas supporté, c’est la « Sibérie » chinoise : c’est là qu’on envoie tous les opposants en rééducation.

lundi, août 3 2009

Le Happy hôtel de Hotan

 

 

Vendredi  31  juillet        Hotan             

 Jour 39

 

 

                        

La nuit n’a pas été aussi mauvaise, le lit dur me convenait bien et le ventilateur m’a apporté un luxe inouï. Seule, ma salle de bain me répugne. Il est 8 heures et je ne sais pas trop quoi et où manger quelque chose d’acceptable. Je dois sortir de la chambre car des odeurs nauséabondes de toilettes venant de la cour, me soulèvent le cœur.

J’avais mangé la veille des « jiaozi »  (raviolis chinois) lourds et indigestes mais flatteurs au palais. Ils m’ont rendue ensuite la digestion difficile et la journée fort désagréable. Une fois de plus je me dis d’être très vigilante  sur mes choix alimentaires. On peut acheter des plats cuisinés à emporter qui sont mis directement dans un sac en plastique, que ce soit du riz, des raviolis, des nouilles sautées ou de la soupe (c’est assez répugnant). Les cuisines de rue ont bien des assiettes ou des bols mais qu’ils renferment dans des sacs en plastique et vous servent donc la soupe dans l’assiette par dessus le plastique. C’est peu appétissant, et ça en dit long sur les eaux de vaisselle.

Il faut que j'ajoute un mot sur les saucisses chinoises. Il y en a beaucoup, c'est une friandise dont raffolent les Chinois en particulier lorsqu'ils voyagent. Elles ressemblent vaguement à des saucisses de Strasbourg. Je les ai goûtées, elles sont absolument infectes. Nous n'avons vraiment pas les mêmes goûts. Mais le plus étonnant c'est leur manière de les manger : ils les sucent, les aspirent afin d'en tirer la chair hors de leur enveloppe de plastique. Alors imaginez une jolie fille en train de sucer longuement sa saucisse, à la téter... n'importe quel mâle occidental deviendrait fou par cette vision érotique, mais laissent  froids leurs compatriotes. Ils en font autant.

 

Autre singularité, sur les tables de restaurant, en plus du bol, des baguettes et des soucoupes, il y a souvent un petit panier rempli de gousses d'ail. Je me demandais à quel moment s'en servir, j'ai fini par avoir ma réponse : cela se croque à l'apéritif, comme des pistaches ou des cacahuètes ! d'ailleurs les gens les épluchent avec autant de soin. Je comprends maintenant pourquoi mon passager de l'autre jour sentait si fort.

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Il n’y avait pas grand-chose à faire dans cet « Happy hôtel », autant aller se balader à la chasse de quelques images. Je finis par trouver un restaurant correct où j’ai pu boire un bon thé avec un nan (pain ouïghour).

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De ma table j’observais sur le trottoir d’en face, deux femmes occupées à construire un balai tige par tige. Un tout petit folâtrait autour d’elles.

En me baladant dans une ruelle proche de l’hôtel, je tombe enfin sur des lieux plus propres :

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 un marché couvert de légumes très appétissants et bien rangés.

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Cela m’a vraiment étonnée, plus loin, des vendeurs de poules et de pigeons vivants, en surpopulation dans des cages trop petites.

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L’étal du poissonnier ressemblait à un débarras, mais, ses poissons étaient  vivants dans une bassine métallique remplie d’eau. Je tombe ensuite sur un homme aiguisant un couteau sur une meule. Le patron de la boutique me fait signe de ne pas prendre de photos.

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J’allais m’éloigner dépitée lorsque je le vois ranger son étal, redresser et remettre les couvercles de ses théières en plastique pour que mon image soit plus belle ! D’abord intimidée, je me suis rendue compte que les commerçants étaient très contents et fiers que je prenne leurs échoppes en photo.

J’ai toujours été frappée par l’amour des Chinois pour compter et recompter leur argent en public des liasses de billets de banque. En chinois être riche se dit « you qian » (avoir de l’argent), Ceci explique sans doute cela.  J’ai vu un jour, dans une banque de Xi’an un homme retirer l’équivalent de 6000 euros en yuans. Cela faisait une pile de billets énorme. Il n’a pas réclamé d’enveloppe comme je le fais quand je change de l’argent. Il est sorti dans la rue en tenant son paquet d’argent à deux mains ! Mais, les Ouïghours poussent ce besoin d’afficher leur argent encore plus loin (comme mon mendiant d’Urumqi).

Je suis à la gare routière. Pour payer mon billet je sors de l’argent de ma pochette de sécurité qui est sous mon tee-shirt et que je coince à moitié dans le pantalon. Un très vieil homme derrière moi qui observait le manège pousse un soupir d’admiration, rit, lève son pouce pour me signifier que ma cachette était ingénieuse.

Le bus n’a pas l’air trop vieux, je n’ai acheté que 4 petites bouteilles d’eau pour la grande traversée du désert mais dans le doute, j’en rachèterai encore deux plus tard. J’espère qu’il n’y aura pas de panne.

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C’est un bus couchette et je suis du côté fenêtre. Je ne suis pas mécontente de quitter Hotan et sa saleté. Contrairement aux Hans, les Ouïghours, les enfants en particulier, sont très sales sur eux. Ça provient sûrement de leur grand dénuement mais aussi des ruelles de terre battue et du sable envahissant. Mes chaussures sont toujours couvertes de poussière.

 

dimanche, août 2 2009

Traversée du désert de Taklamakan

 

 

Samedi  1er  août      Désert du Taklamakan.             

 Jour 40 

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Longer les déserts c’est bien, mais les traverser, c’est mieux. Ma route de la soie se termine en beauté car le Taklamakan est un désert de sable clair qui ondule jusqu’à l’horizon.

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Le ciel est gris, je ne sais si ce sont des nuages ou si l’air est chargé de sable. J’admire ces dunes aux arêtes si parfaites qui s’enroulent en une belle arabesque. Parfois cela ressemble aux vagues de l’océan, parfois à des cimes enneigées, vierges de toutes traces et parfois, à de la crème fouettée. 

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Tout le long de cette route de 500 km, les dunes les plus proches de la route sont recouvertes d’un quadrillage de roseaux pour retenir le sable qui a tendance à envahir la route. (J’ai enfin la réponse à mon interrogation de l’autre jour),

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ça me gêne car ça gâche la pureté du paysage…  Mais, quel travail de Titan !  Je pense aux ouvriers qui ont construit la route et aménagé les dunes, comme ils ont dû souffrir de la chaleur, combien de temps ont-ils campé dans le désert avant de pouvoir rentrer chez eux ?  

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Je rate toutes mes photos car  je n’ai pas le temps de viser avec le car qui file à toute allure, ce n’est jamais la dune que je visais qui apparaît ensuite sur l’écran.

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Ce qui est le plus surprenant c’est la végétation qui pousse sur les dunes.

Ça et là, de véritables arbres avec une écorce torturée, desséchée, déchiquetée mais, le feuillage est bien vert. Il y aurait de l’eau sous les dunes ? En plus du pétrole ?

Plus étonnant encore,  c’est que le désert est traversé par le Tarim, une rivière qui descend du Pamir d’ouest en est. Je n’ai là encore pas eu le temps de le photographier quand nous le traversions.

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Peu à peu, la verdure se concentre et je vois quelques paysans dans de petits champs. Pauvres gens, coincés au milieu du  désert…

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 la végétation devient de plus en plus luxuriante, la route en croise d’autres,

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une ville apparaît ainsi que de petits villages, des cultures de maïs (encore… mais j’ai comme un doute : c’est peut-être du sorgho, le feuillage se ressemble). Voilà des vergers avec de belles pommes rouges, des pêches, des poires et des moutons et même deux vaches ! Cela dure environ 60 km mais c’est difficile d’évaluer la distance. Ensuite, le désert revient en force.

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Il y a encore eu plusieurs contrôles de police dans le désert ! Ici des soldats préparent leur repas : la petite garnison se trouve au milieu du désert…

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Et nous avons eu droit à la panne : un problème avec une roue, fort heureusement la réparation n’a duré qu’une heure mais c’est suffisant pour déclencher une montée d’adrénaline.

Lorsque je me réveille au matin, nous traversons des gorges très serrées… les Tian shan sans aucun doute.

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Aujourd’hui j’ai réussi à photograpier ces geysers de sable qui  s’élèvent au loin

Je redoutais ce voyage en car mais je suis tombée sur des gens charmants cette fois, et qui voulaient absolument bavarder avec moi qui ne trouvais plus mes mots…. D’abord mon voisin de couchette qui m’expliquait le Xinjiang sur une carte routière, c’était intéressant quoique je le comprenais assez mal.  Ensuite une femme qui voyageait seule aussi, cela nous a rapprochées. Par deux fois elle m’a invitée à venir chez elle à Urumqi « war, war » (se distraire, jouer) Cela m’a beaucoup touchée et je m’en réjouissais, mais, dans la cohue de l’arrivée à Urumqi où il faut récupérer ses bagages tout en étant harcelé par les chauffeurs de taxi, nous nous sommes perdues de vue. Dommage.

C’est avec délice que j’ai retrouvé le quartier de Hongshan, l’hôtel, le KFC, la maison de café, la teinturière, l’agence de voyage et la propreté. Je me sens très sale. En prenant la douche je sentais le sable crisser sous mes doigts.

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Tornade de sable

J’ai commandé un billet de train pour Lanzhou pour le surlendemain. Il faut que je me repose une journée pleine car, ce sont encore plus de 7000 km qui me séparent de Hong Kong.

J’ai voulu changer mes derniers chèques de voyage mais, la banque est fermée le samedi : elle ouvre le dimanche entre 11 h et 15 h 30.

Je suis assise dans la luxueuse maison de café et je suis épatée que tout ait été aussi facile mais, il faut reconnaître que c’est un parcours très difficile à cause du nombre de kilomètres, des moyens de transport pas toujours au top et qu’il faut sans cesse courir après des billets de transport et des hôtels sans compter la chaleur écrasante.

Il ne faut pas venir au Xinjiang pour sa gastronomie… c’est vraiment difficile de s’alimenter à part les fruits et les nan.

Les voyages en car couchettes ne sont pas trop mal bien qu’on ait des difficultés à caler ses jambes un peu longues ça n’est pas toujours aisé. Le plus dur est d’attendre que le chauffeur veuille bien s’arrêter pour les besoins naturels. A croire que les Chinois n’ont pas de vessie. Ici il y avait deux chauffeurs qui se relayaient, c’était rassurant car, pour monter au lac Kanas, le chauffeur était seul et avait conduit  pendant 13 heures avec une seule pause de 30 minutes pour déjeuner. D’autant plus inquiétant que la route la plupart du temps rectiligne à travers le désert était bien monotone, le chauffeur aurait pu s’assoupir.

Chez Parkson, les haricots verts mesurent au moins 60 cm de longueur, je n’exagère pas. Je note aussi qu’on me demandait de laisser mon petit sac à dos à la consigne et qu’on verrouillait les sacs à mains des dames  dans des sacs de tissu vert qu’on ne libérait qu’aux caisses. Je me suis demandé quelle technique ils utilisaient l’hiver quand on peut voler et cacher les articles sous le manteau. Vraiment, ce quartier est un régal, il y a tout ce qu’on veut, même la poste, et aussi tous les bus qu’on veut.

A l’hôtel, mon statut s’améliore, au lieu des détritus habituel, la vue de ma fenêtre donne sur le quartier de HongShan, j’ai le quartier chic des affaires devant moi avec sa fausse tour Chrysler.

Si  tout va bien, dans 3 jours je serai dans la province du Gansu et j’aurai enfin accès à l’internet et au téléphone après une privation de 3 semaines. Je suis pressée d’avoir des nouvelles de France et de Suisse. Je n’ai pas la moindre idée de ce qui se passe dans le monde. Je réalise aussi qu’en additionnant mes 3 voyages en Chine j’en suis déjà à 6 mois et demi. Si je commence à avoir une petite connaissance du territoire, mes progrès dans la langue sont  affligeants. Je régresse puisque j’oublie tout ce que nous avons étudié cette année à l’Inalco.

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Les éoliennes annoncent qu’Urumqi n’est plus très loin

J’ai mon billet pour Lanzhou pour le surlendemain,  par le train express de  15 heures.  Un voyage de 23 heures, mais j’ai très envie de quitter les périphéries pour retrouver la Chine du centre. J’ai aussi transféré mes photos sur mon petit disque dur. Je crois que je ramène quelques belles photos du Xinjiang. Je savoure le confort retrouvé après ces 3 jours de car et je me suis préparée un vrai festin : du pain de mie, du fromage, des tomates, des pêches, du raisin et du chocolat. Ce soir, je ne ferai rien de plus.

J’ai cassé la monture de mes lunettes en deux, dans le car, mais cela m’arrive chaque été.

Près de Parkson, sur un panneau d’affichage, il y avait une cinquantaine de photos de « terroristes ». Plusieurs personnes examinaient très attentivement les photos. Ça m’a rappelé le même affichage dans les années 70 pour la bande à Bader.

 

samedi, août 1 2009

Adieu Urumqi !

 

 

Dimanche 2  août      Urumqi             

 Jour 41 

Au réveil, j’étais vidée, comme si toute la fatigue accumulée ressortait une fois la route achevée. Il m’a fallu longtemps pour émerger. Je me suis établi un programme pour les 3 semaines qui me restent.  En fait, j’ai envie de rentrer en France, la solitude est par moment difficile. Mais, en France, les amis sont tous partis en vacances et j’ai prêté mon appartement à une personne en difficulté… Alors autant profiter de la Chine jusqu’au bout : le monastère de Labrang, Kaifeng, Nanjing le Huang shan, Suzhou, le lac de l’Ouest et les habitations hakka du Fujian. Je devrais avoir le temps de tout faire. J’aurai ensuite une assez bonne connaissance du pays, à part le nord : Mongolie, Mandchourie, Shandong et, bien sûr le Tibet que je ne peux pas faire. Je garde tout ça pour un éventuel 4ème séjour.

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La banque n’a pas voulu changer mes chèques de voyage, ni mes euros parce que c’est le week-end. Je n’étais pas contente car j’ai attendu une heure pour rien. Le personnel se doutait bien que je ne venais pas faire un emprunt  immobilier. Les Chinois qui attendaient râlaient aussi à cause d’un service aussi lent. Un homme sorti d’on ne sait où, sort de l’argent de sa sacoche prêt à me changer mes euros sous l’œil complaisant des employés de la banque… Les euros sont très convoités : j’ai eu à subir les pressions d’un chauffeur de taxi qui voulait que je le paye en euros. J’ai demandé comment savoir si ce ne sont pas des faux billets ? L’employé me passe alors les billets dans la machine à détecter les faux, et ils sont tous bons. Curieux trafic pour une banque mais ça me dépanne bien.

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Je suis retournée au musée du Xinjiang puisque j’ai une meilleure compréhension de la Province. Comme j’étais très en avance sur l’ouverture de 15 heures, je me suis promenée dans le quartier du musée.  Je trouve un centre commercial encore plus luxueux que celui de Hong shan avec toutes les grandes marques occidentales, Vuitton, Givenchy, Burbury  etc.  Et en dessous du centre un immense hypermarché où j’ai enfin trouvé des glaces Nestlé. C’est dimanche, je m’offre cette friandise inattendue… c’est la meilleure glace que j’aie jamais mangée.

J’avais acheté hier un livre pour enfant d’histoire de Chine avec le pinyin, mais arrivée à l’hôtel,  je me suis aperçue qu’on m’avait vendu encore « Rêves dans un pavillon rouge » que j’avais déjà acheté la semaine dernière. J’ai pu le changer ce matin, cette fois, je me suis mieux fait comprendre et le livre me paraît très bien avec en prime un DVD pour … 1,60 euros ! J’ai acheté également un chameau pour Isabelle qui les collectionne. Mon parapluie s’est cassé. Il a duré plus d’un mois. J’ai envie de m’offrir un de ces jolis parasols bordés de dentelles.

Au musée j’ai noté les différentes ethnies qu’on retrouve au Xinjiang : Mandchou, Mongol, Hui, Kazakh, Khalkhas (turcs de l’Altaï) qui sont lamaïstes ou musulmans), Xibes (Mandchous installés dans l’Yili), Tadjik du plateau du Pamir, Russe, Tartare, Daur, (descendant des Khitan de la dynastie Liao envoyé en garnison, ce sont les Mongols de l’Altaï). Ouzbek, (Sogdien, Ferghana) et, bien sûr, Ouïghour. J’aurais bien du mal à les identifier, il n’y a que les Hans qui sont faciles à reconnaître : passé la cinquantaine ils ressemblent tous plus ou moins à Mao.

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Après un peu de repos je suis allée traîner ma misère au parc Hongshan qui est en face de l’hôtel mais dont l’entrée est très éloignée, il faut enjamber une autoroute. Le parc s’étage sur une colline et c’est le plus kitsch des parcs que j’ai visité, avec des fleurs et des animaux en plastique, à tel point que j’ai été étonnée de voir un parterre de vraies fleurs jaunes (des soucis).

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 Il y a aussi une grande roue et beaucoup d’attractions foraines, des pêcheurs, une tour, un temple bouddhique.

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C’est dimanche, il y a beaucoup de monde, que des Hans, les Ouïghours que je croise, sont des jardiniers et des maçons qui travaillent au parc. Chinois Hans et Ouïghours se côtoient et s’ignorent. Dans chaque ville, quartier Hans et quartier ouïghours sont bien distincts.

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Affiche pour les Hans

Devant le KFC, il y a toujours deux affiches  dénonçant les terroristes : devant l’une, il n’y a que des Hans, devant l’autre que des Ouïghours.

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                                     Affiche pour les OuÏghours

J’en étais à méditer sur cette ségrégation qui va vraiment loin avant de réaliser que cette situation provenait simplement du fait que la première affiche est rédigée en mandarin et l’autre en écriture arabe. Il faut se méfier des apparences, on interprète souvent de travers.

J’ai acheté pour 4 sous mon parasol et aussitôt le ciel est devenu gris et 3 gouttes de pluie tombaient par intermittence. Les gens me photographient souvent, ce n’est pas ma personne qui les fascine, seulement mes cheveux blonds. Ils ont bien poussé, ça doit leur plaire lorsqu’ils brillent au soleil

Lors de mon premier séjour, je voyageais avec Anne, une de mes voisines, comme elle était plus jeune et plus souriante aussi, c’est toujours elle que les gens photographiaient. Un peu vexée, je lui fais remarquer qu’elle est plus intéressante que moi, à quoi elle m’a répondu du tac au tac : « peut-être, mais dans les gares, c’est toujours tes bagages que les gens se proposent de porter ! » et, c’était vrai . A chaque âge ses privilèges.

Demain je quitte le Xinjiang après 3 semaines complètes. Je suis vraiment pressée de retrouver l’internet.

Hier, j’ai eu une grosse panique : en regardant mes photos, certaines avaient disparu, ne restait qu’un rectangle noir. Manquaient bien sûr, quelques unes de mes préférées. Démoralisée, je me suis vite rhabillée et, je suis allée vérifier au cybercafé qu’elles étaient bien enregistrées sur mon disque dur. Elles étaient bien là. Je ne sais pas quelle malheureuse manipulation j’ai faite pour les perdre, et je me suis félicitée d’avoir pensé à transférer mes prises de vue sur un disque dur.

 

 

Lundi 3  août      Adieu Urumqi             

Jour 42

Je quitte le Xinjiang et je roule vers Lanzhou. Dans 24 heures, je pourrai reprendre contact avec le reste du monde.

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Adieu les Tianshan

Par la fenêtre, je regarde une dernière fois la neige des Tianshan, le désert, les éoliennes, j’emporte des fruits délicieux, j’ai mal au dos mais je suis très contente. La matinée s’est passée en démarches diverses, comme changer enfin mes chèques de voyage et j’ai même vu deux occidentaux, je ne suis donc  plus la seule dans cette ville. D’abord un homme accompagné d’une ravissante Chinoise qui devait être son guide, son interprète ou sa petite amie, ensuite, chez Parkson, une dame blonde m’aborde en me parlant en russe, voyant mes yeux s’agrandir elle continue en anglais « vous ne parlez pas russe ? », je secoue la tête très intéressée par ce qu’elle va me raconter mais déçue , elle me tourne le dos et s’en va. J’en reste interloquée. Les voilà donc ces fameux Russes dont on dit qu’ils sont venus à Urumqi (comme tout le monde) pour faire fortune. D’autres sont arrivés au 18ème siècle, puis encore au moment de la révolution russe. C’est très réjouissant de côtoyer autant d’ethnies différentes (bon, j’ai déjà un grand mélange ethnique dans mon quartier à Clichy, mais ici c’est quand même plus exotique).  Il y a des femmes très belles aux traits  fins, un peu sémites, il y a ces fameux yeux pervenches magnifiques, à tomber par terre, les Ouïghours à la barbichette blanche, des gens au type mongol prononcé, d’autres aux traits européens et puis les Hans, tout puissants qui tiennent l’économie de la province et le pétrole.

A la gare, j’ai encore eu le même problème de couteau, j’ai encore négocié, sans succès, alors sortant mon carnet de bord pour en vérifier la date, je déclare à l’employée que le 25 juillet à la même gare, on m’avait laissé mon couteau, c’est marqué dans le registre, qu’elle peut vérifier ! Et nous voilà toute les deux penchées sur le registre de la police en train de rechercher mon passage… Enfin, moi je faisais semblant car je suis bien incapable de lire leur écriture manuscrite. Lorsqu’elle a retrouvé ma trace, et lu le compte-rendu, elle m’a rendu le couteau en souriant. Je me demande bien ce qu’il y avait d’écrit.

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Mes nouveaux voisins de compartiment

Le plus étrange, c’est que dans le train, j’ai vu une dame qui avait un couteau comme le mien…. Comment a-t-elle fait ? Un monsieur, tout à coup se lève et vient vers moi, il s’incline pour m’offrir une grappe de raisins et une pêche… Je suis toute confuse car je n’ai rien à lui offrir en échange sinon du raisin et des pêches  également.

Plus tard, je n’arriverai même pas à le remercier parce que je n’arrive pas à le reconnaître parmi tous les hommes du wagon je suis vraiment trop nulle.

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vendredi, juillet 31 2009

Retour vers l'est

 

Mardi 4  août      Lanzhou           

Jour 43

Cela fait 3 nuits que je n’arrive pas à dormir, mais me voilà à Lanzhou dans le Gansu,  au même hôtel en face de la gare. Je suis arrivée vers midi. Je dépose immédiatement mes bagages pour tenter une nouvelle fois de prendre un car pour Xiahe voir le monastère de Labrang. Il faut donc retraverser  les 22 km de cette ville toute en longueur, coincée dans le corridor de Hexi. Mais, comme à l’aller, on me refuse le billet sans explication et de façon fort peu courtoise. Retour dans l’autre sens pour la gare pour acheter un billet pour Kaifeng. Par chance, il n’y avait pas trop de queue et j’obtiens ce que je veux pour le lendemain. Il ne me reste plus qu’à déjeuner au KFC de la gare et consulter internet où j’ai répondu laconiquement à tout les messages qui m’attendaient depuis si longtemps. Il paraît que le 22 juillet il y avait une éclipse de soleil, mais je n’ai rien vu, le 22 j’étais en route pour le lac Kanas.

Un jeune qui avait envie de parler anglais m’a accompagnée pendant tout le trajet de la gare routière à la gare ferroviaire  au lieu d’aller à son cours de physique. Je l’ai invité à déjeuner avec moi mais il m’a dit qu’il devait quand même se rendre à son cours.

Je m’effondre sur le lit de l’hôtel, je ne ferai plus rien aujourd’hui sinon lire « Le voyage dans l’ouest » que Dominique m’a prêté. Demain je quitte définitivement la route de la soie pour de nouvelles aventures.

 

Mercredi 5  août      Voyage vers l'Est           

Jour 44

La chambre confortable m’a rendu un peu d’énergie et me voilà dans le train pour Kaifeng. Je me dirige vers le centre de la Chine, berceau de la civilisation; il ne me restera plus que 2000 km pour rejoindre Hong Kong.

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 Je me suis mise à lire, maintenant que le trajet m’est familier. " Le voyage dans l’ouest"  (si pour nous Européens l’orient commence au Moyen-Orient, pour les Chinois l’ouest commence aux Indes)  m’a enchantée : Xuan Zhang, le moine chargé de ramener des Indes les textes bouddhiques, les a ensuite déposés dans la pagode de la Grande Oie Sauvage à Xi’an, j’ai immédiatement vérifié cette information sur mon guide, et c’est exact. Maintenant je vais commencer "Errances" de Lu Xun . Après, je n’aurai plus rien à lire… rien que du chinois, mais je ne suis pas encore capable de lire un roman, trop de caractères me sont encore  inconnus. J’en connais un peu plus de mille et il faut bien en connaître 1500 à 2000 pour pouvoir commencer à lire le journal. Je les oublie aussi très vite, il faut sans cesse les réviser. Cela me panique un peu de n’avoir plus rien à lire mais comme je vais découvrir de nouveaux paysages, le temps passera plus vite.

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Cette fois j’ai demandé à la responsable du wagon qu’elle me change les draps du voyageur de la nuit. Ce qu’elle a fait aussitôt.

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Il est 14 heures. Il n’y a dans le wagon que des hommes assez frustes. La moitié dort dans un concert de ronflements. Plus tôt, le haut-parleur diffusait  un air des « Parapluies de Cherbourg ». La variété occidentale a beaucoup de succès, en particulier l’air du film « Titanic » et aussi « Ce n’est qu’un au revoir », et "l’Ave Maria" de Schubert sert à vendre du dentifrice ou je ne sais plus quel produit de toilette, dans les spots télévisés. Dans le couloir, un homme sifflote «  Yueliang daibiao wo de xin ».

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Ce qu’il y a de bien dans ce pays, c’est qu’on peut fumer presque partout et que les cigarettes sont très bon marché. (0,65 centimes d’euro mais on peut en trouver à 0,40 centimes). Donc on peut fumer au bout de chaque wagon, devant la passerelle qui conduit au wagon suivant. J’étais là, lorsqu’arrive un personnage singulier vêtu de blanc et portant un chignon sur le dessus du crâne.  Je reconnais tout de suite un moine taoïste venu fumer dans notre petit espace. Nous échangeons quelques mots, je n’en pouvais plus, alors je finis par lui demander si je peux le prendre en photo. Il accepte et veut ensuite être pris en photo avec moi. Il demande à un voyageur de nous immortaliser. Il est très gai. Les taoïstes sont de joyeux lurons, épanouis, à l’opposé de l’infinie tristesse et ennui des moines bouddhistes. J’avais déjà rencontré il y a deux ans sur le Wutaishan, une montagne sacrée, un taoïste qui s’est amusé à faire ma caricature après que je l’eusse pris en photo.

                  

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Nous avons échangé nos e-mails et nos cartes de visite. J’étais très contente. Ce voyage est interminable, c’est un train lent. Je ne m’endormirai que passé 4 heures du matin et, à 5 heures, on me réveille pour Kaifeng qu’on n'atteint qu’une heure et demi plus tard.

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Mon ami, m’a appelé hier soir, j’ai ressenti une très grande distance, aussi bien physique que psychologique. Je l’ai écouté me parler de ses ennuis, il ne réalise pas un instant les difficultés que j’ai dû affronter toute seule, je ne lui en parlerai d’ailleurs même pas.  A quoi bon ? Chacun voit midi à sa porte. j'ai été contente quand même d'entendre une voix amie.

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Le train arrivera à Kaifeng à 6h 30 du matin. Ce n’est pas une heure pratique pour trouver un hôtel.  J’ai hâte de découvrir cette ancienne capitale impériale où il n‘y a aucun gratte-ciel pour préserver la vieille ville engloutie à 10 mètres sous terre après les plus de 600 inondations du Fleuve jaune que la ville a dû subir.

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jeudi, juillet 30 2009

Kaifeng

 

 

                              

 

Jeudi 6  août      Kaifeng             

Jour 45

 

Kaifeng est magnifique, c’est une belle découverte. A l’inverse de Luoyang, il y a de nombreux vestiges de la capitale impériale des Song du nord. (906-1126).

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L’hôtel, à l’intérieur des remparts est très bien aussi, avec un KFC et un Macdo juste à côté. Et le marché de nuit ! Il paraît que c’est un des plus animé. Je me repose une heure puis je décide de commencer immédiatement mes visites.

Au Macdo, je rencontre un canadien qui vit ici depuis 10 ans.il enseigne l’anglais. Il s’y plaît beaucoup et renouvelle chaque fois son contrat. Il me conseille de rester au moins deux jours et de négocier avec un moto-pousse afin qu’il me fasse faire le tour des sites intéressants situés aux 4 coins de la ville. C’est une excellente idée !

Auparavant je dois m’assurer de la suite du voyage : comment se rendre à Hefei , capitale de la province de l’Anhui où je veux grimper sur le Huang shan qui est la montagne la plus sacrée de Chine et aussi un site inouï immortalisé par les peintres, les photographes, les poètes. Je veux, moi aussi faire ma moisson de belles photos. Hélas, même pour le surlendemain il n’y avait pas de couchettes. J’ai dû prendre un billet assis avec une arrivée à 2 h 30 du matin. Ce sera très dur, mais je veux avancer. Comme le départ a lieu le soir, ça me donne 3 jours à Kaifeng. Alors, autant faire le plus fatigant aujourd’hui et se reposer demain. La négociation avec le moto-pousse fut facile même si à l’arrivée il me réclame plus. J’ai tenu bon en restant sur le prix convenu tout en riant  et en faisant un peu de cinéma. Ça a marché. Ça fait partie du jeu, le conducteur du moto-pousse était content quand même.

J’ai donc vu :

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La pagode Fan, hexagonale, recouverte de Bouddha de céramique, il y en 108 différents.

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Le temple du Grand Ministre fondé en 555.

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Avec une impressionnante statue de Guanying aux mille bras et aux mille yeux

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Le temple de Yanqing avec une belle tour hexagonale en restauration

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La maison de la guide de Shan shan Gan, somptueuse maison associative des marchands, à l’allure de temple

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Le parc de Longqin qui contenait les palais impériaux aujourd’hui disparus sauf le pavillon des Dragons. C’est si beau que je décide d’y revenir  quand j’aurai libéré le moto pousse.

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 La pagode de Fer qui date du 11ème siècle, c’est la plus ancienne et elle a 9 étages. Elle mesure 55 mètres, fine et élégante, elle est recouverte de céramiques marrons ce qui lui donne son nom.

Nous avons ensuite cherché la synagogue car il y a une communauté juive à Kaifeng très ancienne puisque Matteo Ricci en parle. Nous ne trouverons qu’une église catholique fermée. Nous ne l’avons pas trouvée

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Je retourne pour une longue promenade au parc  Longqin. Il y a de nombreux parcs à Kaifeng.

Je présente le billet que j’avais acheté une heure plus tôt mais on me le refuse, m’invitant à en acheter un autre. Je proteste en remontrant mon billet, expliquant qu’une seule personne n’a pas besoin de 2 billets.  Je fais tout un cinéma histoire d’exercer mon chinois. Cela amuse beaucoup les passants mais pas les employés. J’ajoute que personne ne m’a prévenue qu’une fois rentré, on ne pouvait pas ressortir, et comme j’ai acheté un billet, je rentre….  Je franchis le seuil du parc et j'avance de quelques pas, je m’attendais à de grands cris et à être poursuivie, mais rien de tout cela, je me retourne donc pour faire un sourire… On me laisse continuer. Des passants m’ont rattrapée pour me dire que j’avais très bien fait. Ils riaient beaucoup. La bureaucratie chinoise est parfois abusive.

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Une classe de jeunes élèves très joyeux me demande d’être prise en photo avec moi. Pour cela, ils envoient la maîtresse me demander si je suis d’accord.

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Les pavillons sont un enchantement. J’ai de plus en plus conscience que ce qui me plait le plus en Chine, ce sont les jardins.  Il y avait aussi une représentation théâtrale.

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Mais, le plus étrange, et cela m’a sidérée, j’ai vu plusieurs personnes se prosterner, genoux en terre, front sur le sol, devant des effigies d’un empereur Song et de son épouse. Etonnant non ?

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Retour  à l’hôtel. J’irai dîner en grignotant des petits trucs au marché de nuit. Je me demande aussi comment j’arrive à faire tout ça, sans dormir la nuit. Pour le désert, la motivation était forte, la bête a résisté… Demain sera une journée de repos : internet et balades sans but précis, sinon visiter un autre parc ou faire les boutiques puisque le Canadien m’a dit qu’elles étaient bien achalandées… Ou encore partir à la recherche de belles façades en bois puisqu’il en existe encore pas mal. Ici pas de tours bien que ce soit une ville de 4 millions d’habitants.

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C’est un joli marché de nuit très propre et  très bien organisé. Un choix incroyable de nourriture et d’endroits pour s’asseoir, boire un verre, avaient été installés vers 18 heures. Mais je n’ai rien trouvé d’intéressant à manger. Une crêpe trop huileuse m’a très vite écœurée et je me suis contentée d’un épi de maïs et de pastèque. Il y avait plein de choses amusantes : comme des stands de manucure où les filles se faisaient faire d’incroyables dessins et, le top, c’est de faire recouvrir le mobile avec des paillettes et des perles, cela avait un franc  succès. Tout ça était fort plaisant à observer.

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Un petit enfant de 12 à 18 mois commençait déjà à apprendre les caractères chinois des animaux au moyen de cartes imagées que sa mère lui présentait.  Vraiment cette ville est un lieu de villégiature agréable où séjourner longtemps. Je comprends mieux le Canadien….

 

Vendredi 7  août      Kaifeng             

 Jour 46

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Malgré mes bonnes résolutions de me reposer, à 7 h 30, j’étais déjà dans la rue à la recherche de belles façades. Dommage qu’elles soient pratiquement entièrement dissimulées devant de vastes panneaux publicitaires. Je continue mon « étude » de thé chinois, j’ai acheté cette fois du thé Oolong. Il y en avait à tous les prix, j’ai bêtement acheté le moins cher qui doit être d’une qualité très moyenne et ne doit pas permettre de se faire une bonne idée.

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Ici, les fruits sont rares et aussi chers qu’à Paris, voir même  plus : 2 euros pour une petite grappe de raisins pas mûre, pour le prix d’une tranche de pastèque, je pouvais acheter trois pastèques entières au Xinjiang. Et pas moyen de marchander.

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Les conditions de mon prochain voyage en train aux horaires déraisonnables m’inquiètent, j’ai envie de changer mon billet. Je vais plutôt tenter de me rendre à Nanjing qui est selon Lonely planet une des plus belles villes de Chine. Je me rends donc à la gare, et j’obtiens le billet : j’arriverai à 6 h du matin ce qui est mieux que 2h 30. Malheureusement il ne restait que des couchettes du haut… Ce n’est pas terrible d’avoir à grimper là-haut où il fait si chaud mais c'est mieux que de rester assise toute la nuit. Il me faut à présent établir un programme détaillé pour chaque journée qu’il me reste… ça sent déjà le retour.

J’ai vu un clochard déambuler hirsute avec un pantalon de laine vert émeraude d’une taille du double de la sienne. Il est obligé d’avancer en tenant son pantalon des deux mains. Curieux que personne ne lui donne un bout de ficelle pour attacher le pantalon.

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J’ai trouvé une vieille salle de cinéma, ce qui est rare, les Chinois préfèrent regarder des DVD en famille. J’irai voir un film demain en attendant l’heure du train.

 

Samedi 8  août      Kaifeng             

Jour 47

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Je me suis vraiment mal organisée, j’aurais dû partir hier soir au lieu d’être bêtement à attendre  l’heure du train. Je n’ai plus trop envie de visiter  Kaifeng parce que je n’ai pas envie de prendre le train en sueur.

Donc, je traîne l’après-midi dans les boutiques et je fais quelques petits achats, des petits souvenirs pour les amis, un joli parasol et des DVD : « Xi you ji » et « Chaguan » de Lao She. (Voyage dans l’ouest et la Maison de thé). Je suis très pressée de voir ces films. J’espère que je pourrai les visionner sur mon ordinateur. Il y a 6 DVD de pièces de théâtre du répertoire classique mais à part Chaguan, je ne sais pas ce que c’est.

J’ai encore 4 heures à attendre.  Je me rends au cinéma repéré la veille voir « Yedian » (une nuit au supermarché », un film très banal, mais le comique de situation m’a permis de bien comprendre l’intrigue. Des personnages hauts en couleur, piégés la nuit par un gangster venu récupérer un gros diamant qu’il avait caché dans la glace du congélateur du supermarché. Or, entre-temps un employé avait vidé et nettoyé l’appareil. On imagine la suite … Il y avait moins d’une dizaine de personnes dans la salle à l’entrée  permanente.

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A côté du cinéma dans le même bâtiment je découvre une salle de théâtre où des comédiens et des musiciens répétaient… comme ils discutaient beaucoup je n’ai rien pu voir d’intéressant. Mais tout cela m’a conduite doucement à l’heure du train.

Et, divine surprise, le pire n’étant jamais certain, j’ai demandé à une responsable du train de me trouver une couchette basse parce que j’ai peur de monter tout en haut. Après avoir traversé plusieurs fois toute la longueur du train, le responsable a demandé à des étudiants de céder leur place (ils ont refusé, ce qui m’a soulagée, je n’aurais pas aimé les chasser), on m’a enfin trouvé l’objet convoité : je me suis retrouvée dans une cabine seule avec un employé en uniforme qui se reposait. C’était inespéré.

 

 

 

mercredi, juillet 29 2009

Nanjing

 

Dimanche 9  août      Nanjing            

Jour 48

Nanjing, à première vue, est une ville propre, moderne et dès le parvis de la gare on est saisi par sa taille avec un lac brumeux qui prolonge l’esplanade de la gare. Comme je ne voulais pas dormir aux adresses peu engageantes de mon guide, je suis allée au hasard dans le centre ville vers la tour du Tambour pour trouver un hôtel. Ici les prix grimpent, l’est de la Chine est plus cher mais mon hôtel est parfait, propre et bien équipé. Je vais sortir explorer la ville et trouver comment me rendre au Huang shan (montagne jaune).

Je suis revenue de mon exploration les pieds en compote car j’ai marché, piétiné et monté des marches toute la journée.

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Deux lieux m’intéressaient : le musée des massacres de Nanjing et le mausolée de Sun Yat Sen. Il fallait acheter un billet pour l’étape suivante. Donc, trois endroits très distant les uns des autres. Je vais me déplacer en taxi car j’ai trop peu de temps pour profiter de cette ville.

Le billet est acheté sans problème pour un départ à 8 heures.

En 1937, lors de la seconde occupation japonaise, 400 000 civils chinois de Nanjing (Nankin) furent tués lors d'exécutions collectives ou individuelles...  20 000 femmes de 11 à 76 ans furent violées. Les Japonais estimaient qu'il s'agissait "d'actes de guerre normaux et acceptables".

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Le musée-mémorial des massacres de Nanjing, à la conception contemporaine très réussie, vous saisit dès l’entrée d’une très grande émotion : tout est fait pour vous arracher les larmes avec une façon très appuyée et répétitive pour dénoncer la barbarie des Japonais : photos, reconstitution et mise en scène des événements,  accumulation de squelettes… Cela parle suffisamment sans qu’il ne soit nécessaire de placer des multitudes de pancartes répétant inlassablement la cruauté des nippons. Cela a un parfum de propagande, ils ont mis le paquet.  Je ne pense pas qu’il soit bon d’attiser la haine contre le Japon d’aujourd’hui.  Des Français à côté de moi comparaient ces massacres à ceux d’Oradour-sur-Glane. J’ai visité, il y a longtemps les vestiges de cette ville. C’était tellement parlant, criant, qu’il était tout à fait inutile de rajouter des pancartes haineuses envers les Allemands.  Ce côté très agaçant m’a beaucoup gênée, et m’a assez vite démotivée, il y avait une foule énorme, c’était difficile d’accéder aux vitrines, j'ai fini par parcourir les salles sans approfondir et sans essayer de lire les textes traduits en anglais. J’étais assez imprégnée d'un mélange de compassion et d’agacement. La Chine attend toujours que le Japon s’excuse.

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Le mausolée de Sun Yat Sen se trouve sur une belle colline boisée dans laquelle on peut visiter plusieurs sites intéressants. C’est un vrai bonheur de se promener dans ces bois, mais, le mausolée se mérite, droits d’entrée élevés avec l’obligation de grimper des centaines de marches en prime. C’est une obsession dans ce pays, il faut toujours grimper des marches même en montagne. Un travail gigantesque à la taille du pays.

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Ici aussi il y a une foule importante, c’est un lieu de pèlerinage car Sun Yat Sen est considéré comme le père de la Chine moderne. Je fais, comme tout le monde, la queue pour tourner quelques secondes autour  du tombeau.

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Je pars ensuite en direction du temple Linggo situé sur la même colline,

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dont un des bâtiments « la salle sans poutre » est en voûte, faite de briques, tout à fait étrange dans ce pays. Cette salle est dédiée à l’histoire de la Révolution Chinoise.

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 Là aussi, encore des dénonciations, c’est à notre tour de se faire remonter les bretelles : une vitrine dénonce la mise à sac du palais d’été par les anglais et les Français.

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Au retour, je ne savais plus où me diriger et il n’y avait pas de taxi. Un couple âgé me prend en charge et m’accompagne à un bus, ils m’offrent le trajet et bavardent avec moi jusqu’à mon arrêt près de l’hôtel. J’étais étonnée d’apprendre qu’ils sont allés en France pendant 18 jours… Ce sont des gens simples, je suis contente  que des personnes loin d’être à l’aise financièrement puissent à présent sortir de leur pays et faire un long voyage. J’ai été  très touchée par leur gentillesse c’est pourquoi je m’empresse de le noter pour ne pas les oublier, comme je le fais chaque fois que quelqu’un m’offre un peu d’amitié.

Il me fallait encore faire des courses pour le lendemain mais je n’arrivais pas à trouver de supermarché. Il n’y avait que des restaurants. J’ai dû faire des kilomètres avant de trouver une petite épicerie. Je dois préparer mes affaires pour demain et faire un peu de lavage, recharger mes batteries, mais je n’ai plus aucune force, pas même pour aller sur internet lire mes messages.

Pendant que j’écris ces lignes, la TV est allumée, on y diffuse des images d’inondations impressionnantes avec l’image d’une tour qui est arrachée à sa base et qui tombe sur le flan, entier, sans se briser. Il me semble qu’il s’agit d’un typhon qui, du sud remonte jusqu’à Shanghai et, en effet, ce soir il y avait des rafales de vent. Je suis un peu inquiète puisque je me dirige vers ces régions.

 

mardi, juillet 28 2009

Huangshan

 

 

   

 

 

Lundi 10   août      Le Huang shan           

Jour 49

Parfois, je fais preuve d’une bêtise affligeante. Je m’imaginais le Huang shan se dressant au milieu d’une plaine comme le Hua shan qui est une autre montagne sacrée du Shaanxi et réputée pour sa dangerosité. Mais aujourd’hui, nous sommes en pleine montagne et il pleut sans discontinuer. Je ne vais pas pouvoir faire la visite aujourd’hui. Le massif a l’air immense et les sommets se perdent dans les nuages. Il fait très gris c’est infiniment triste. J’ai du mal à m’imaginer en Chine tant la montagne m’évoque les nôtres (enfin pour ce que j’en vois).

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Je suis donc partie ce matin à 8 h 30 et nous sommes arrivés à 13 heures aux pieds du Huang shan. Un parcours ennuyeux car le siège était inconfortable. Mon voisin, un jeune étudiant en physique commence par m’attaquer avec un « pourquoi la France n’aime pas la Chine ? » ça y est, le problème du Tibet est ouvert… Je lui réponds que le France a été le premier pays à reconnaître la Chine populaire. C’est la première fois qu’on me parle de politique. Je suis un peu imprudente de répondre à ses remarques mais l’occasion était trop belle et j’étais profondément imprégnée par tout ce que j’avais pu observer au Xinjiang. Je lui explique que je ne connaissais pas le Tibet mais que je revenais tout juste du Xinjiang et que j’avais pu observer que les Chinois Hans détruisaient leurs maisons, leurs cimetières, pour construire leurs blocs de béton, qu’ils occupent aussi les meilleurs emplois, les Ouïghours devant se contenter des tâches les plus dégradantes. Ils leur prennent aussi toute l’eau et tout le pétrole. J’ajoute que le Xinjiang a une culture très différente, que les Chinois Hans devraient le comprendre : ne se révoltaient-ils pas eux-mêmes à l’époque des concessions étrangères ? À présent ils font la même chose. Il me répond que le Xinjiang fait partie de la Chine depuis la dynastie des Hans. Que c’est un peuple arriéré et qu’ils leur apportent la civilisation sous forme d’équipements. Je prends un air très étonné : ils vivent très pauvrement et ne parlent même pas le mandarin. Je réalise que je vais trop loin, je conclus en disant que je n’ai pas à parler de politique puisque je ne suis pas dans mon pays et, lâchement , j’ajoute que je ne suis pas Française mais Suisse et que la Suisse n’a jamais colonisé personne. Puis je me tais et somnole. J’ai dit l’essentiel, je ne veux pas aller plus loin car il y a une telle propagande dans ce pays que c’est inutile de parler avec quelqu’un qui débite des phrases dictées par les autorités à longueur de temps. Je ne veux pas non plus avoir d’ennuis parce que c’est malgré tout un pays fascinant et attachant.

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Il faut pas moins de 45 euros pour monter sur la montagne, c’est vraiment de l’arnaque et, avec ça, on risque de ne rien voir à cause du temps, (au moment où j’écrivais ces lignes j’ignorais que ce temps était dû au typhon qui avais dévasté Taïwan, et le Fujian : je n’ai pas fait le rapprochement avec les images d’inondations vues à la télévision la veille). Je décide alors de me reposer et de faire l’ascension le lendemain. J’aimerais ensuite partir le surlendemain pour Hangzhou, le car démarre à 6 h 30. Il serait plus logique d’aller d’abord à Suzhou, mais il n’y avait pas de car pour cette destination.

Si je veux consulter internet, je dois aller au village à 3 km, et faire 6 km sous la pluie ne m’enchante pas. J’y renonce …  

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Mais j’y vais quand même ! Marcher sous la pluie me fait du bien après ces heures de car. Je peux faire quelques provisions mais je ne trouve pas de cybercafé. A l’épicerie je retrouve mon voisin de car, celui qui parlait de politique et, je croise un couple de Coréens avec lequel  j’avais déjà échangé à l’hôtel. Cela me fait plaisir de ne plus être la seule étrangère. La montagne et la vallée sont vraiment sinistres sous la pluie. Il est 22 h 30  et il pleut toujours. Ça doit être fréquent car mes draps sentent le moisi. Ce n’est pas de chance. Je me demande si ça vaut la peine de monter demain ou s’il vaut mieux économiser mon argent : il me reste encore 14 jours et l’argent file à toute allure depuis que je suis revenue à l’est, cela va s’accélérer encore dans des sites aussi touristiques que Hangzhou et Suzhou. Je me rends compte que le Xinjiang et le Gansu étaient vraiment très bon marché, en particulier les voyages en train et en car, heureusement, vu les milliers de km que j’ai parcourus.

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J’aimerais pouvoir lire mais j’ai lu tous les livres que j’avais emportés.

 

 

Mardi  11   août      Le Huang shan           

 Jour 50

 

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Le Huangshan tel que je ne le verrai jamais (photo internet)

Il a plu toute la nuit, et, il pleut encore. Les nuages sont très bas qui enveloppent les montagnes. L’hôtel nous réveille quand même, je ne vois pas ce qu’on va pouvoir voir dans les nuages. Après les déserts, quel contraste !

Je renonce de monter : d’une part j’ai peur de me perdre dans le brouillard, d’autre part le prix excessif à payer pour ne rien voir et être trempée jusqu’aux os toute la journée, m’incitent à attendre une éventuelle éclaircie.

Les Chinois payent les mêmes droits d’entrée sur les sites que nous, les étrangers. Je ne comprends pas comment ils peuvent y faire face avec leurs petits salaires sachant qu’ils font leurs visites en famille souvent étendue jusqu’aux grands parents et frères et sœurs, c’est encore un des mystères du communisme à la chinoise de priver la très grande majorité de la population du plaisir de voyager et de visiter les beautés naturelles de leur pays. Quand j’interroge les gens, ils  ne connaissent vraiment rien de leur pays, rares sont ceux qui sont allés à Pékin, Shanghai ou Guilin. Pourtant sur les sites, il y a toujours une foule de Chinois des classes moyennes. Je n’ai pas pu m’empêcher de leur dire que s’ils viennent chez nous, on n'a pas besoin de payer  un droit d’entrée pour aller sur les montagne ou au bord d’un lac.  A quoi bon, ils n'ont pas les moyens de s'offrir le coûteux voyage vers l'ouest et encore moins de pouvoir séjourner dans nos pays.

La météo prévoit encore de la pluie pour le lendemain. C’est trop bête d’être à la montagne enfermée dans une chambre et d'être venue jusqu’ici pour rien. Je vais donc me reposer et travailler mes caractères, il y a très longtemps que j’ai négligé de la faire.

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C'est une journée bien triste, il n'y a rien à faire ici, je reste dans la chambre, porte ouverte pour surveiller la pluie mais elle tombe sans discontinuer, je me plonge alors assidûment dans l'étude des caractères mais ça me lasse au bout de quelques heures. Je compte les jours... encore 13... C’est long. Je me sens très seule ici, les gens sont en famille et ne recherchent pas de contact. Je ne sais pas s'il y a eu beaucoup de gens qui sont monté sur le Huang shan, mais les gens des chambres voisines sont tous restés à l'hôtel.

Il est 20 heures.

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Et la pluie vient de cesser, j'ai même aperçu un tout petit peu de ciel bleu. Demain matin, s'il ne pleut plus, j'ajournerai mon trajet vers Hangzhou pour monter sur la montagne. La seule vraie distraction de la journée, ce sont mes toilettes bouchées, ça m'occupe, ça me fait faire des va et vient pour demander qu'on me les répare mais sans beaucoup de succès. Je descends une nouvelle fois la volée d'escaliers pour réclamer une nouvelle fois la réparation bien que je pense que c'est le plombier qu'il faut changer. En attendant j'écoute le glouglou du trop plein des toilettes qui se déverse dans la douche.... je ne suis pas sûre d'avoir très envie de me doucher ce soir.

Le dialecte d'ici est très désagréable, les gens vocifèrent plus qu'ils ne parlent. Les sons sont durs, hachés , et bien sûr, je ne comprends rien.

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lundi, juillet 27 2009

Hangzhou

 

 

Mercredi  12   août      Hangzhou           

Jour 51

Cette nuit à 3 h du matin, il pleuvait à nouveau. Cela m’a fait plaisir… Ainsi je n’aurai plus à me poser des questions. Je partirai à Hangzhou. Je n’ai aucune envie de rester un jour de plus à me morfondre. Mais, à 6 heures du matin, il ne pleuvait plus ! Les montagnes étaient enserrées dans les nuages. Tant pis, je pars. Le couple de Coréens est monté sur le Huang shan hier malgré la pluie. Ils ont eu très froid et m’ont dit que c’était très beau même s’ils n’ont pas vu grand-chose. Ils sont plus courageux que moi, mais ils sont jeunes aussi. Je dois constamment veiller à ma sécurité car je suis seule ici, s’il m’arrivait quelque chose, ce serait bien compliqué. Le Huang shan, je vais continuer à l’admirer sur les photos des autres à moins qu’une nouvelle occasion ne se présente dans le futur. Ça me fait donc 3 ratés : le monastère de Labrang, le lac Karakul et le Huang shan.

Le bus a mis un peu plus de 4 heures pour rejoindre Hangzhou. Le paysage était très beau avec de nombreuses cultures très vertes, du thé, du maïs (ou du sorgho) des rizières, beaucoup de rivières, de lacs, de jolies petites collines coniques mais les villages traditionnels ont disparu au profit de maisons confortables mais en béton, dommage. J’ai raté mes photos car j’étais coincée sur un siège, ma voisine portant un bébé assez long pour me piquer la moitié du siège que je lui ai cédé bien volontiers. Deux hommes n’arrêtaient pas de hurler au téléphone au point où je me demandais si China Mobil n’avait pas un problème de son. C’est vraiment insupportable. A l’arrivée une rabatteuse monte dans le bus, fait son article avec un haut parleur et les 2 obsédés du téléphone continuent à crier dans leurs mobiles. Comme la rabatteuse vendait des excursions, j’ai donc acheté la journée du lendemain. Elle m’emmène dans un hôtel où les étrangers ne sont pas acceptés. Comme je suis très fatiguée, cela me fâche, elle m’emmène finalement à l’hôtel voisin où je me trouve actuellement. C’est équipé mais très sale. La baignoire est rouillée avec deux énormes trous et ça sent le moisi. Je n’ai plus la force de protester.

Sortie pour acheter des fruits, j’ai la surprise d’être encore obligée de montrer mon passeport au cybercafé. Cela me révolte, bientôt il faudra présenter ses papiers pour le simple achat d’une bouteille d’eau. Je ne supporte plus la Chine ni les Chinois, il est temps que je rentre.

A Hangzhou, je retrouve les grandes chaleurs. Je reste encore dans ma chambre jusqu'à la mi-journée. Ensuite j’irai voir le lac de l’Ouest qui se trouve à 20 minutes à pied de l’hôtel. Je me demande ce que ce lac a de si extraordinaire, tous les poètes et tous les peintres s’en sont inspirés et l'ont célébré.

La ville est aussi propre que Nanjing. On est dans une des provinces les plus riches de Chine. Chez le marchand de fruits il y avait des raisins dont les raisins avaient la taille de petites prunes. Et d’autres dont les grains sont verts à la queue et rouges à l’extrémité.

Je suis sortie à 16 heures méditant sur ma mauvaise humeur. Je pensais que s’il m’arrivait quelque chose de sympa, je retrouverai ma bonne humeur.  Et, la chose sympa fut un vrai café avec un journal en anglais. Je ne dormirai sans doute pas cette nuit mais pour l’instant ça me redonne le moral. J’ai passé 3 semaines trop austères et trop sur mes gardes au Xinjiang, un peu de fantaisie m'est à présent nécessaire. C’est donc avec entrain que je me suis ensuite dirigée vers le lac.

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Bon… c’est une ville construite au bord d’un lac.il n’y a pas de quoi en faire tout un plat. Je suis la foule des promeneurs et je longe le lac à la découverte de ce qui fait sa renommée.

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Et, peu à peu, je suis sous le charme,

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il se dégage une atmosphère particulière.

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 Deux chemins bordés de jardins traversent le lac.

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C’est très romantique avec des saules pleureurs qui pleurent juste ce qu’il faut, des lotus,

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de jolis ponts voûtés, des pavillons et des barques de bois qui glissent silencieuses à l’horizon où se découpent de jolies petites montagnes pointues comme des chapeaux chinois.

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La ville se situe à une extrémité du lac et le reste est bordé de jardins. Sans m’en rendre compte, je suis partie pour un tour du lac qui doit faire 12 km. Lorsque la nuit tombe, c’est un concert de criquets, de grillons, de grenouilles. Comme il fait gris, le paysage s’estompe dans la brume. (Ou la pollution). Parfois j’ai l’impression d’être dans un jardin anglais et, plus loin à Central Park (NY) et puis, une pagode me ramène à la réalité. La nuit, il y a très peu de lumières, je suis un peu inquiète mais lorsque j’aborde le côté ville, une foule impressionnante chante, danse et se distrait en famille.

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Je prends un taxi pour rentrer à l’hôtel car, de nuit, je suis incapable de retrouver le chemin. Ça doit être bien de faire le tour à vélo. J’ai marché pendant 5 heures. (Ça doit faire plus de 12 km !).Et, la Chine, une fois de plus m’a  réservé son lot de belles surprises. J’oubliais… c’est gratuit ! Voilà le premier lac auprès duquel je me rends et qui ne soit pas payant.

 

Jeudi  13 août      Hangzhou           

Jour 52

Encore une journée harassante. Je n’ai même pas la force d’écrire. Je ferai cela demain.

Après une mauvaise nuit, j’éprouve le besoin de me réconforter par un vrai café au « Regener coffee » avec une viennoiserie achetée à la pâtisserie française près de l’hôtel. Après ma pauvre alimentation de ces dernières semaines, je m’autorise toutes les folies ! Il faudra ensuite faire les bagages et trouver le moyen d’aller à Suzhou.

 Je me félicite d’avoir fait le tour du lac la veille car, aujourd’hui, le temps était gris très brumeux sur le lac avec beaucoup de pluie en fin de journée (je retrouve la mousson) ; j’ai donc participé à cette excursion d’une journée à Hangzhou, c’était très bien mais trop riche. j’avais du mal à suivre le rythme vers la fin alors qu’il faisait encore 35 °, et, comme toujours, il y avait des tas de marches à monter. Nous avons d’abord pris le bateau pour accéder à une île, c’était une bonne surprise car c’était très joli avec des points de vue différents.

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 J’ai vu les 3 bornes où se reflète la lune.

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Nous avons ensuite visité un temple dédié à Yuefei, un général Song qui a été injustement condamné à mort puis réhabilité.

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Le temple de Lingyin, très vieux et très élevé précédé de grottes sculptées dans une petite vallée où coulait un torrent.

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 Bien sûr, nous avons eu droit aux classiques visites d’usine, cette fois, il s’agissait de duvets et de couettes de soie, très douillets et très chers. J’ai dormi une fois sous une de ces couette de soie, c’était un régal de légèreté et de bien-être.

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Autre visite d’usine pour le fameux  Xihu Lonjing cha" (le thé Longjin du lac de l’Ouest).

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On continue par la visite d’un parc d’attraction que je trouvais bien misérable et un autre lieu « enchanteur » mais que je trouvais vraiment trop kitsch, et ridicule

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où la bonne fortune, bonheur et autre sont représentés sous forme de statues dorées à 4 sous. Mais les Chinois se régalent.

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Dans le bus, une jeune célibataire, Linlin, 27 ans qui a un master d’électronique mais qui ne rêve que d’ouvrir une boutique pour faire de l’argent au plus vite, vient me parler. Elle parle un anglais impeccable, elle est brillante et très bavarde. C’est la bonne surprise de la journée. Nous sympathisons. Elle aussi voyage seule. Elle m’explique que c’est difficile pour les femmes trop intelligentes de trouver  un mari. Je lui ai dit que c’était pareil chez nous.

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Lorsque l’excursion fut terminée, je l’ai invitée à dîner dans un bon restaurant et nous avons passé une soirée très agréable. Impossible de trouver un taxi pour rentrer… Elle me force à monter dans un bus avec l’aide d’un jeune homme chargé de m’indiquer à quelle station je dois descendre. Et je la laisse seule sous la pluie trouver un moyen de rejoindre l’auberge de jeunesse très excentrée où elle réside. Je me sentais un peu honteuse mais je ne pouvais rien faire de plus.

 

Vendredi  14 août      Hangzhou           

Jour 53

Je suis au Regener coffee à déguster un bon colombien en écrivant ces lignes. Il pleut toujours, je suis vraiment dans la partie de la Chine où la mousson se fait le plus sentir.

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Après le café je vais à un wangba lire mes mails. Linlin m’avait déjà envoyé un mail avec les horaires de train très peu pratiques (il faut passer par Shanghai, attendre des heures et changer de train) pour aller de Suzhou à Xiamen, mes deux prochaines étapes. Elle me propose aussi que nous allions ensemble à Suzhou demain et elle me demande si elle peut dormir chez moi puisque j’ai une chambre à deux lits. Cette nouvelle me réjouit beaucoup, je l’espérais un peu, nous l’avions évoquée. Normalement elle ne comptait s’y rendre que la semaine suivante. C’est la première fois que j’ai vraiment envie de rester réellement en contact avec quelqu’un, elle est vraiment intéressante et nous avions eu des conversations vraiment sympathiques. Je lui réponds que je l’attends et j’en profite pour lui expédier les photos que nous avions faites la veille. Je préviens aussi l’hôtel de lui ouvrir la porte de ma chambre si je suis absente parce que je veux trouver le Grand Canal qui commence ici à Hangzhou.

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Linlin m’a dit qu’elle était communiste et qu’elle était donc sensée ne pas pratiquer de religion, mais l’impact culturel est si fort qu’elle reste fidèle aux pratiques ancestrales. J’ai retenu qu’elle était communiste comme tous les étudiants qui veulent décrocher un bon emploi. Etre au parti est obligatoire. Je me dis d’être prudente quand même et ne pas me laisser aller à des débats qui risquent d’être mal interprétés. Avant-hier je me disais qu’il fallait que quelque chose de sympa m’arrive… le ciel m’a entendue ! Linlin c’est plus fort qu’un café au Regener. Elle était très étonnée que je connaisse les massacres de Nanjing. Je lui ai dit que lorsqu’on s’intéresse à la Chine on apprend très vite les exactions des Japonais et que j’avais été très émue en lisant « Quatre générations sous un même toit » de Lao She. Cet énorme roman analyse le comportement de tous les habitants d’un hutong face à l’envahisseur japonais. Le personnage principal s’indigne de la passivité des Pékinois, il se dit qu’il devrait rejoindre la résistance mais, il ne le fait pas parce qu’il doit s’occuper de ses parents. Chacun a ses raisons… même les collabos. C’est un livre passionnant, tous les livres de Lao She le sont. Linlin m’a aussi demandé si les Ouïghours m’avaient agressée au Xinjiang, car elle aurait eu très peur d’y aller. Je la comprends, avec les événements récents où ils s’en sont pris aux commerçants Hans. Je dois reconnaître qu’en tant qu’étrangère je n’ai pas subi la moindre animosité, tout le contraire et je me suis remémorée toutes les marques de gentillesse qui m’ont été offertes malgré leur grande pauvreté, notre incapacité à communiquer… même si les chauffeurs de taxi un peu trop fantaisistes se sont un peu payé ma tête en me baladant n’importe où. Je me dis aussi que j’ai vraiment fait un voyage de fou, que les conditions étaient vraiment difficiles comparées à la facilité et au confort que je retrouve à l’est.

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En lisant mon horoscope ce matin j’ai appris que si je ne réglais pas mes affaires tout de suite j’allais avoir à subir des catastrophes. Je ne crois pas à ces sornettes, mais quand même ! C’est vrai que je n’ai pas encore acheté mes billets pour Suzhou et Xiamen, ce qui est de l’inconscience car une couchette basse est très difficile à trouver. La proposition de Linlin m’oblige à rester un jour de plus ici et mon temps est à présent compté. Je n’arrive pas à me décider.

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J’opte finalement d’aller voir le grand Canal puisqu’il commence ici et remonte au nord jusqu’à Pékin et Tianjin.

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Avec la grande muraille ce sont les réalisations les plus extraordinaires de la Chine impériale  qui servait à transporter les marchandises du sud pour nourrir le nord. J’ai aussi très envie d’un KFC. Je demande à l’hôtel de me montrer sur une carte où se trouve le grand Canal, il traverse toute la ville. Il y aura sûrement un KFC quelque part. Un taxi m’y conduit rapidement et je me trouve dans un quartier ultra moderne où les grands magasins et les marques de luxe se succèdent. Cette année, je constate davantage de marques françaises, il était temps, Agnès B va ouvrir des boutiques un peu partout, Yves Rocher est déjà à Pékin, Occitane aussi.

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C’est étonnant de trouver le grand Canal dans cet ensemble ultracommercial, ce n’est pas du tout l’idée que je m’en faisais. On peut se promener des deux côtés où des jardins sont aménagés.

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De beaux immeubles d’habitation le bordent. Mais, quels aspects auront-ils dans 20 ans ? Comme ils n’entretiennent rien les immeubles deviennent vite miteux.

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On dirait bien que le Grand Canal est en train de déborder

 Il fait très chaud et humide mais je suis heureuse d’être ici face à l’histoire passée et celle qui se construit, d’autant plus que j’ai aperçu au loin l’enseigne d’un Macdo où je vais tout de suite dévorer une nourriture que je trouve ici tout à fait divine (mais pas en France). Comme toutes les boutiques affichent les soldes, je vais en explorer une ou deux, mais cela m’ennuie très vite parce que je n’ai pas l’intention de faire des achats et que ça ressemble à tous les grands magasins de la planète, ici, peut-être encore plus luxueux. Le mieux est de retourner à l’hôtel attendre Linlin puisqu’il est déjà 17 heures.

Arrivée dans ma chambre, le téléphone sonne, c’est Linlin, elle annule sa venue car elle est malade, couverte de boutons. Je suis à la fois déçue et soulagée parce que je suis si habituée à être seule avec mes petits rituels du soir que la présence d’une jeune Chinoise m’aurait demandé des efforts d’adaptation que j’étais prête à assumer avec plaisir mais qui m’auraient demandé un effort. Je repense à mon horoscope du matin : voilà les catastrophes annoncées qui arrivent ! Et je n’ai toujours acheté aucun billet. La panique me saisit. Il faut absolument que j’aille acheter ce billet pour Xiamen. J’ai beaucoup de mal à trouver l’endroit où on peut acheter les billets de train sans avoir à faire la queue à la gare, tous les renseignements qu’on me donne sont faux. Je demande encore à une très jolie jeune femme en robe vert pastel qui passait par là si elle connaissait l’endroit. Elle se renseigne pour moi auprès des balayeurs, des agents de la circulation et m’accompagne jusqu’à l’agence qui était finalement assez loin. Je suis très touchée ça lui a pris beaucoup de temps.

Au guichet, un couple d’anglophone avait beaucoup de mal à se faire comprendre, alors, comme je suis devenue experte en achat de billets de train, j’ai fait l’interprète pour eux. J’étais fière de ma petite performance, et quand ils m’ont remerciée à la fin je leur ai répondu « you’re welcome » alors que d’habitude, c’est à moi qu’on dit ça. J’ai eu mon billet pour Xiamen. Reste à trouver comment me rendre à Suzhou le lendemain. C’est l’hôtel qui va m’aider, les employées de la réception se sont décarcassées pour me trouver une agence qui puisse m’emmener demain, car tous les groupes étaient déjà complets. A chaque fois, je suis émerveillée par la gentillesse des Chinois. Maintenant, tout est réglé, ma visite à Suzhou sera courte, mais l’essentiel est de voir les fameux jardins. L’horoscope a dit n’importe quoi !

Il est 7 heures et il fait nuit. Au Xinjiang le jour durait jusqu’à 10 h 30. Mais je descends vers le sud. Je vais sortir dîner et lire le « Daily China » que j’ai acheté cet après-midi. J’apprendrai enfin, en le lisant,  que cette pluie incessante est due au typhon qui a ravagé Taïwan et le Fujian où je me rendrai après demain. Pas étonnant que je ne puisse pas monter sur le Huangshan. Le Zhejiang et l’Anhui sont également touchés. Quel pays à catastrophes ! La Chine est un continent.

 

dimanche, juillet 26 2009

Suzhou

 

 

                          

 

 

Samedi  15 août      Suzhou          

Jour 54

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Il y a très longtemps que j’avais envie de voir les jardins de Suzhou. C’est fait. Et, je suis très déçue. Non pas parce qu’ils ne sont pas intéressants mais parce qu’il y avait tant de monde qu’on a bien du mal à avoir un point de vue libre. C’est sûr, je fais partie de cette foule qui pollue le champ de vision.

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On est bien loin de la sérénité qu’on est sensé puiser dans ces jardins. On se croirait un jour de soldes dans un grand magasin. Là, on peut vraiment affirmer qu’il y a beaucoup de Chinois. Plus inquiétantes encore ce sont les normes de sécurité qui sont négligées.

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Grimper les marches des pagodes tient de la performance : des centaines de personnes se pressent ou plutôt se bloquent dans des escaliers de bois très étroits, sans protection. Croiser ceux qui descendent alors qu’on monte, tient de l’acrobatie. Il faut tant de temps pour accéder au premier étage, qu’espérer atteindre le 7ème demande une grande motivation. Je me contenterai du premier étage, tant pis pour la vue.

Pour les jardins eux-mêmes, le goût immodéré des Chinois à se faire prendre en photo devant chaque caillou, chaque flaque d’eau et cela pour chaque membre de la famille qui a droit à sa photo, il est impossible de photographier quelque chose sans que quelqu’un ne prenne la pose devant. Je furette pour trouver des coins isolés, mais ceux là ne sont pas entretenus… J’ai donc des vues très parcellaires de ces jardins, impossible d’en saisir l’enchaînement.

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Nous avons aussi navigué sur les canaux pendant une heure, c’était plaisant mais je trouve ça vite ennuyeux. Car c’est difficile de prendre des photos, les gens étaient trop nombreux et les ouvertures du bateau insuffisantes.

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Cette fois en matière de visites d’usine, nous avons eu droit aux perles puis une usine de théières en argile. Là, j’ai craqué, elles sont si jolies, avec un galbe parfait alors j’en ai acheté une en oubliant de marchander. Me voilà avec un gros paquet sans savoir comment je vais pouvoir le coincer dans mes bagages. Ce sera mon seul achat de souvenirs de ce voyage. Je me suis très bien habituée au thé chinois que je trouve plus léger, plus raffiné que les thés anglais que nous buvons en Europe. Je crois que je continuerai en France, mais la compétition avec le café du matin n’est pas gagnée.

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La visite d’un jardin durait 40 minutes. Au quatrième jardin, le guide oublie de me donner l’heure du rdv, alors, je m’accorde les 40 minutes habituelles au bout desquelles je ne vois personne du groupe. Le car est parti sans moi. Je trouve ça un peu énorme et tout à fait irresponsable. Par chance, je ne suis pas la seule, une autre famille se retrouve abandonnée comme moi. Ils appellent le guide avec leur portable. Nous prenons un taxi pour rejoindre le groupe dans un autre jardin. La famille est furieuse et crie contre le guide, le chauffeur du car et moi, je pense qu’ils ont bien raison. Je n’ose imaginer ce que j’aurais fait sans cette famille car je n’ai pas de portable. Il m’aurait fallu retourner à Hangzhou en car sans savoir s’il y en avait encore en fin d’après-midi…. Et la certitude de rater mon train du lendemain. Le guide nous a remboursé le prix du taxi.

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Retour à Hangzhou à 21 heures. Le guide me lâche n’importe où en me disant de prendre un taxi pour retourner à l’hôtel (je ne suis pas la seule à être larguée ainsi). Mais c’était impossible de trouver un taxi. Heureusement, une fois de plus, un Chinois du groupe avec qui j’avais un peu bavardé, me prend en charge et m’aide à trouver un véhicule.

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J’ai eu le temps de faire des provisions pour le train et je retrouve ma chambre d’hôtel à la baignoire passoire. Le personnel de l’hôtel est si gentil avec moi que j’en oublie les trous de la baignoire, les taches sur la moquette et l’odeur de moisi… Je vais y rester 4 jours. Il est vrai qu’après mes 3 semaines au Xinjiang, j’ai appris à être moins exigeante et je prends ces petits  problèmes avec un certain détachement.

Pour en revenir aux jardins de Suzhou, ils sont dépourvus de fleurs, ce qui prime, ce sont les rochers.

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Le premier des jardins  se présente comme un labyrinthe à travers grottes et rochers.

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 L’eau circule entre les pierres, créant par endroit un bassin où un pavillon ou une pagode se reflète au centre avec par devant des lotus ou des nénuphars. Il y a de nombreux bonzaïs. Quelle que soit la taille du jardin, c’est tout un univers qui est construit, avec ses reliefs, ses coins secrets ou ses coins ouverts sur l’eau où se regroupent tous les visiteurs. Les autres jardins contenaient des tombeaux et des temples. J’étais peinée de ne pas pouvoir rêver à l’ombre des arbres, solitaire, dans des parcs vides de visiteurs.

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J’oubliais de mentionner les ponts si gracieux qui relient les rives et les hommes. A Suzhou, il y en a de très beaux, et très élevés pour pouvoir laisser passer les bateaux, ils sont d’une grande finesse et d’une grande élégance. Mais, je préfère Hangzhou et son lac. Mon voisin de bus pense la même chose.

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Il y a beaucoup de monde autour du lac, c’est un espace tellement large que ce n’est pas gênant. Beaucoup de couples d’amoureux arrivent à s’isoler, les bancs sont nombreux et les paysages changent selon la lumière. « Au ciel, il y a le paradis, sur terre, il y a Suzhou et Hangzhou », c'est un vieil adage chinois qu’on retrouve partout.

Je suis heureuse d’avoir réussi mon programme.

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Dimanche  16 août      Dans le train pour Xiamen           

Jour 55

 Il est 9 h 45 et le train démarre à l’instant pour Xiamen où j’arriverai demain vers 10 heures. Il me reste une semaine pour visiter Xiamen et Yongding pour les tulou des Hakkas et enfin rejoindre Hong Kong pour mon vol de retour.

A chaque nouvelle destination, je suis épatée de constater que tout se passe selon mes plans. J’ai l’impression que sans avoir particulièrement recherché les contacts, je comprends un peu mieux. Je n’ai plus besoin d’écrire non plus pour me faire comprendre. Si je restais encore quelques mois, je crois que ça finirait par entrer. L’année prochaine risque d’être plus intéressante. J’arrive même parfois à comprendre  de quoi parle le guide lorsqu’il fait ses longs discours au groupe, mais ça me demande un effort de concentration considérable que je ne peux soutenir longtemps.

Cette fois,  à  part un jeune un peu exhibitionniste qui se croit autorisé de siffler un air au milieu de la nuit, les voyageurs de mon wagon sont courtois et les enfants bien éduqués, c’est reposant.

Quand j’ai voulu ouvrir mon yaourt, il a explosé envoyant du lait un peu partout dans la cabine. Je ne sais pas ce qu’ils mettent dedans ! Un voyageur, voyant ma mine déconfite, m’offre une pizza pas mauvaise du tout. Cette fois, j’avais des barres chocolatées à lui offrir en retour.

 

samedi, juillet 25 2009

Xiamen

 

                       

 

 

Lundi  17 août                        Xiamen           

Jour  56

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Nous roulons vers le Fujian le long d’une rivière boueuse. Il n’y a que des petites montagnes très vertes et les sommets se perdent dans la brume matinale. Les villages traversés ont l’air très pauvres, très éloignés des villages du Zhejiang. Il est 7 h 30, dans 3 heures je serai à Xiamen.

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Je repense à une scène amusante : alors que je me baladais l’avant veille dans les rues de Hangzhou dans le quartier hyper commercial, deux jeunes gens à peine la vingtaine, sortent d’un hôtel ou d’un restaurant de haut standing, ils  saluent et remercient avec effusion le groom sur le perron. Curieux, car ces jeunes gens habillés à la mode, respectaient un cérémonial traditionnel avec beaucoup de sincérité et d’émotion. Je me demandais, en les regardant s’éloigner, ce que le groom avait fait pour eux pour mériter autant de marques de respect. Comme je regardais le groom tenant à deux mains une petite liasse de billets, il l’approche de la bouche pour y poser un gros baiser  sonore. A ce moment il s’aperçoit que je l’observe, nous avons éclaté tous les deux de rire, d’un rire complice.

Mon voisin de bus est passionné par l’histoire française. Comme je suis très étonnée, il m’explique qu’ils étudient notre histoire au lycée. Je lui demande quelle est en Chine la meilleure de dynasties, il me répond les Tang (je pensais qu’il nommerait les Ming) et il ajoute, « mais le meilleur moment, c’est maintenant ». « Et, Mao Zedong, comment le trouvez –vous ? » Il hésite longtemps, me dit des choses que je ne comprends pas mais globalement, il a un avis très négatif sur la révolution Culturelle. Je commence à avoir des bribes de conversation qui dépassent le  « où je vais, d’où je suis et quel âge j’ai ».

L’arrivée à Xiamen est étonnante.

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La ville a l’air gigantesque. Avec des tours ultramodernes, une vieille ville coloniale très dégradée, des échangeurs étourdissants de démesure. A la gare un rabatteur me propose des hôtels, je n’ai pas envie de me dépatouiller toute seule. Mes expériences de rabatteurs ont plutôt été heureuses et je me laisse conduire à un hôtel pas trop loin de la mer. Je lui achète aussi une excursion à Yongding un peu chère mais je trouve épatant de n'avoir à me préoccuper  de rien. Demain soir, j’aurai rempli tout mon programme et je n’aurai plus qu’à flemmarder en attendant de rejoindre Hong Kong le 24 pour rentrer chez moi. L’hôtel n’est pas terrible, mais je ne vais pas faire la difficile.

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Au wangba où je n’avais pu me rendre depuis quelques jours, je passe pas mal de temps à répondre aux messages. Linlin m’envoie des adresses pour que je vienne enseigner le français à Pékin. Elle ne va pas mieux et son problème s’aggrave. Pourquoi les gens tombent toujours malades quand ils doivent partir avec moi ? Alors que ce sont eux qui proposent de m’accompagner…

Vers 16 heures, je sors de l’hôtel à la recherche du bord de mer. L’hôtel en fait est très bien situé dans le quartier ouest, animé, pas trop loin du bord de mer même s’il n’y a pas d’eau dans la douche. Il va encore falloir parlementer (j’ai déjà changé de chambre car la clim ne marchait pas)

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Il faut 20 minutes de marche à pied pour rejoindre la mer et les quais pour prendre les ferries. En chemin on traverse la vieille ville coloniale animée remplie d’échoppes et de grands magasins. Ce n’est pas aussi propre que Nanjing ou Hangzhou.

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Le bord de mer est magnifique. C’est une belle surprise, aménagée en promenade en face de

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la jolie île de Gulang Yu, ancienne concession étrangère que j’irai visiter après-demain.  Il y a un petit côté de Hong Kong pour le site naturel.

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Vers 18 heures, la touffeur s’estompe et une brise marine chargée d‘iode apporte fraîcheur et bien-être. Dommage qu’il fasse nuit à 9 heures.

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 Les gens se promènent ou bien sont assis sur les pelouses et jouent aux cartes, les petits garçons font du skate et les filles mangent des glaces.

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Une base de la marine occupe une partie du bord de mer  dans de beaux jardins avec de nombreux terrains de sport.

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Des immeubles contemporains surplombent les petits immeubles coloniaux dont certains sont agréablement restaurés. Des ferries font la navette entre Xiamen et Gulang Yu qui est à 5 minutes. Il paraît que c’est la perle du Fujian.

Je ne vois aucune trace du passage du Typhon. J’ai marché longtemps le long de la côte puis je suis rentrée tout à fait satisfaite d’être venue ici.

 

jeudi, juillet 23 2009

Les tulou des Hakkas

 

                    

                  

 

 

Mardi  18 août      Xiamen           

Jour  57

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Au 3ème et 4ème siècle, les peuples Hakka venus du nord ouest de la Chine, se réfugièrent au Fujian pour échapper à la persécution et à la famine. Les tulou sont des habitations de terre qui les protègent des animaux sauvages et des assaillants. Elles pouvaient  abriter un clan complet soit 200 à 1 000 habitants. La visite des ces tulou (bâtiments de terre) est passionnante et aussi impressionnante.

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Ces énormes constructions rondes ou carrées, isolées ou regroupées, certaines encore habitées sont encore au nombre de 20 000. On est à la montagne au milieu d’une végétation tropicale avec beaucoup de bananiers. Les tulou sont disséminés  partout où le terrain le permet. Ça se présente comme une forteresse. En bois, en torchis et en riz glutineux ! Cela ne manque pas de grandeur.

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                               Celui que nous avons visité avait 260 ans.

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Sa cour intérieure était remplie d’autres habitations  arrondies elles aussi, mais en général dans les autres tulou, les cours sont vides.

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                               La porte d’entrée  conduit vers l’autel des ancêtres,

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de l’extérieur on ne voit que de petites ouvertures très hautes et de l’intérieur,

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les habitations s’étagent sur 3-4 niveaux de galeries en bois.

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devant les portes, les marmites chauffent et le linge sèche.

Difficile de faire tenir un tulou dans le viseur de l’appareil photo.

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Nous avons grimpé sur une colline pour les voir de haut sous un soleil torride. Ensuite en attendant le départ du car, je me suis mise à l’abri dans un tulou où il fait plus frais. Les gens m’ont offert du thé dans de petits bols de poupée.

Les hakkas sont tout petits.

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Le revers de la médaille, c’est qu’un garçon du car n’a pas cessé un instant de me parler pendant le voyage de 3 heures (6 avec le retour) pour me donner sa vision du pays, de l’Europe, des démocraties avec des images très simplistes du style « si les Français ont essuyé une défaite face aux Allemands pendant la seconde guerre mondiale, c’est parce qu’ils sont trop romantiques ». J’en pouvais plus de l’écouter.

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De retour à Xiamen, je pars dîner au KFC, ravie de ma journée et ravie d’être enfin débarrassée du grand bavard. Hélas, au KFC, deux jeunes gens viennent s’asseoir à ma table et commencent aussi de longs discours en anglais…. Il y a des jours comme ça ! Tous ces jeunes sont bien gentils, ils profitent des étrangers pour exercer leurs anglais. Un peu saoulée de paroles, je leur fausse compagnie au bout d’un moment, pressée de retrouver un peu de silence. Aujourd’hui je n’ai pas parlé chinois, c’était impossible.

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A propos de l’immeuble qui s’est couché sur le flan à Shanghai, il n’y avait aucune connexion avec le sol, il s’est couché comme un dé, il paraît que les vitres ne se sont même pas cassées. Et qu’il y a eu juste un mort car l’immeuble venait d’être achevé. L’image de sa chute passe régulièrement à la télévision. Mais, je crois que ça s’est passé avant le typhon. Il n’y a qu’en Chine que ce genre de chose peut arriver m’a dit en riant le bavard du car.

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J’ai fait le bon choix de prendre cette excursion pour voir les tulou car, seule il m’aurait fallu aller à Yongding, c’est 5 heures de car, il aurait fallu y dormir et prendre  un autre car pour 1 h 30 de trajet avant d’arriver sur le site, puis revenir avec la même procédure. Soit 3 jours. L’excursion m’a permis de tout faire dans la même journée sans grande fatigue puisque le car nous a mené directement sur les sites sans passer par Yongding.

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mercredi, juillet 22 2009

L'île coloniale de Goulang Yu

 

            

 

 

Mercredi  19 août      Xiamen           

 Jour  58

Aujourd’hui, je me suis très mal débrouillée, je voulais visiter l’île de Goulang Yu et prendre du bon temps, mais comme j’avais des démarches à faire avant, je me suis retrouvée une fois de plus à faire mes visites aux heures les plus chaudes. Il me fallait pourtant changer des euros et acheter un billet pour Canton, ça, c’était urgent, et puis consulter internet, prendre un vrai café dans la rue animée, il était 11 heures quand j’ai pris le ferry pour l’île.

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La traversée ne dure que quelques minutes et c’est un dépaysement total. Il n’y a aucune voiture,

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mais une végétation luxuriante avec des lianes qui traînent jusqu’au sol,

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un enchevêtrement de racines, les arbres sont très vieux et splendides. Et puis, au milieu de cette végétation, les maisons coloniales de l’ancienne concession,

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S’il n’y avait pas une vendeuse à la palanche, on se croirait dans une rue de Londres

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certaines sont restaurées, d’autres dégradées mais elles gardent un certain charme, d’autres encore, sont abandonnées. Ça s’étage sur des collines et des jardins.

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De l’autre côté de l’île, il y a des plages avec très peu de monde ce qui m’a surprise. En fait, les Chinoises ne s’étalent pas pour bronzer car leurs critères de beauté c'est de rester le plus blanc possible (ne dites jamais à un Chinois ou  un Japonais qu’il a bonne mine ou qu’il est bronzé, il serait désespéré). Donc, pas de serviettes et de corps allongés dans le sable : les gens se baignent puis s’en vont vers d’autres amusements. Linlin s’étonnait beaucoup que les occidentaux veulent à tout prix être bronzés. Je lui ai expliqué qu’avant le 20ème siècle, nous aimions aussi rester blanc pour ne pas ressembler à des paysans. J’ai regardé attentivement le teint des jeunes femmes, elles ne sont effectivement pas du tout bronzées. Celles qui sont naturelles, sans fard, ont le teint un peu jaune, celles qui sont maquillées ont un joli teint nacré. J’ai vu que les marchands de perles vendaient de la poudre de perle pour le maquillage, on m’en a proposé, mais cela ne m’intéressait pas. Linlin trouve aussi que les filles du sud ont un teint plus lisse  que celles du nord. C’est vrai qu’elles ont une peau parfaite. Elles sont belles et elles le savent. Alors elles sont très maniérées et capricieuses, boudeuses, je plains leurs petits amis, mais ils doivent adorer….

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Mon palmier favori nommé « Arbre des Voyageurs »

Malgré l’ombre offerte par les arbres, je me sentais mal, je recherche la terrasse d’un hôtel pour me reposer, comme je n’en trouvais pas, je suis entrée dans un endroit en demandant s’ils avaient de la climatisation.

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On me conduit dans un petit salon obscur. En traversant le hall, je découvre une superbe entrée de style Art Nouveau avec un grand vitrail dans la style Liberty,

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des meubles anciens, des patios. J’ai bien choisi l’hôtel et je vais m’y reposer une heure pour me rafraîchir.

Je reprends la promenade à travers les ruelles.

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Il y a plusieurs églises catholiques, d’anciens consulats et des constructions récentes médiocres qui gâchent un peu le charme qui se dégage de cette île.

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Aller sur Goulang Yu pour les séances photo  est un must pour les jeunes mariés, l’île en est remplies !

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Xiamen vue de Goulang Yu

Je retourne à l’hôtel vers 17 heures ruisselante. Je ne sortirai plus aujourd’hui. J’ai fait quelques courses et je vais me faire une soirée télé confortable.

Demain je prends le car pour Canton à 21 h 30. Il y a 9 heures de trajet. Je ne sais pas trop ce que je vais faire demain.

J’ai vu dans un magasin le même parasol que celui que j’ai acheté à Kaifeng. Il valait 3 fois moins cher que ce que j’avais payé. C’est agaçant d’avoir toujours à marchander et souvent j’oublie de le faire. J’ai parfois acheté des produits plus chers qu’à Paris. Les prix sont très fantaisistes. J’ai acheté du thé Longjin 30 yuans à côté d’une boutique qui vendait des robes à 25 yuans. Il y a de quoi s’y perdre dans la hiérarchie des prix.

 

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Que font les Chinois lorsqu’ils voyagent ? Ils mangent… sans arrêt. C’est ahurissant comme la nourriture a de l’importance pour eux. Je me demande si ce n’est pas en réaction à des milliers d’années de famine endémique. Beaucoup d’enfants présentent déjà des signes d’obésité inquiétants. Les belles jeunes filles coquettes et capricieuses s’épaississent avec l’âge et elles perdent tout leur charme. Si le Chinois ne mange pas, alors il dort d’où les couchettes de jour comme de nuit. C’est très rare de voir un Chinois lire un livre, ça aussi ça me déconcerte, on dirait un peuple acculturé où seuls comptent manger, dormir, jouer et bavarder. Je pense que c’est le fait des classes moyennes émergeantes, c’est avec eux que je voyage tout le temps, les gens riches prennent l’avion ou la voiture et ne descendent pas dans les mêmes hôtels, ils mangent dans des restaurants haut de gamme. Je suis une classe moyenne émergeante !

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Il y a encore des porteurs à la palanche mais ça devient rare.

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Ce matin dans la rue de mon hôtel, j’ai photographié 6 chèvres vivantes dans le coffre d’une voiture.

On trouve de plus en plus de pain en Chine, du pain de mie ou des viennoiseries. Il n’y a qu’à Shanghai que j’ai vu une véritable boulangerie française vendant même des baguettes. Ce qu’ils appellent ici « frenchbread » ce sont de toutes petites pièces de petits pains au lait qui n’existent pas en France. Il y a deux ans encore il était rare de trouver du pain. Je pense que KFC et Macdo ont dû contribuer au développement de ce commerce.

 

lundi, juin 22 2009

Fin du voyage

 

 

Jeudi  20 août                       Xiamen           

Jour  59

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Dernière journée à Xiamen. Sachant que je dois rendre la chambre à 12 heures et que mon rdv pour le car de Canton n’est qu’à 20 heures, le problème est de savoir comment occuper ces 8 heures d’attente dans une ville torride sans être ruisselante de sueur pour la nuit dans le car. La matinée est facilement occupée à trier et faire mes bagages pour le grand retour et j’occupe la chambre jusqu’au bout. L’après-midi est plus difficile : d’abord le cybercafé avec la climatisation, ensuite je teste le Pizza Hut pour des pâtes au curry, là aussi il y a de la clim. Puis je continue dans un de ces immenses centres commerciaux presque vide où je vois qu’il y a un cinéma.

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 Si on ne sait pas lire le chinois, on ne peut pas le savoir car il est caché au 4ème étage. Comme le film qui m’intéresse ne commence que dans une heure et demie, j’y renonce. Le prix de 60 yuans est dissuasif. Comment font les Chinois pour payer aussi cher une place de cinéma ? Je décide de visiter le parc Zhongshan, il y aura bien de la fraîcheur sous les arbres, je pourrai y lire le journal que je viens d’acheter.

Le parc, comme Goulang Yu a de très beaux arbres avec des rideaux de lianes.

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Les gens sont regroupés dessous pour jouer aux cartes ou au mah-jong. Il y fait frais, pourtant je sens la sueur couler sur ma nuque.

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Ce parc contenait des temples et des pagodes qui ont tous été détruits pendant la révolution culturelle. Les constructions modernes qui les ont remplacés sont médiocres et sans intérêt. Je m’abrite un peu à une buvette où tournent des dizaines de ventilateurs, ça doit être un club de mah-jong. Les gens jouent de l’argent et pas des petits billets : à coup de 100 yuans, pourtant à leur tenue, ils ont l’air pauvre.

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En quittant le parc je m’aperçois qu’il y une bibliothèque et une salle d’exposition : encore un panneau bien discret. Au 2ème et au 3ème étage d’un immeuble tristounet, l’exposition présente de la peinture chinoise traditionnelle

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 et la bibliothèque est remplie de lecteurs mais ils lisent surtout la presse. Le contenu des rayons est bien vieux et bien misérable. Je m’assois pour lire des magazines de BD chinoises, mais cela ne m’intéresse pas du tout. Encore 3 heures d’attente… Autre lieu climatisé, le KFC, j’y serai tranquille pour lire mon journal. Puis, je traîne encore pour acheter du thé Biluochun pour mon ami japonais Takeaki qui avait bien du mal à retenir ce nom. Je retourne dans le hall de l’hôtel attendre qu’on vienne me chercher.

Je suis fatiguée de la Chine. Je prends un air renfrogné pour qu’on ne m’aborde pas, mais une dame, qui visiblement s’ennuyait, vient s’asseoir à côté de moi et ne me lâche plus avant l’arrivée du bus. Que je ne comprenne pas la moitié des choses qu’elle me racontait ne la gênait pas du tout. Elle voulait m’inviter chez elle.

Et, dans le bus de nuit, ma voisine de couchette m’assiège aussi par des tas de questions, et, quand je fais semblant de dormir, elle me tape sur l’épaule et recommence ses questions. Les gens sont vraiment trop bavards au Fujian !

Je découvre avec horreur que ma couchette se trouve juste en face de la porte des toilettes (c’est la première fois que je prends un car avec des toilettes, c’est peut-être pour ça qu’on lui attribue la qualité de « bus de luxe »). Si bien qu’à chaque visite des odeurs abominables m’agressent. Malgré cela pour une fois, j’ai bien dormi. Réveil à 5 heures avec une odeur d’urine si forte que cela me brûle les yeux, l’ammoniaque sans doute. N’en pouvant plus je m’en vais à l’avant du car m’asseoir sur les marches à côté du chauffeur, mais même à cet endroit éloigné du fond, l’odeur est présente... lorsque j’explique à la responsable du car que je ne supportais plus l’odeur, elle me répond « wo zhidao, wo zhidao »  (je sais, je sais)… C’est ma pire expérience de car.

 

Vendredi  21  août                       Canton           

Jour  60

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J’étais très contente de quitter le car à l’arrivée à Canton. Plus que 3 heures de route me séparent de l’aéroport de Hong Kong. Je retourne à l’hôtel Pétrole que je retrouve avec plaisir. Cette fois je ne paie que 110 yuans au lieu des 130 de l’aller. J’en conclus que la commission de la rabatteuse n’est que de 20 yuans (2 euros). En tout cas, de tout mon séjour, c’est le meilleur rapport qualité-prix. Je crois que je vais y rester jusqu’au bout, Hong Kong est trop cher. Il est 8 heures du matin et il fait déjà 31°.

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Quel délice de se retrouver dans une chambre confortable où tout fonctionne bien. Je suis retournée au cybercafé du mois de juillet  et là aussi on me demande mon passeport  ce qui n’était pas le cas avant. Une nouvelle loi a dû sortir. D’après le Daily China la Chine est "number one" dans le monde pour la paperasserie : un Chinois doit, au cours de sa vie, présenter à l’administration pas moins de 80 papiers ou certificats. Un handicapé à qui on demandait son certificat d’invalidité celui-ci du tac au tac a demandé à l’employé son certificat d’humanité... c’est vrai, c’est laborieux, à chaque hôtel, chaque banque, il faut remplir des tas de papiers, ça prend un temps fou. On y fait la queue comme à la Sécurité Sociale en France. Je n’ai rien fait par la suite sinon quelques courses dans le quartier. Impossible de trouver un journal en anglais. Alors je reste à l’hôtel travailler cette fois les verbes résultatifs, c’est intéressant et je zappe sur la TV.

 

Samedi  22  août                                               Canton           

Jour  61

Le départ approche, je suis très excitée. Je dois penser très sérieusement comment rejoindre l’aéroport de Hong Kong... J’ai repéré un hôtel pas loin, qui sert des petits déjeuners continentaux ce qui me remplit de joie car je suis un peu tendue, tout ce qui ne me convient pas m’agace aussitôt et je ne peux lutter contre ces sentiments négatifs qui me font honte après coup. Je mets ça sur le compte de mon relâchement qui suit la fin de mon parcours. Je suis dans l’esprit du retour, et mes normes ont déjà basculé sur le mode occidental. Il est vrai que la fatigue s’exprime dans cet agacement alors que j’aurais trouvé les contrariétés pittoresques il y a quelques jours encore.

 

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 Après bien des recherches je trouve un billet de car qui me conduit directement de Canton à l’aéroport de Hong Kong, c’est inespéré. C’est l’hôtel Marriott qui organise ce trajet, c’est très cher mais il faut parfois savoir faire les bons choix.  Je peux ainsi rester à Canton tranquillement jusqu’au but et ne pas avoir à galérer encore à Hong Kong avec mes bagages. J’ai flâné dans les galeries du Marriott, ce ne sont que des produits occidentaux qui sont proposés dans leurs boutiques de luxe.

Il y a entre mon hôtel et la gare une galerie marchande souterraine où il fait bien frais (c’est comme à Montréal, mais là-bas, c'est pour lutter contre le froid) et où on vend des fringues sur des kilomètres. Il y a sûrement de bonnes affaires à faire, je n’ai pas la tête à ça, je n’arrive même pas à trouver quelque chose de sympa pour mes enfants, aussi je retourne à l’hôtel. J’en ai trop vu et trop faitA présent j’ai l’énergie d’une moule sur son rocher.

 

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Devant le supermarché de mon quartier, des cuisines ambulantes s’installent tous les soirs et les gens viennent acheter leur repas du soir, du riz ou des nouilles  avec des légumes et un œuf frit sautés dans un wok plein d’huile, mais c’est délicieux. Parfois je les vois partir en courant poussant à toute allure leurs cuisines ambulantes pour se cacher dans les rues voisines. J’imagine que leur commerce est interdit et que quelqu’un les prévient de l’arrivée de la police qui doit sûrement confisquer leur matériel. Ce qui est un drame humain, car ils n’ont ensuite plus rien, toutes leurs économies sont passées dans l’achat de leur matériel.

 

 

Dimanche 23   août                                              Canton           

Jour  62

Encore une journée à ne rien faire de spécial, je culpabilise un peu, je devrais visiter la ville mais je n’ai plus envie. Le voyage est terminé et je profite de ces deux derniers jours pour écouter la télévision. Justement, en ce moment on passe « Les 3 royaumes » le film de John Woo que j’ai vu cet hiver avec Dom à Paris.

J’adopte la technique du chat à faire des cercles de plus en plus larges autour de l’hôtel. Il y a dans le quartier de la gare, l’équivalent du Sentier à  Paris. Ce ne sont que des fringues dans tous les immeubles ainsi que sous terre. Impossible de trouver une autre marchandise. J’ai dû faire une vingtaine de boutiques de thé pour trouver du Babaocha (thé aux 8 trésors) pour compléter ma collection mais impossible d’en trouver jusqu’à ce qu’un vendeur m’explique que cela s’achète en pharmacie. J’en trouve effectivement à la première que je croise.

 

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Il fait bien plus chaud ici que dans le Xinjiang, c’est insupportable. Je suis fatiguée, j’en ai assez de la Chine et la Chine m’a assez vue. Il est temps de se séparer. Il me reste un dernier voyage à faire demain et je retrouverai la France, une bonne alimentation, les amis, les enfants, je vais pouvoir reparler français, taper sur des claviers où figurent les accents, lire mon courrier et, plus tard faire le bilan de ce voyage démentiel  qui ressemble plus à une fuite en avant qu’à un voyage culturel. Il ne m’est rien arrivé d’extraordinaire mais une accumulation de petits riens qui rendaient chaque jour intéressant même si c’était parfois difficile. Je me suis rendue compte que j’étais parfaitement capable d’agir seule grâce à mon petit bagage de chinois qui m’a sortie souvent de situations compliquées mais surtout de pouvoir déchiffrer les pancartes pour m’orienter, sans lui cela aurait été bien plus difficile.

 

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Je prends le car pour Hong Kong à 17 heures, l’avion décolle à 00 h 10. Pour un voyage de plus de 25 heures (11 h d’attente à Dubaï que je visiterai, mais ça c’est déjà une autre histoire).

Mon récit s’achève ici. J’espère avoir éveillé votre curiosité  malgré les faiblesses de mon récit. J’espère surtout  avoir balayé quelques idées reçues sur ce pays étonnant. Je me suis  sentie partout en sécurité, même au Xinjiang. C’est le peuple le plus gentil de la terre. Je parle du peuple, des petites gens, des classes moyennes….

Les milliardaires, ceux qui tiennent l’économie, les triades, les politiques, toute cette classe  corrompue, ceux-là, je ne les ai jamais croisés.

                                                                                                FIN